Les enfants représentent l'avenir d'une société. Sauf en politique, où malheureusement, ils sont souvent perçus comme un boulet.

Après la démission fracassante de Pierre Karl Péladeau pour des raisons familiales, il fallait s'attendre à ce que la conciliation devienne un sujet incontournable de la course à la direction du Parti québécois.

Mère d'une petite fille et première candidate à se lancer officiellement dans la course, Véronique Hivon n'avait d'autre choix que d'attaquer le sujet de front.

Elle consacrera une journée par semaine à sa famille, loin de toutes activités politiques, pendant toute la campagne, a-t-elle prévenu d'entrée de jeu. Elle a d'ailleurs invité le milieu politique à réfléchir à de nouveaux moyens de favoriser la conciliation travail-famille.

Voilà un sujet récurrent des derniers mois. Et pour cause : il explique la difficulté des différents partis à recruter des mères - et de plus en plus de pères - de jeunes enfants.

À Ottawa, la question est omniprésente. Les trois enfants du premier ministre Justin Trudeau l'accompagnent régulièrement dans ses déplacements. La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, soupe en famille régulièrement ; elle ferme alors son cellulaire. La députée néo-démocrate Christine Moore traîne son bébé en Chambre.

Évidemment, on pourrait arguer que le premier ministre peut compter sur l'aide de gouvernantes, que la ministre McKenna a la chance de représenter la circonscription d'Ottawa-Centre, à deux pas du parlement, et que le conjoint de Mme Moore est en mesure de lui donner un coup de main pour s'occuper de leur fille.

Ne nous leurrons pas. Dans l'actuelle course à la direction du PQ, la convergence des souverainistes et la date du prochain référendum auront tôt fait de retenir toute l'attention. Déjà, Mme Hivon était pressée hier d'expliquer sa position.

Reste que de façon plus générale, la conciliation est un sujet qu'on ne peut plus éviter. Il faut l'aborder sur trois fronts : l'action, l'émotion et la perception.

L'action, ce sont les mesures pour faciliter la vie des parents : salle familiale, halte-garderie, travaux parlementaires calqués sur le calendrier scolaire, cessation des commissions parlementaires ou des votes en soirée. À ce chapitre, il y a encore place à amélioration.

L'émotion, elle, est variable. C'est le degré de culpabilité avec lequel un individu est prêt à composer en ratant la fête de son enfant, son match de soccer ou sa remise de bulletin. Une situation qui, loin d'être unique au monde politique, est vécue dans nombre de professions.

La perception, c'est l'élément qu'il faut dépoussiérer collectivement. Le rôle des députés est clairement défini. Ils doivent intervenir dans l'action gouvernementale, participer à l'adoption des projets de loi et servir d'intermédiaires entre les citoyens et le gouvernement en portant les dossiers de leur circonscription.

Faut-il pour autant que le député assiste à un souper spaghetti, à l'inauguration d'une salle et à la remise d'un prix, tout cela un samedi soir ? C'est pourtant ce à quoi s'attendent bien des électeurs.

Il est temps de changer cette mentalité d'une autre époque.