Je suis une Montréalaise diplômée en médecine depuis quelques mois seulement et j'ai été agréablement surprise par les propos du Dr Yves Lamontagne à l'occasion de son départ du Collège des médecins.

Je suis une Montréalaise diplômée en médecine depuis quelques mois seulement et j'ai été agréablement surprise par les propos du Dr Yves Lamontagne à l'occasion de son départ du Collège des médecins.

Un extrait de l'article publié le 4 octobre allait comme suit: «De la même façon, le Dr Lamontagne fulmine de voir des universités former des médecins qui ont tôt fait de mettre les voiles ailleurs. À son avis, tout médecin dont les études ont été payées par le système devrait obligatoirement pratiquer quatre ou cinq ans au Québec, à défaut de quoi il devrait rembourser l'équivalent de ce qu'il en a coûté pour le former.»

Je ne peux qu'être en accord avec les propos du Dr Lamontagne. Avec la pénurie de médecins qui perdure au Québec depuis tant d'années, il est tout à fait compréhensible que la province se dote de différents moyens pour assurer les services de santé à ses citoyens. Non seulement le Québec forme ces médecins, mais il en couvre aussi la majeure partie des coûts.

Depuis plusieurs années, on parle beaucoup des médecins diplômés du Québec qui quittent pour aller pratiquer à l'étranger. Mais qu'en est-il de ceux qui font le chemin inverse?

Depuis l'âge d'environ 15 ans, j'ai su que je voulais travailler dans le domaine de la santé. Et au fil des années et de mes études, mon sentiment s'est transformé en certitude. Je voulais devenir médecin et c'était la seule profession que je me voyais occuper.

Comme tous le savent, les critères d'admission des facultés de médecine sont très stricts et les programmes de médecine extrêmement contingentés. N'ayant pas des notes assez fortes pour faire application en médecine, je décide de faire un baccalauréat en sciences biomédicales pour poursuivre mes études dans le domaine de la santé. Mon diplôme en main, je reçois alors des refus de toutes les universités du Québec et je me sens complètement découragée. Je n'avais peut-être pas les notes scolaires les plus compétitives, mais je n'avais aucun doute quant à mes capacités de réussir des études en médecine.

Ne pouvant envisager de laisser tomber mon projet le plus précieux, je décide donc de quitter ma province natale pour poursuivre mon rêve de faire des études de médecine. Je convaincs mes merveilleux parents, qui ont toujours cru en moi, de m'épauler financièrement, je fais ma valise et je pars.

Je me dirige alors vers l'île d'Antigua, dans les Caraïbes, où se trouve une charmante université qui donne un cours de médecine. Je fais mes deux premières années sur les bancs d'école et je me classe en tête de ma cohorte par mes notes exemplaires. Je me dirige ensuite vers la ville de Baltimore, au Maryland, pour faire mes deux années de stages cliniques, où là aussi je brille par mes connaissances étendues et mon travail acharné.

Et me voilà de retour au Québec, diplômée en médecine et voulant plus que tout faire profiter ma province natale de mes apprentissages.

J'ai donc fait le chemin inverse des médecins québécois qui quittent la province pour aller pratiquer à l'étranger. J'ai fait le choix de m'exiler pendant quatre ans, de m'imposer un lourd fardeau financier et tout cela, pour pouvoir pratiquer ici le métier dont j'ai toujours rêvé.

Et tout ce dont je pourrais rêver maintenant, c'est que le Québec m'accueille à bras ouverts pour que je puisse enfin, après un long parcours sinueux, redonner aux gens d'ici.

Je suis heureuse que Dr Lamontagne soit «content aussi que les médecins étrangers, après cinq ans d'exercice en vertu d'un permis restrictif, obtiennent un permis régulier».

Je complète présentement les examens d'équivalence pour pouvoir pratiquer au Québec. Je m'apprête aussi à poser ma candidature pour un poste de résidence au Québec pour l'année qui vient. Après le long chemin que j'ai parcouru, j'ose espérer que mes démarches seront fructueuses et que je pourrai alors faire ma part pour aider notre système de santé en détresse.