Dans un an, le Québec pourra-t-il mettre derrière lui cet épisode d'austérité dans lequel nous a plongés le gouvernement libéral? Aurons-nous atteint le fameux déficit zéro, une étape qui nous permettra enfin de cesser de parler de compressions budgétaires?

Une partie de la réponse se trouve dans le dernier rapport mensuel des opérations financières, rendu public hier. Le rapport donne le portrait des finances publiques pour les mois d'avril à juin 2015, soit le premier trimestre de l'année du déficit zéro.

Le rapport recèle de bonnes et de mauvaises nouvelles. D'abord, mauvaise nouvelle: le premier trimestre se termine par un déficit de 675 millions. À ce rythme, le gouvernement du Québec se dirigerait vers un déficit de 2,7 milliards de dollars pour l'année entière, très loin du chiffre magique de zéro.

Il faut être toutefois très prudent avec ce genre d'extrapolations linéaires. Historiquement, le premier trimestre a été généralement très déficitaire, «puisque des sommes plus importantes sont utilisées par les ministères», précise le rapport.

Lors d'une téléconférence, Carlos Leitao s'est plutôt dit très encouragé. Le ministre des Finances note qu'il s'agit du plus petit déficit au premier trimestre depuis l'exercice 2006-2007, il y a neuf ans. Il se dit confiant d'atteindre le zéro magique et croit donc que les mois à venir seront globalement en surplus.

De fait, après vérification, le déficit trimestriel est significativement moindre que celui des mêmes trimestres des années passées. L'an dernier, il avait été de 1,3 milliard et l'année précédente, de 1,8 milliard. Au cours des sept dernières années, le déficit du premier trimestre a été de près de 1,5 milliard, en moyenne, plus de deux fois le déficit de cette année.

La partie n'est pas gagnée pour autant. En effet, dans le contexte de récession technique de la première moitié de 2015, les finances publiques ont été sous pression. En additionnant les déficits mensuels entre janvier et juin 2015, on obtient un déficit semestriel de 1,5 milliard.

Ce chiffre à l'encre rouge n'est pas de bon augure, bien qu'il soit inférieur à la moyenne des dernières années pour la même période. Depuis 2008, seule 2011 avait enregistré un semestre moins rouge (1,1 milliard), les autres oscillant autour de 1,9 milliard. Voilà donc pour la tendance.

Maintenant, comment se décomposent les chiffres du premier trimestre de l'exercice gouvernemental, d'avril à juin 2015?

D'abord, le rapport nous indique que Martin Coiteux continue d'exercer un contrôle serré, puisque les dépenses de programme (santé, éducation, etc.) sont en hausse de seulement 1,1%, soit moins que l'objectif annuel de 1,2%. Ensuite, le service de la dette est en baisse de 4,1%, grâce à des taux d'intérêt plus favorables que prévu. La combinaison de ces deux postes donne une augmentation globale des dépenses de 0,6%, deux fois moins que la cible annuelle de 1,2%.

Quatre des cinq postes de dépenses de programme sont en baisse au premier trimestre par rapport à l'an dernier. Les budgets de l'éducation (-1,5%), de la justice (-7,1%), du soutien aux personnes (-7,1%) et de l'économie (-0,2%) compensent pour la santé, en hausse de 4,5%.

Du côté des revenus, la hausse prévue - jugée relativement optimiste - n'est pas au rendez-vous, ce qui s'explique en partie par la récession technique. Les revenus autonomes sont en hausse de 3,8%, alors que la cible annuelle est de 5,1%.

Parmi les postes de revenus fortement en hausse, mentionnons les recettes de taxes à la consommation (+7,9%), de même que celles de l'impôt des sociétés (+34%), un poste plus volatil. Les revenus tirés de l'impôt des particuliers sont par contre en baisse de 1,3% au premier trimestre.

Carlos Leitao juge désormais fort peu probable que l'économie du Québec croîtra au rythme annuel de 2% en 2015, tel que prévu au budget. Il estime que la réalité s'approchera plutôt du consensus actuel des économistes (entre 1,3% et 1,7%).

Fait à préciser, le déficit de 675 millions du premier trimestre est le solde au sens de la Loi sur l'équilibre budgétaire. Cette définition est celle qui est la plus largement véhiculée, mais elle englobe des versements au Fonds des générations, qui sert au remboursement de la dette. Sans les versements au Fonds, le déficit du trimestre serait plutôt de 340 millions, soit trois fois moins que l'an dernier.

Labyrinthe et décès

À la suite de ma chronique sur le labyrinthe des services publics, certains m'ont fait part de leurs mésaventures, notamment concernant les décès.

«Essayez de régler une succession au Québec, m'écrit Yvon-Charles Beaudet. Il vous faut des documents originaux en multiples copies toutes autographiées d'un notaire et avec des frais incommensurables pour des photocopies. Un an plus tard, chaque palier de gouvernement (provincial et fédéral) a nos multiples copies d'actes de décès, testament, reddition de comptes, etc. Et ce n'est pas fini: il vous faut une quittance et le Québec prend au moins 90 jours pour l'analyse et Ottawa, 120 jours. C'est seulement après que vous pourrez distribuer l'héritage de votre parent défunt...»