Scott Gomez sera meilleur cette année. C'est lui qui le dit. Il le dit souvent. Et vous savez quoi? Il est bien possible qu'il dise vrai.

Soyons francs: il faudrait faire exprès pour connaître une saison plus misérable que celle de l'an dernier: 7 buts et 38 points en 80 matchs bien comptés, c'est peu, très peu, trop peu aux yeux de tous ceux qui vivent au rythme du Tricolore. À commencer par le grand responsable lui-même. Trente-huit points, c'est surtout bien trop mince pour faire contrepoids au salaire de 8 millions qu'il a encaissé.

Mais cette année, le taux de rendement du plus haut salarié de l'équipe fluctuera à la hausse.

Pourquoi?

D'abord parce qu'il essuie une diminution salariale. Bon! Gomez ne se mettra pas à craindre des fins de mois difficiles avec les 7,5 millions qu'il touchera au cours des 185 jours que durera la saison. Oui, oui! Ça donne un salaire quotidien de 40 540,54$. Mais 500 000$, c'est quand même la moitié d'un million!

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Deuxièmement, Gomez répète que l'ascension du calvaire qui s'est dressé devant lui l'an dernier est complétée. Qu'il en est redescendu sain et sauf, qu'il a repris son souffle et qu'il est prêt à rembourser une partie de la dette qu'il a contractée auprès du Canadien, de ses coéquipiers et des partisans. Un remboursement au sens figuré bien sûr...

Combien de points suffiront?

Scott Gomez veut donc se racheter. On veut bien. On lui souhaite même. À dire vrai, il faudrait même lui donner l'occasion de se racheter en affichant un peu de patience. Et si cette patience est bafouée, on pourra alors réclamer l'entrée en scène de David Desharnais pour le remplacer.

Mais au fait: combien de buts Gomez devra-t-il marquer et de combien d'autres devra-t-il se faire le complice pour conclure qu'il s'est bel et bien racheté?

Si l'on considère que cinq saisons sont venues et reparties depuis qu'il a marqué 33 buts et amassé 80 points dans le cadre de sa meilleure campagne en carrière, on peut difficilement demander à Gomez de répéter l'exploit.

Peut-on espérer 70 points? Un plateau qu'il a atteint trois autres fois seulement depuis son entrée dans la LNH en 1999-2000.

Avis à ceux qui voient grand, ils pourraient être déçus. Croisé sur la galerie de presse de la place Banque Scotia, hier, un dépisteur professionnel a fait la moue lorsque La Presse lui a demandé si une production de 65 points de la part de Gomez était envisageable cette saison. «Passer de 38 points en 80 matchs à 65 points, c'est beaucoup. Une récolte de 50 à 55 points serait plus réaliste», a-t-il nuancé.

Même s'il évolue en compagnie de Max Pacioretty et de Brian Gionta? «Même avec Pacioretty et Gionta...», qu'il a répondu.

Sur les traces de Patrice Brisebois

Cinquante-cinq points satisferont-ils les partisans qui espéraient le voir partir au cours de l'été? Pas sûr! Vraiment pas sûr!

Avec une telle récolte, l'Américain que les partisans ont pris en grippe l'an dernier aura bien plus de chances de succéder à Patrice Brisebois à titre de souffre-douleur officiel du Tricolore que d'être pardonné.

Et lorsque tu hérites de ce titre et du bonnet d'âne qui l'accompagne, ce que tu fais de bon ne compte plus. Ou presque. Mais tout ce que tu fais de mal est encerclé en rouge.

Brisebois complétait des passes que la majorité de ses coéquipiers défenseurs ne pouvaient pas même tenter. Les neuf qui touchaient la cible faisaient rarement jaser. Celle qu'il ratait était, comme lui, marquée au fer rouge.

Québécois, francophones, émotif et un brin fragile, Brisebois a cassé sous le poids des critiques des journalistes qui ont donné le ton aux critiques des amateurs. Son départ pour le Colorado l'a sauvé.

Scott Gomez sait que ce rôle de souffre-douleur l'attend au détour. Mais parce qu'il a la couenne dure, il ne s'en fait pas trop.

«J'ai joué au New Jersey et à New York. Je me suis fait crier des choses que tu n'arriverais même pas à imaginer. J'ai toujours encaissé. Tu n'as pas ta place dans le sport professionnel si tu ne peux pas faire face aux critiques. Qu'elles viennent de vous, ou des fans. Les critiques les plus dures, elles viennent de mes coéquipiers. Je me suis crié des bêtises quelques fois l'an dernier. J'espère que personne ne croit que je suis content de mon année.»

Et l'argent: Scott Gomez sent-il qu'il est plus vulnérable aux critiques à cause des 51,5 millions - son contrat arrivera à échéance en 2014 - que Glen Sather lui a offerts pour traverser du New Jersey à Manhattan? De l'argent que Gomez n'a pas volé. De l'argent qui lui est tombé dessus dans la grande folie du marché des joueurs autonomes. De l'argent qu'il n'allait quand même pas refuser!

«L'argent, les critiques, la pression. Ça fait partie de ma vie. Je ne joue pas au hockey pour l'argent. J'en ai reçu beaucoup. Oui! Mais ce n'est pas au fric que je pense quand je saute sur la glace. C'est à la victoire. Si on gagne et que je fais ma part dans la victoire, les critiques me laisseront indifférent», assure Gomez.

Il n'est toutefois pas acquis que ceux qui alimentent les critiques le laisseront tranquille.