Claude Julien a rendu visite à un ophtalmologiste après le match de ses Bruins, samedi, à Uniondale. Et ce n'était pas simplement pour s'assurer qu'il n'avait pas la berlue. Qu'il venait bel et bien d'être témoin d'une victoire de 6-0, une huitième consécutive pour les Bruins.

«Rien de grave. Une petite égratignure sur la cornée», explique Claude Julien.

L'entraîneur-chef des Bruins rit au bout du fil lorsqu'on lui demande à la porte de quel spécialiste il a frappé pour soigner la migraine qui affligeait son club plus tôt en saison. Une migraine «lancinante et pénible» qui embourbait les Bruins dans une fiche de trois victoires et sept revers. Après 10 matchs, les Bruins s'étaient contentés de 22 buts. Ils en ont marqué 36 depuis le début de leur poussée victorieuse.

«Les défaites ont fini par réveiller l'équipe. Particulièrement les deux de suite contre Montréal. Après ces revers - 2-1 à Boston et 4-2 à Montréal -, les gars se sont pris en main. Ils ont réalisé qu'on était en train de creuser un trou duquel on aurait eu bien de la misère à sortir. Personne ne voulait reconnaître que les contrecoups des célébrations de la Coupe nous ralentissaient. Mais c'était le cas.  L'intensité n'était pas là. Lors des matchs, lors des entraînements, dans le vestiaire. On s'est dit qu'il fallait être sortis de ce trou à la Thanksgiving (jeudi). On y est arrivés. On joue bien parce qu'on travaille. Il n'y a pas de secret derrière les succès des Bruins. Le talent c'est bien, mais c'est le travail qui le met en évidence», assure Julien.

Après des matchs «faciles» contre des Hurricanes et des Rangers amorphes, le Canadien et ses partisans doivent donc s'attendre à plus d'opposition ce soir au Centre Bell.

Surtout que les Bruins ont bien sagement décidé de passer la nuit de samedi à Uniondale et de s'y entrainer hier matin avant de mettre le cap vers le nord. Les joueurs ont ainsi échappé aux charmes du centre-ville de Montréal. Des charmes décuplés un samedi soir.

«Il y a bien des choses à faire le dimanche aussi, mais j'espère que les gars iront seulement à la messe...», lance Claude Julien, qui a souvent profité, à titre d'entraîneur-chef du Canadien, de la complicité des charmes de Montréal quand venait le temps de mettre du plomb dans les patins des adversaires du Tricolore.

Photo: AP

Les Bruins ont blanchi les Islanders 6-0 samedi.

Rumeurs de congédiement

La migraine de la Coupe Stanley qui affligeait les Bruins a donné bien des maux de tête à Claude Julien.

Au centre de plusieurs rumeurs de congédiement l'an dernier, Julien a survécu aux sautes d'humeur de son président, Cam Neely, en raison de l'appui indéfectible de son directeur général, Peter Chiarelli. Chiarelli aurait toutefois été incapable de contenir son président après une élimination aux mains du Canadien en première ronde.

Passé à un but en prolongation du couperet, Claude Julien s'est rendu à la Coupe Stanley, que les Bruins ont rapatriée à Boston après une absence de 39 ans. Malgré cette première conquête depuis le printemps 1972, le début de saison difficile de son équipe a ravivé les rumeurs de congédiement.

Les récents succès les ont étouffées.

Ces rumeurs n'atteignent plus Claude Julien. D'abord parce qu'elles sont courantes dans une ville comme Boston, où le sport est roi et où la passion et l'impatience des amateurs et des journalistes sont en tous points semblables à celles qu'il a connues à Montréal. Mais aussi parce que lorsqu'un entraîneur est congédié à trois matchs des séries alors que son équipe affiche 102 points, comme c'est arrivé à Julien au printemps 2007 au New Jersey, il faut plus que des rumeurs de congédiement pour lui donner la migraine. De plus, même s'il n'est pas «l'homme» de Cam Neely, Julien profite d'une réputation qui l'assurerait rapidement d'un autre emploi si la passion qui bout dans les veines du grand patron des Bruins devait prendre le dessus sur la raison.

Ça aide à résorber les migraines...

Unités spéciales: volte-face impressionnante

Simple hasard ou conséquence d'un changement important ou opportun? Allez savoir!

Mais les unités spéciales du Canadien ont littéralement explosé à la suite du congédiement de Perry Pearn le 26 octobre dernier. Avant cette rencontre contre les Flyers de Philadelphie, le Canadien s'était contenté de trois buts en 32 attaques massives (9,4%). En 35 désavantages, le Tricolore avait été victime de sept buts (80%). Dans la LNH, le seuil de respectabilité des unités spéciales est déterminé par la somme des taux d'efficacité en avantage et désavantage numérique. À 89,4, le Tricolore était donc très loin de la barre de la respectabilité. Depuis que Randy Cunneyworth a pris les rênes de l'attaque à cinq et que Randy Ladouceur a succédé à Pearn pour s'occuper de l'unité défensive, le Canadien a marqué neuf buts en 46 occasions (19,5%). L'amélioration en désavantage numérique est plus spectaculaire encore. Samedi, contre New York, le Canadien a écoulé les trois attaques massives des Rangers. C'était le septième match parfait de suite du Tricolore (24 en 24). Depuis le 26 octobre, le Canadien n'a concédé que deux buts en 49 infériorités (95,9%). Des statistiques éloquentes qui donnent au Tricolore un niveau d'efficacité combiné de 115,4 au niveau des unités spéciales.

Les stratégies sont les mêmes autant en attaque massive qu'en infériorité numérique. Mais si la tendance se maintient, il faudra conclure que Cunneyworth et Ladouceur sont, du moins en partie, responsables de cette volte-face impressionnante et que Pierre Gauthier a réussi bien plus qu'un coup d'éclat en retirant Perry Pearn de l'arrière du banc.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Claude Julien