Le matin, c'est comme ça, je suis de la vieille école, la première chose que je fais en me levant, c'est de prendre deux secondes pour remercier Dieu d'être encore de ce monde.

La deuxième, c'est de courir aux nouvelles : RDI, CNN, BBC World, tout y passe. Je suis curieux de tout. Ma priorité : m'informer si quelque part une partie de la planète n'est pas en train de sauter.

Vendredi matin, en ouvrant la télé, l'image de Pat Burns apparaît. Et derrière cette image, une voix annonce que le bon Pat souffre d'un cancer incurable aux poumons.

Je suis secoué. Je zappe à CKAC. Qui est au micro? Pat Burns. Il est en beau fusil. Il avise les journalistes de ne plus lui téléphoner parce qu'il ne prendra même pas la peine de leur répondre. Burns prétend que les médias ont repris une vieille nouvelle. Il dit en avoir assez de les voir s'infiltrer dans sa vie privée. Il les accuse de faire du sensationnalisme, d'être prêts à publier n'importe quoi pour faire vendre de la copie...

Et il ajoute : «Je ne veux pas que les gens me prennent en pitié. Mon cas n'est pas différent de celui de milliers de gens qui ont aussi à lutter contre un cancer. Les journalistes qui ont sorti ça, ce sont des mangeux de...»

«Des mangeux de marde, Pat. D'accord avec toi, c'est bas en maudit.»

Ça, c'est la voix de Gabriel Grégoire, le plus rigolo de tous.

J'appelle Mathias sur-le-champ.

«Nous n'avons fait que reprendre l'article paru il y a deux jours dans The Star Ledger et dans lequel Pat Burns se confie au journaliste Rich Chere.»

Dans l'article en question, Burns avoue avoir perdu 57 livres en raison d'un cancer incurable aux poumons, le troisième à le ronger. Cette fois, il a choisi de ne pas recourir à de nouveaux traitements.

«Les traitements, c'est terminé. Ça ne changerait pas grand-chose. Vraiment, ça ne s'améliore pas et la maladie progresse toujours. Je n'abandonne pas, il n'y a plus rien à faire. Ce n'est plus qu'une question de temps.»

Bon, c'est encore plus triste à dire dans les circonstances, mais si Pat Burns ne voulait pas que son état de santé actuel soit connu du public, il n'avait qu'à ne pas accorder d'entrevue à Rich Chere.

«Je connais bien Chere, a expliqué Burns. Il y a quelques années, son épouse a dû lutter contre un cancer à un sein et il était venu me demander des conseils. En début de semaine, quand il s'est informé de ma santé, je ne pensais jamais qu'il sortirait ça dans les journaux.»

Pat Burns aurait dû mieux savoir. S'il ne voulait pas que la triste nouvelle se répande, il n'avait qu'à se taire. Ou qu'à dire à Chere de ne rien publier de ce qu'il lui racontait. Piégé ou pas, à partir du moment où l'histoire se confirme, il fallait s'attendre à ce que les médias et les réseaux de télévision reprennent la nouvelle dès le lendemain. Un réflexe est normal. Pat Burns est un personnage public.

Bon, que Pat Burns s'insurge, je peux comprendre. Qu'il accuse tout le monde à tort, je peux fort bien comprendre aussi. Nous aimons tous Pat. Et nous souffrons tous avec lui.

Mais qu'un ancien joueur de football vienne donner en ondes de grossières leçons de journalisme à La Presse, aux gens de RDI, au Québec journalistique tout entier, c'est comme trop.

Je sais, «c'est juste du sport», mais des fois on devrait demander à Gabriel Grégoire de réfléchir un peu avant de parler.

Il serait moins drôle, ça c'est certain.

Mais à coup sûr il ferait un peu moins ti-clin.

***

Malgré la défaite en tirs de barrage, bon match du Canadien, vendredi, face aux Bruins.

Halak a été bon, Gomez et Sergei aussi.

Chez le Canadien, il reste encore beaucoup de petits détails à peaufiner mais on sent de plus en plus l'emprise de Jacques Martin sur l'équipe.

Mais on verra. Il est encore bien tôt.