La plupart des gens pensent que l'hiver, c'est l'enfer pour les personnes handicapées. C'est vrai que nous rencontrons des obstacles additionnels causés par la nature. Mais ces obstacles, ils sont bien superficiels lorsqu'on les compare aux obstacles causés par l'humain, obstacles que nous rencontrons 365 jours par année.

L'hiver est venu chambouler la vie de milliers de personnes handicapées qui dépendent du transport adapté pour se déplacer. Récemment, la STM a massivement annulé des déplacements pendant plus de trois jours. Si le transport adapté a autant de mal à survivre à une bordée de neige, c'est parce qu'il lui en faut peu pour glisser et se retrouver sur le derrière.

Selon la STM, se rendre à un rendez-vous à la banque pour un prêt hypothécaire ou encore faire l'épicerie sont des loisirs. Si vous travaillez à votre compte comme technicien en informatique et que vous vous rendez dans des résidences privées, votre travail est en fait un pur loisir. «Réparer un ordinateur n'est pas un travail, monsieur» s'était fait répondre mon ami Julien, ingénieur junior en informatique diplômé de Polytechnique.

Il y a deux semaines, la STM a cru bon annuler tous les déplacements «loisirs» à 13h la veille d'une tempête de neige annoncée par Environnement Canada. Quelques heures plus tard, les prévisions ont changé (surprise?). Alors que les commissions scolaires attendent le petit matin avant de décider si les écoles seront fermées, la STM se permet d'annuler massivement des déplacements à 13h la veille.

À plusieurs reprises chaque hiver, la STM choisit d'assigner à résidence des milliers de personnes handicapées pour moins d'une dizaine de centimètres de neige ou quelques millimètres de verglas. Les assignations à résidence ne sont-elles pas, en principe, réservées aux gens ayant été reconnus coupables de crimes selon nos lois?

On pourrait facilement penser que l'Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) existe pour s'assurer que les droits des personnes handicapées soient respectés. On pourrait facilement penser qu'elle ferait tout en son pouvoir pour assurer l'accès au transport adapté et au transport régulier.

Toutefois, l'OPHQ joue actuellement à l'autruche et ne veille pas au respect de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale.

Dans son bulletin de décembre, l'OPHQ a affirmé que le non-respect des engagements de la STM pourrait nuire à la mobilité des personnes handicapées. Pourrait nuire. Vous avez bien lu. Il faudrait plutôt dire que l'inaccessibilité du métro nuit absolument à la mobilité des personnes handicapées.

L'OPHQ a choisi de sauver sa peau et s'est même permis de souligner les efforts de la STM, et ce, pendant que des milliers de personnes handicapées voient leurs droits fondamentaux brimés par l'inaccessibilité des transports en commun.

Le 8 décembre dernier, j'étais du groupe de 11 personnes handicapées ayant déposé des plaintes pour discrimination fondée sur le handicap à la Commission des droits de la personne contre la STM. Depuis ce temps, de nombreuses personnes se sont ajoutées. Ce n'est qu'un début.

Assignés à résidence, nous nous préparons à obtenir le droit à des hivers vraiment blancs. Heureux d'un hiver. Heureux des quatre saisons. Ça viendra, j'en suis convaincue.