Le cours du baril de pétrole a légèrement reculé hier, mais personne n'est dupe. Les prix à la pompe vont rester élevés, même après la fin de l'été. Québec a donc raison d'encourager les sociétés de transport à améliorer leur offre pour la rentrée. C'est la meilleure intervention que le gouvernement puisse faire à court terme.

Nous avons encore très peu de détails sur cette initiative, dévoilée hier par notre collègue François Cardinal. On ignore encore quels trajets seront bonifiés et combien tout cela coûtera. Mais le gouvernement Charest, qui avait déjà promis d'investir 4,5 milliards dans les transports en commun d'ici 2012, semble déterminé à se commettre dès l'automne.

Tant mieux. Le train, l'autobus et le métro sont des infrastructures essentielles, au même titre que les ponts et les autoroutes. Mais pour des raisons obscures, ils ont toujours été considérés ici comme des services de second choix, destinés à ceux qui, justement, n'ont pas d'autre choix. Les prix de l'essence sont en train de changer la donne. Au moment où vous lisez ces lignes, des milliers d'automobilistes se demandent comment ils pourraient s'organiser autrement à la rentrée. Encore faut-il pouvoir les accueillir.

Rappelons que c'est le député péquiste Camil Bouchard qui en a parlé le premier à la fin mai, en réclamant un débat d'urgence à l'Assemblée nationale. Une famille de banlieue qui utilise deux autos pour se rendre sur l'île dépense 3000$ de plus en essence qu'en 2001, a-t-il calculé. De quoi faire réfléchir bien des gens.

Reste à voir ce qui peut être fait rapidement. L'Agence métropolitaine de transport (AMT) ne devrait pas avoir trop de problème à louer des locomotives et des wagons supplémentaires au New Jersey, mais pour les mettre sur les rails, il faudra l'accord du CN et du CP. Ce n'est pas fait. Québec devra sans doute peser un peu dans la balance.

Il sera sans doute plus facile pour les sociétés de transport de Laval et de Longueuil d'augmenter les fréquences de leurs liaisons existantes.

Il faut cependant être conscient que ces nouveaux passagers n'arriveront pas tous directement à destination. Une partie d'entre eux compléteront leur trajet avec le réseau de la STM. Or, celui-ci est déjà pratiquement saturé à l'heure de pointe. La fréquence de passage des métros est à son maximum et les autobus sont tous sur la route. Et on ne peut pas compter sur l'arrivée de nouveaux véhicules, car les 410 autobus qui seront livrés au cours des prochaines années viendront remplacer les modèles défectueux.

L'accroissement de service devra donc être coordonné avec soin, et ajusté au besoin, pour ne pas rendre les transports sur l'île plus pénibles qu'ils ne le sont déjà. Les Montréalais, ne l'oublions pas, n'ont pas eu droit à des opérations de charme comme celles de la Société de transport de Laval, qui a réduit ses tarifs et offert toutes sortes de rabais. Au cours des dernières années, ils ont plutôt dû payer de plus en plus cher pour voyager dans des wagons et des autobus de plus en plus bondés. Il faudrait voir à ne pas les irriter davantage.

Il serait souhaitable que les entreprises fassent un bout de chemin elles aussi, en encourageant le covoiturage et en permettant à leurs employés de travailler de chez eux lorsque c'est possible.