Dans le cadre du plan d'action de lutte contre la radicalisation au Québec présenté par la ministre Kathleen Weil, cinq projets seront menés dans les écoles secondaires et dans les collèges au cours des deux prochaines années.

Ces projets, menés par des organismes, permettront d'aborder avec les élèves des thèmes tels que la discrimination, l'intimidation, les rapports hommes-femmes, l'homophobie et l'islamophobie.

J'ai l'occasion de collaborer régulièrement avec ces organismes et je reconnais la qualité et la pertinence de leur travail. Je suis par contre étonnée que, pour rejoindre les étudiants de ces deux niveaux d'enseignement, le gouvernement préfère faire appel à des organisations externes.

Je travaille moi-même dans une école secondaire comme animatrice de vie spirituelle et d'engagement communautaire (AVSEC) depuis plusieurs années et dans le cadre de mon mandat, j'aborde régulièrement les thématiques ciblées par ces projets.

La spécificité de notre métier est d'accompagner les élèves dans la construction de leur identité en leur faisant vivre des expériences qui les ouvriront sur le monde.

En ce sens, je suis troublée quand je constate que, nulle part dans le plan d'action de la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, on n'évoque le rôle des AVSEC, alors que tout ce que nous faisons au quotidien s'inscrit dans l'axe Vivre ensemble de son plan.

Mes collègues et moi, dans toutes les commissions scolaires du Québec, déployons chaque année une programmation d'activités dans les écoles secondaires afin de lutter contre la discrimination, les préjugés et l'exclusion. Nous offrons des occasions d'engagement aux élèves afin qu'ils développent leur estime de soi et leur sentiment d'appartenance à l'école. Nous coordonnons des projets en partenariat avec eux afin qu'ils se sentent utiles et aient envie de participer à la vie civique et citoyenne de la société québécoise.

Chaque année, des milliers d'élèves participent à nos activités et nous témoignent de l'importance du travail que nous menons pour eux et avec eux.

Nous leur permettons de trouver un sens à leur parcours en s'impliquant de façon positive dans leur communauté.

Un élève qui se sent appartenir à sa communauté éducative et qui y contribue activement a beaucoup moins de risque de développer un sentiment d'impuissance et d'exclusion par rapport à la société québécoise. Il sera moins vulnérable à se faire enrôler dans des activités extrémistes, car il se sentira déjà valorisé et important au sein de la société. En ce sens, notre travail joue un rôle dans les facteurs de protection de la radicalisation.

Parce que nous croyons, comme la ministre Weil, que le succès du plan d'action nécessite une concertation et une mobilisation continue des partenaires, j'invite le gouvernement dès maintenant à nous considérer comme des acteurs pertinents et nécessaires à la mise en place des mesures énoncées dans l'axe Vivre ensemble. Les organismes externes font un travail exceptionnel, mais sont rarement en mesure d'assurer un suivi au quotidien avec les élèves. Ils peuvent allumer des étincelles, mais c'est nous qui prendrons le relais pour alimenter la flamme. Ne nous oubliez pas.