Il y a quelques jours, en marchant vers mon domicile alors que l'après-midi commence à décliner, un de mes voisins vient à ma rencontre et me demande, d'un ton quelque peu bouleversé, si je suis au courant de ce qui se déroule en ce moment dans l'immeuble où nous habitons.

C'est alors qu'il me relate qu'un des locataires se serait barricadé dans son appartement et, selon certaines sources, serait peut-être armé. Nous nous approchons tranquillement du périmètre de sécurité où une jeune policière m'expose approximativement les même faits.

Rentrée plus tard que prévu, mon téléphone portable ainsi que mon argent sont restés bien sagement à la maison. Donc, en quelque sorte, je me sens réfugiée de la rue avec seulement 16 sous en poche et pas de téléphone.

Donc, au hasard, je me mets en quête d'un portable. Finalement, une passante, intriguée par la présence de nombreuses voitures de patrouille, accepte de me prêter son téléphone pour contacter un membre de ma famille dont la boîte vocale reçoit mon message peu habituel.

Au soleil couchant, je prends la décision de rester sur les lieux de l'événement, mais je commence à ressentir la baisse graduelle de la température.

De nouveau, je m'adresse à la jeune policière, une des responsables du périmètre de sécurité, si elle pourrait me prêter une veste, car je viens à peine de surmonter une vilain rhume.

La jeune policière en devoir m'offre plutôt d'aller me réchauffer à l'arrière de sa voiture de fonction où elle m'installe confortablement avec de la musique et la fenêtre ouverte. De temps à autre, elle s'approche pour me rassurer sur le déroulement des opérations. Des voisins viennent également me taquiner en me demandant pourquoi on m'emmène en prison.

Une bonne heure plus tard, tenaillée par l'envie et la faim, la jeune policière me rend ma liberté et une voisine, qui me salue régulièrement d'un bonjour chaleureux, m'accueille avec hospitalité dans sa maison où elle me permet de me mettre à mon aise pour quelque temps.

En gravissant les marches d'escalier de sa demeure, je retrouve, assise sur le balcon, une dame âgée du même immeuble où j'habite, pareillement recueillie par cette voisine au grand coeur vivant seule avec sa fille de 17 ans.

Vers 22h, l'escouade policière décide d'évacuer tous les locataires restés dans l'immeuble. Une autre voisine, récemment évacuée, offre de m'accompagner au dépanneur pour acheter de quoi manger. Je n'ai que 16 sous. Pas de problème: elle me dépannera pour remplir le creux dans mon estomac.

Aux alentours de 23h, un autobus de la STM est mis à la disposition des locataires privés de logement afin d'y passer la nuit advenant que les opérations policières se prolongent davantage. L'autobus étant plutôt froid et humide, la plupart des locataires décident de revenir auprès du périmètre de sécurité où d'autres voisins de notre immeuble témoignent des élans, peu communs, de solidarité manifestés par certains résidants de notre rue qui leur ont offert du café chaud, de quoi manger et se vêtir.

Enfin, peu après minuit, les opérations policières se sont conclues avec succès et surtout, sans effusion de sang.

Voilà pourquoi nous devons exprimer toute notre gratitude envers ces gens qui nous viennent en aide, lors de tels événements majeurs, pour tous ces élans de solidarité trop souvent ignorés!