Le marché du travail canadien a commencé l'été en larguant 31 200 emplois, après trois mois d'affilée de stagnation.

Les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada sont les premières à donner un aperçu de la performance économique au troisième trimestre, après un printemps chagrin.

Les données sur le commerce international de biens, aussi publiées hier, font état d'un déficit record de 3,6 milliards en juin, soit 100 millions de plus que le record précédent qui remonte... à mai.

Ces chiffres sont d'autant plus décevants que le déficit américain s'est creusé au cours du mois, sous le poids d'une augmentation des importations dont le Canada n'a manifestement pas profité. Son surplus avec son principal partenaire commercial a plutôt fondu de 626 millions, entre mai et juin.

En termes réels, c'est-à-dire sans variation de prix, le solde commercial canadien est passé d'un surplus de 5,5 milliards à un déficit de 923 millions entre les premier et deuxième trimestres. La croissance économique aura sans doute été à l'avenant : d'un rythme d'expansion annualisé de 2,4 % au cours de l'hiver, le printemps se soldera sans doute par un recul de plus de 1,5 %. Les incendies de forêt dans la région de Fort McMurray n'expliquent pas cette léthargie à eux seuls.

Voilà en partie pourquoi les entreprises ne sont guère portées sur l'embauche. Ce n'est pas un hasard si le nombre d'emplois en usines a diminué de 46 600 depuis le début de l'année, même s'il s'est stabilisé le mois dernier. Fait à noter, les usines québécoises échappent jusqu'ici à cette saignée, même si les 340 licenciements annoncés hier par Olymel ne sentent pas bon.

À l'échelle canadienne, le taux de chômage a grimpé de seulement un dixième à 6,9 %. La désertion de 12 800 personnes des rangs de la population active a limité l'augmentation du nombre des chercheurs d'emploi.

En décortiquant les données de l'EPA pour juillet, on constate que le marché du travail manque de tonus. Les emplois à temps plein reculent de 71 400 et effacent du coup tous les gains accumulés en 2016, dont le bilan net n'est plus que 12 400 postes à temps partiel.

En un an, le nombre d'emplois net a augmenté de 71 400 seulement, soit moins de 6000 par mois et tous à temps partiel de surcroît.

Au Québec, ce n'est guère mieux. La perte non significative de 4000 emplois en juillet n'a pas suffi à augmenter le taux de chômage, stable à 7,0 %. Ce qui est inquiétant toutefois, c'est que les rangs de la population active ont continué de maigrir, portant l'allègement à 42 100 personnes cette année.

Tant au Canada qu'au Québec, les emplois créés depuis un an l'ont été durant 2015.

Cette année, la situation se résume à peu près comme suit : la Colombie-Britannique carbure à plein avec l'ajout de 57 000 emplois et un taux de chômage désormais le plus faible au pays à 5,6 %. À l'opposé, l'Alberta est sur une pente raide, ayant perdu 37 900 emplois qui propulsent son taux de chômage à 8,6 %, au quatrième rang des plus élevés au pays.

Comme chaque mois, les données volatiles de l'EPA recèlent quelques incongruités. Cette fois-ci, on note 24 400 emplois en moins dans les administrations publiques. Cela suggère que les personnes embauchées au printemps pour la tenue du recensement ont été libérées.

La perte de 38 800 postes dans l'enseignement en Ontario a toutes les allures d'une anomalie statistique.

Sans ce dernier chiffre, le portrait d'ensemble paraît moins noir. Il n'est pas reluisant pour autant. Surtout si on le compare au marché du travail américain, qui s'est remis complètement de son bref passage à vide de mai.

Les données du Bureau of Labor Statistics font état de l'ajout de 255 000 salariés non agricoles le mois dernier. Le taux de chômage est resté stable à 4,9 % puisque les rangs de la population active se gonflent. Ces beaux chiffres incitent des gens à se remettre à chercher du travail, ce qui gonfle les rangs de la population active. Le taux d'activité s'établit à 62,8 % et le taux d'emploi, à 59,7 %, deux résultats encore plus faibles qu'au Canada, mais qui augmentent. À l'inverse, les taux canadiens reculent tous deux de quatre dixièmes depuis un an.

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