Confiné à la ruelle, il y a un mois à peine, en raison d'une guerre de procédures dont lui et une trentaine d'autres jeunes du secteur Centre-Sud étaient les victimes innocentes, Arthur Marois a finalement amorcé sa saison de hockey, hier.

Patins aux pieds, casque sur la tête, équipement recouvert par le chandail des Blackhawks, le petit Arthur et ses coéquipiers affrontaient à 19h30 le club HSO (hockey Sud-Ouest) à l'aréna Gadbois.

Qui a gagné? Qui a perdu?

Le résultat importe peu. Beaucoup moins en tout cas que le plaisir de jouer que le petit Arthur recherchait lorsque lui et ses parents ont pris la décision de tourner le dos au hockey élite pour demeurer dans le hockey récréatif.

Un crime de lèse-majesté dans le petit monde du hockey mineur où des dirigeants zélés font malheureusement parfois passer leurs grands principes avant le bonheur des enfants qu'ils sont censés appuyer. Et non emprisonner.

Et vous savez quoi? Initialement suspendu pour avoir osé tenir tête aux bonzes de Hockey-Montréal et à leur code de procédure, le petit Arthur a finalement été aiguillé vers le pee-wee A. Tout simplement. Après une vérification rapide de ses aptitudes, il n'était soudainement plus question de lui forcer la main pour jouer dans les doubles lettres. Encore moins de le faire grimper dans le bantam où ses coéquipiers et/ou adversaires auraient eu deux ou trois ans de plus que lui.

Loin de la coupe aux lèvres...

Mais attention! Si la loi du gros bon sens a permis au petit Arthur et à ses coéquipiers de sortir sains et saufs de cette guerre de procédures, il en va tout autrement pour les plus vieux des niveaux bantam et midget.

Parce que 21 joueurs de niveau midget n'ont pas encore été évalués, le début de saison de l'équipe du secteur Centre-Sud est retardé. Pour combien de temps? «Personne ne le sait vraiment. Ils (les dirigeants de Hockey-Montréal) m'ont dit de composer deux équipes A. Je veux bien. Mais je n'ai pas assez de joueurs de ce calibre pour y arriver», a lancé Michel Godin, responsable du hockey mineur dans le secteur Centre-Sud.

Plus bête encore, deux jeunes de niveau bantam sont encore dans les limbes parce que Hockey-Montréal tient à rencontrer leurs parents pour les inviter à joindre les rangs d'un club deux lettres. Tout ça est bien beau, mais les joueurs en question ont déjà été «coupés» par les entraîneurs de l'équipe en question.

«Ils ont hâte d'être libérés officiellement et moi aussi, car nous avons besoin d'eux», d'ajouter Michel Godin.

Comme quoi, en matière de procédures, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Mais il y a de l'espoir. Les remous entourant le début de saison dans le hockey mineur à Montréal ont ouvert des yeux et des oreilles dans les bureaux de l'arrondissement Ville-Marie et dans ceux de la ville centre.

«Des gens ont posé des questions et j'ai bien l'impression que la Ville et l'Arrondissement s'appliqueront à éviter que pareil vaudeville ne se répète pas l'an prochain. De notre côté, on va voir s'il ne serait pas possible d'attirer plus de jeunes - ils sont 250 à peine dans Centre-Sud - au hockey en jouant du quatre contre quatre en temps continu. Plusieurs projets sont sur la table», a pour sa part mentionné José Rebelo, directeur général de l'Association sportive et communautaire Centre-Sud.

Pourvu que ces fonctionnaires ne viennent pas compliquer davantage les choses...

Cherry s'est trompé de cible

Si le petit Arthur est sorti de la ruelle, Don Cherry s'y retrouve une fois encore. Et quelle ironie de voir ses disciples d'hier lui brandir aujourd'hui le poing au visage. Un poing dont les jointures pourraient bientôt être remplacées par différents «attendu que» dans le cadre d'une poursuite judiciaire intentée par Chris Nilan, Stu Grimson et Jim Thomson. Trois hommes forts que Cherry a toujours adulés avant de les traiter de pleutres, jeudi dernier.

«Cette fois, Don n'a pas choisi les bonnes cibles. Il s'en est toujours bien tiré en traitant les Québécois qui portaient des visières de peureux et les Européens de voleurs de jobs. Mais là, il a affaire à des gars qui ne reculeront pas. Il y a des limites et il les a atteintes», a déclaré Chris Nilan lors d'un entretien avec La Presse.

Plus que les mots lancés par Cherry dans son attaque, ce sont ceux choisis dans le cadre de son simulacre d'excuse qui ont meurtri Nilan.

«C'était une comédie cette affaire-là. Une bien mauvaise comédie. Il s'est excusé à l'endroit des jeunes de nous avoir traités de vomissures. Pourtant, il ne s'est jamais gêné pour faire de l'argent à nos dépens en produisant sa série Rock'em, Sock'em qui mettait les bagarreurs en vedettes. Je ne sais pas s'il considère que ces vidéos sont de bons exemples à donner aux jeunes», a souligné Nilan.

À la CBC hier, les responsables de Hockey Night in Canada redirigeaient les questions reliées à Don Cherry au bureau des affaires publiques.

«La CBC s'est détachée des propos de M. Cherry et il n'y aura aucune autre conséquence. M. Cherry est un commentateur et non un journaliste. Nous ne pouvons donc l'astreindre aux mêmes règles», a indiqué M. Chuck Thompson, de la CBC, lorsque La Presse lui a demandé si des mesures disciplinaires seraient imposées dans cette histoire.

Cela dit, le fait d'être pris au collet par des bagarreurs représente déjà une forme directe de représailles à l'endroit de Cherry. S'il fallait en plus que ses héros Doug Gilmour ou Kirk Muller se tournent contre lui, Cherry serait peut-être réduit au silence. Peut-être...

Photo: André Pichette, La Presse

Le jeune Arthur Marois, qui devait pratiquer son sport favori dans la ruelle il y a à peine un mois, peut maintenant évoluer sur la patinoire... au niveau pee-wee A.