Langue française, réchauffement climatique, stade de baseball, protection du patrimoine… l’équipe éditoriale de La Presse a profité d’une rencontre avec le candidat à la mairie et chef de Mouvement Montréal, Balarama Holness, pour lui poser vos questions. Celles-ci avaient été récoltées lors d’un appel à tous pour lequel nous avons reçu quelque 150 réponses.

J’ai eu la chance de visiter plusieurs grandes villes. Je n’ai jamais vu une situation comme celle de Montréal avec autant de chantiers publics. Est-ce qu’il n’y a pas moyen de mieux gérer les travaux publics dans cette ville ?

Marc André Sabourin

Balarama Holness : 75 % des chantiers ne sont pas de la Ville de Montréal, mais du fédéral, du provincial ou du privé. Il faut une meilleure coordination. C’est important d’établir des règlements pour faire en sorte que nous encadrons le temps de construction et qu’on donne des sanctions si ça dépasse le temps. Et on devrait pouvoir travailler 24 heures sur 24, sept jours sur sept. C’est quelque chose que beaucoup de villes font déjà. Et je pense que Montréal est en retard à cet égard-là.

Un nombre incalculable de bâtiments à valeur patrimoniale sont dans un état de dégradation avancé dans le Grand Montréal. Quelles mesures concrètes allez-vous mettre de l’avant pour préserver ce patrimoine bâti ?

Michel Marsolais

B. H. : Il doit y avoir un réflexe patrimoine. En ce moment, tout près d’ici, au Pigeon Hole Park (NDLR : dans le Vieux-Montréal), il y a des tours de condos qui vont dépasser un bâtiment patrimonial historique, en plus d’éliminer un parc. Les gens qui sont responsables au sein du comité exécutif doivent approuver les projets avec ce réflexe patrimonial.

Que fera la Ville pour protéger notre langue française ? Je pense que Montréal a son rôle à jouer.

Martin Lachance

B. H. : Absolument ! On doit s’assurer que tous les Montréalais et Montréalaises se sentent chez eux. Qu’on investisse dans la culture et la francophonie. Qu’on inclue les nouveaux arrivants, les immigrants, les gens de tous les horizons dans cette culture-là. Et donc, que la langue française appartienne à tout le monde, afin que personne ne se sente exclu. En créant une mosaïque de personnes qui consomment la culture et la francophonie, on va la protéger. D’autre part, il faut diminuer le taux d’évaluation du français pour rentrer au travail, pour que les gens puissent s’améliorer et apprendre le français au travail. Même moi je pourrais couler un test de français pour rentrer à la Ville de Montréal et mon français est impeccable… ou presque.

Considérant la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, quelles sont les mesures concrètes que vous prévoyez mettre en place pour atteindre cet objectif très imposant ?

Louka Méthot

B. H. : Bonne question. Les villes ont un rôle important à jouer. Il faut s’assurer qu’on a des parcs et des espaces verts dans des arrondissements défavorisés, pour éliminer les îlots de chaleur quand nous avons des vagues de chaleur. On sait qu’en 2018, 66 personnes sont décédées durant [la canicule qui a sévi entre le 30 juin et le 5 juillet]. Il faut protéger ces gens-là. Ces espaces verts vont absorber les gaz à effet de serre.

Il faut s’assurer de faire une vraie transition écologique. Moi, je crois que c’est six milliards pour arriver à l’électrification des transports en commun.

Est-ce que vous vous engagez solennellement à n’investir aucun argent des contribuables pour le retour du baseball à Montréal ?

Réjean Durocher

B. H. : Nous sommes le seul parti, bien avant le NPD, qui a dit que nous voulions réserver le bassin Peel pour du logement social, abordable, familial et pour des garderies. Donc, non seulement on ne va pas utiliser l’argent des contribuables, mais le bassin Peel doit être pour nos communautés. Si on ramène les Rays ou les Expos, whatever we want to call them, je pense que les groupes qui veulent investir là-dedans doivent construire leur propre stade.

Quel est votre plan concret pour revitaliser le centre-ville de Montréal ?

Pierre Coutu

B. H. : Numéro 1 : Ville-Marie (l’arrondissement) a besoin de son propre maire. Numéro 2 : les chantiers doivent être 24 heures sur 24. Numéro 3 : En ce moment, beaucoup de propriétaires gardent leurs locaux hors marché, pour seulement le louer à X ou Y prix. Donc, on doit avoir une taxe pour les locaux vacants pour pousser les propriétaires à louer.

Quelle est votre meilleure idée pour un projet « unique et spectaculaire » qui mettrait Montréal encore plus sur la map touristique ?

Jacques Haket

B. H. : Nous n’allons pas avancer un genre de grand projet qui va nous mettre sur la map. Ce que nous disons, c’est qu’il faut créer une ville à échelle humaine. Il faut bien gérer l’Hôtel de Ville et les 28 000 employés qui prennent 40 % du budget de six milliards de la ville. Il faut faire en sorte qu’il y ait des espaces verts, des espaces loisir, récréation, sport. S’assurer que nos petites entreprises sont bien encadrées et financées. C’est important de fermer la porte de sortie du règlement 20-20-20 pour faire en sorte que les promoteurs (NDLR : qui peuvent verser des frais pour éviter de s’y conformer) créent réellement du logement social, abordable, familial. C’est ça qui va rendre Montréal attirant. Ce n’est pas 900 millions au parc Jean-Drapeau ou recouvrir l’échangeur Décarie qui fait en sorte que Microsoft veut venir à Montréal. C’est : est-ce que leurs employés peuvent avoir une maison abordable ? Avoir un transport en commun qui est adapté ?

Propos recueillis par Stéphanie Grammond

Note : Les questions et réponses ont été légèrement éditées pour en faciliter la lecture.