Le comportement erratique du secteur manufacturier canadien se poursuit tandis que sa portion québécoise continue un redressement susceptible de faire envie, s'il persiste.

En septembre, la valeur des ventes des fabricants canadiens a augmenté de 0,3 % pour atteindre près de 51,5 milliards.

Celle du Québec a bondi de 1,7 %, à 11,9 milliards, mais reste en recul de 0,5 % depuis un an alors qu'elle a augmenté de 1,4 % pour l'ensemble du secteur manufacturier canadien. Les usines québécoises réalisent une remontée toutefois, le gain de septembre étant le cinquième des six derniers mois.

Les données de Statistique Canada indiquent aussi que la valeur des stocks canadiens a crû de 0,5 % pour refranchir la barre des 71 milliards. Cela suggère que les usines ont produit plus qu'elles n'ont vendu au cours du mois pour reconstituer en partie leurs stocks qui restent néanmoins inférieurs de 1,2 % à leur niveau de septembre 2015.

La hausse de la valeur des ventes en septembre, la quatrième d'affilée, est toutefois une affaire de prix dont l'indice a progressé de 0,4 % au cours du mois.

En volume, on observe plutôt un repli de 0,2 %, qui gruge une partie du bond de 1,2 % observé en août qui était le troisième consécutif. Pour l'ensemble du trimestre, les volumes des ventes augmentent de 2,5 % en rythme annualisé.

Autrement dit, le travail en usine a généré de la croissance économique au troisième trimestre, renversant sa performance printanière.

Si la valeur des ventes se rapproche du sommet de 53 milliards atteint au milieu de 2014, les volumes (exprimés en dollars constants pour éliminer l'effet des variations de prix) oscillent dans une fourchette de 44 à 47 milliards depuis maintenant cinq ans. On est encore loin des sommets de quelque 50 milliards observés avant la récession de 2008-2009.

Cela illustre les difficultés persistantes du secteur canadien de la fabrication depuis la Grande Récession. Il faudra encore un bon moment avant que les biens manufacturiers prennent le relais des ressources, si d'aventure ils le prennent, comme moteur des exportations canadiennes, malgré la dépréciation du dollar canadien face au billet vert.

Les données américaines publiées hier sur la hausse de 0,2 % de la production manufacturière en octobre suggèrent que les fournisseurs canadiens de biens intermédiaires ont pu encore profiter de l'élan de la croissance américaine. Cela pourrait changer l'an prochain toutefois, dans la mesure où se concrétiseront les inclinations protectionnistes du prochain locataire de la Maison-Blanche.

D'ici là, la valeur des nouvelles commandes des fabricants canadiens a augmenté de 2,3 % en septembre. Par rapport à septembre 2015, elles ont progressé de 3,3 % seulement. Celles en carnet, qui incluent aussi les commandes reçues précédemment mais qui n'ont pas encore été remplies, ont reculé de 0,2 % au cours du mois. Elles sont en chute de 6,5 % depuis un an.

Selon l'estimation de la Banque du Canada, près de 9000 entreprises exportatrices ont disparu entre le sommet des exportations canadiennes en 2008 et le creux de 2010. Il devient de plus en plus évident que les nouvelles venues ne compenseront pas de sitôt la production des disparues.

Les pertes ont été particulièrement considérables dans l'industrie automobile où des usines fermées ont été remplacées depuis par des centres de production établis au Mexique ou dans le sud des États-Unis.

La croissance des exportations canadiennes sera vraisemblablement assurée plutôt par les entreprises de service. Les statistiques officielles peinent à ce jour à en suivre étroitement la trace. Cela complique la mesure précise du commerce extérieur.

Entre-temps, la performance relativement bonne de septembre des fabricants canadiens (et surtout québécois) est attribuable à la poussée des ventes de matériel ferroviaire et, dans une moindre mesure, à celle du segment aéronautique et des produits métalliques ouvrés.

Le bond du segment ferroviaire est spectaculaire : 72,6 %. La livraison par Bombardier de voitures pour le métro de Montréal et de tramways à Toronto explique sans doute cette poussée.

Infographie La Presse