C'est le 27 septembre 2004. Voilà 10 minutes que je suis au travail. Je reçois un appel. Mon frère Pierre, 50 ans, est retrouvé mort chez lui. Rapport d'autopsie: infarctus massif. La fin rêvée par nous tous, mais dur coup pour la famille, surtout les parents. On ne doit pas vivre le deuil d'un enfant, peu importe son âge.

C'est le 27 septembre 2004. Voilà 10 minutes que je suis au travail. Je reçois un appel. Mon frère Pierre, 50 ans, est retrouvé mort chez lui. Rapport d'autopsie: infarctus massif. La fin rêvée par nous tous, mais dur coup pour la famille, surtout les parents. On ne doit pas vivre le deuil d'un enfant, peu importe son âge.

Mars 2007. Je suis à Paris avec mon conjoint. Moi qui ai toujours refusé de partir sans mes enfants, j'ai le coeur léger, car ma soeur Sylvie, 52 ans, s'occupe de la marmaille. Pour les enfants, c'est la fête. Sylvie est tellement maman gâteau! À mon retour, Sylvie me fait part de quelques soucis de santé. Quelques jours plus tard, le couperet tombe. Néo pulmonaire avec métastases cérébrales. Après un rude combat, elle rend l'âme en mai 2009. Encore un dur coup. Principalement pour les parents qui y laissent un peu de leur santé chaque fois. Mais on se relève les manches, la vie continue!

Septembre 2007. C'est au tour de mon frère Claude, 53 ans, de faire face au diagnostic de cancer du poumon. Trois ans plus tard: nous sommes le 22 août 2010, il est 23h30. Je suis au chevet de mon frère. Il est en sommeil profond, mais le non-verbal nous fait bien comprendre qu'il est malgré tout très souffrant (métastases osseuses), et ce, malgré les doses massives (le mot est faible) de médicaments qu'il reçoit régulièrement. On approche de la fin, on le sait, on le sent!

Mais comment peut-on s'en sortir sans trop de séquelles? Je comprends ce soir-là que c'est grâce à Annie, infirmière, qui est passée par là! Grâce à Pascale, infirmière auxiliaire, qui, malgré la lourdeur de la tâche, prend le temps de nous écouter et de comprendre l'anxiété et le mal que Claude démontre dans ses yeux. Grâce à Chantal, infirmière, qui vient se présenter et nous fait part de sa disponibilité avant même d'avoir commencé son quart de travail allongé (supplémentaire oblige). Grâce à Michel, préposé, qui ne cesse de courir d'un bout à l'autre du département et qui, malgré tout, ne démontre aucun signe d'impatience quand on lui demande une paire de bras parce que Claude (dans sa période d'agitation qui en fut toute une) se lève et se recouche aux cinq minutes. Grâce à tous les autres que je ne peux nommer, mais qui ont joué un rôle tout aussi important. Ces sentiments de tristesse et d'impuissance ressentis par la famille se font moins lourds grâce à tous ces gens.

À ceux qui clament haut et fort que notre système de santé est pourri, je répondrai que nous sommes privilégiés d'y avoir accès. Essayez d'imaginer (même avec des assurances) les coûts engendrés par ces trois situations. Vous pourriez tomber par terre. À ceux qui sont les piliers de ce système, je dirai: rappelez-vous pourquoi vous avez décidé d'en faire partie et que la qualité principale qui doit vous guider est votre humanisme, votre coeur. Les patients en ont tellement besoin.

Il est 6h30, nous sommes le 23 août, Claude est parti rejoindre son frère, sa soeur et sa douce France.