Après la publication de quelques indicateurs décevants pour le mois de juillet, le regain de tonus des ventes des manufacturiers en juin permet d'espérer une réelle reprise de la production, après le sévère repli printanier.

La hausse de 0,8 % de la valeur des livraisons manufacturières en juin fait suite à la chute de 1 % de mai provoquée par les incendies dans la région de Fort McMurray. Elle permet à l'ensemble des ventes de repasser au-dessus de la barre symbolique des 50 milliards.

Exprimée en volume, la progression atteint 0,5 %. Sans être éclatant, ce progrès reste encourageant.

Statistique Canada a d'ailleurs précisé que, sur les 3600 entreprises répondantes de son enquête mensuelle, 118 avaient été perturbées dans leurs activités d'exploitation à cause des incendies et des évacuations. C'est moins que les 194 de mai, mais c'est encore loin d'un retour complet à la normale qui s'est sans doute concrétisé le mois dernier.

Si tel est le cas, ça aura bien tombé. Aux États-Unis, le Bureau of Economic Analysis a rapporté hier que la production industrielle avait augmenté pour le deuxième mois d'affilée, en juillet. Les fournisseurs canadiens des usines américaines auront pu ainsi profiter d'un regain de production après plusieurs mois consécutifs de déstockage. C'est particulièrement vrai des fournisseurs de pièces de véhicules. Les détaillants américains font des affaires d'or cette année.

Le regain du secteur manufacturier canadien en juin ne doit pas faire oublier qu'il vivote depuis le début de l'année. La hausse de juin est la troisième seulement depuis janvier. La valeur des livraisons reste 1,9 % inférieure à celle observée un an plus tôt. Le secteur manufacturier a sans aucun doute contribué beaucoup au recul de l'activité économique au deuxième trimestre que les prévisionnistes estiment entre 1 % et 1,5 % en rythme annuel. On en aura le coeur net à la fin du mois.

À l'échelle provinciale, c'est avant tout en Ontario et en Saskatchewan que les ventes manufacturières se sont portées le mieux, tant au cours de juin que depuis un an.

Au Québec, les ventes ont légèrement progressé de 0,2 % en juin, mais elles représentent 93,5 % seulement de leur niveau de juin 2015. Ce n'est pas à ce rythme qu'on pourra relancer les exportations.

À l'échelle industrielle, les ventes ont progressé dans 15 des 21 industries, mais surtout dans les segments des machines et du matériel de transport roulant.

Les segments où le Québec est fort n'ont pas tous eu la même veine. On observe des replis dans la fabrication d'aliments, la première transformation des métaux, le papier, l'impression et les produits aérospatiaux.

En revanche, les produits du bois ont augmenté de 1,2 % et sont en hausse de 14,6 % depuis un an. Cela reflète le dynamisme du marché de l'habitation américain.

Les entreprises ont poursuivi leur déstockage pour le cinquième mois d'affilée. Le ratio des ventes aux stocks est descendu à 1,4, ce qui équivaut à un peu plus de 40 jours. Si les ventes continuent d'augmenter, la faiblesse relative des stocks soutiendra un regain de production.

D'ailleurs, la valeur des nouvelles commandes a progressé pour le troisième mois d'affilée. À hauteur de 51,7 milliards, elle est en hausse de 4,4 % par rapport à celle de juin 2015.

Ces chiffres contrastent avec les données sur le commerce extérieur publiées il y a quelques jours et qui ont fait état d'un quatrième déficit d'affilée de plus de 3 milliards. Notre surplus avec les États-Unis a fondu alors même que notre voisin a augmenté la valeur de ses importations.

Les premiers indicateurs de juillet (création d'emplois, permis de bâtir et mises en chantier) ont semé des doutes sur la capacité de l'économie canadienne de se relever rapidement de son faux pas printanier.

Les perspectives du secteur manufacturier jettent un peu de lumière sur cette grisaille.