Thierry Vandal a dû faire face à une profonde transformation du marché de l'énergie durant son règne et à des exigences sans cesse grandissantes de son seul actionnaire, le gouvernement du Québec.

Rappelez-vous, en 2005. Hydro-Québec ne disposait plus d'aucun surplus pour son marché intérieur et l'on s'interrogeait sur l'assèchement des réservoirs.

Pour remédier à la situation, la société d'État avait signé une coûteuse entente avec TransCanada Énergie pour l'achat d'électricité produite avec du gaz naturel, à Bécancour. Au même moment, le gouvernement du Québec a ouvert la porte aux éoliennes, obligeant Hydro à acheter, à gros prix, une quantité de plus en plus importante de cette énergie tirée du vent.

Ces décisions pouvaient être justifiables, à l'époque, compte tenu des prix élevés de l'énergie mondiale. Quand Thierry Vandal a pris la barre d'Hydro, en 2005, le prix de l'électricité exportée par la société d'État était à un sommet, à 9,72 cents le kilowattheure. La stratégie d'Hydro et du gouvernement était alors de construire de nouvelles centrales (Eastmain, La Romaine, La Sarcelle) et de tirer profit de ce juteux marché d'exportation.

Or, la suite de l'histoire a été très différente de ce qui avait été prévu, et le défi de Thierry Vandal est devenu plus grand. La crise financière de 2008 a fait dégringoler la demande aux États-Unis, ce qui a provoqué une chute des prix. En parallèle, les Américains ont découvert et exploité d'incroyables gisements de pétrole et de gaz de schiste, rendant l'électricité d'Hydro moins alléchante.

De 9,05 cents le kilowattheure en 2007, le prix à l'exportation s'est effondré jusqu'à 3,9 cents en 2012 sans plus jamais approcher les sommets précédents. Bye bye profits faciles!

Pendant ce temps, les éoliennes se sont mises à envahir nos campagnes. La production a été multipliée par sept entre 2009 et 2014. Et d'ici cinq ans s'ajouteront environ 5 térawattheures (TWh) à la production, qui atteindra 12,2 TWh.

Le bouleversement du marché et l'obligation d'Hydro d'acheter l'énergie éolienne a eu pour effet de multiplier les surplus d'énergie. Hydro n'a donc finalement jamais eu besoin de l'énergie de TransCanada et les consommateurs paieront, d'ici 2021, entre 680 millions et 1,2 milliard de trop chaque année pour leur électricité.

À ce contexte difficile pour Thierry Vandal s'ajoutent les exigences grandissantes du gouvernement pour sa vache à lait. Chaque année, déficit zéro oblige, le gouvernement du Québec demande plus d'argent à sa société d'État, la forçant à faire des coupes dans son personnel, entre autres.

Au début du règne de Thierry Vandal, en 2005, Hydro a réalisé des profits de 2,1 milliards. Or, cette année, ce sont 3,1 milliards qui sont attendus d'Hydro-Québec, en plus des 660 millions de redevances hydrauliques versées dans le Fonds des générations. En somme, la contribution d'Hydro à l'équilibre budgétaire a augmenté de 1,7 milliard pendant les 10 ans de Thierry Vandal.

Dans le contexte de l'élaboration d'une nouvelle politique énergétique par le gouvernement d'ici la fin de l'année, où il sera encore question des éoliennes, Thierry Vandal a préféré tirer sa révérence.

Au moins, l'homme ne partira pas les mains vides. Thierry Vandal est l'un des derniers patrons de sociétés d'État au Québec à disposer d'une clause bonbon. En vertu de son contrat, en effet, il touchera une «indemnité de départ» même s'il quitte son poste de PDG de son plein gré, que ce soit pour des raisons personnelles ou pour travailler chez un concurrent. Comme cette indemnité équivaut à 12 mois de salaire, Thierry Vandal touchera environ 452 000$.