Il serait bien hardi de célébrer la baisse du déficit commercial canadien observée en novembre.

Vrai, Statistique Canada nous indique que le solde du commerce international de marchandises est passé de 2,5 milliards en octobre à un tout petit peu moins de 2 milliards en novembre.

Vrai aussi, la valeur des exportations a progressé malgré une baisse des prix des produits énergétiques.

Vrai encore, le surplus commercial avec notre principal partenaire, les États-Unis, a augmenté d'un demi-milliard tandis que notre déficit avec la Chine a diminué de 220 millions.

Cela dit, l'amélioration du solde s'explique aussi par des éléments encore peu susceptibles de soutenir l'expansion de l'économie canadienne à partir des exportations non énergétiques, les investissements des entreprises ou la consommation des ménages.

Sans surprise, la valeur des exportations d'énergie a reculé encore de 6,6 % en novembre, par rapport à octobre. L'effondrement atteint 40,4 % sur une année, bien que les volumes exportés soient stables depuis un an.

Pour le Québec, le quatrième repli d'affilée des exportations de matériel aéronautique est bien plus inquiétant. Depuis un an, la valeur accuse un recul de 8,1 %, mais les volumes sont en chute de 19,9 % et reflètent sans aucun doute les difficultés de Bombardier.

La hausse de la valeur totale des exportations repose en fait sur deux catégories : les produits automobiles qui ont augmenté de 5,9 % au cours du mois (et de 24 % depuis un an), au grand plaisir de l'Ontario, et le bond exceptionnel de 20 % des livraisons de minerais et de minéraux non métalliques. Cette poussée s'explique avant tout par les expéditions de cuivre dont la valeur a presque doublé.

La valeur totale des exportations de marchandises était inférieure de 1,6 % sur l'année précédente, bien que les volumes aient progressé de 2,3 %.

De leur côté, les importations suivent la tendance opposée : leur valeur augmente de 2,8 % alors que leur volume diminue de 3 %. Cela reflète bien la dépréciation du dollar canadien, qui réduit le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises.

Il est particulièrement préoccupant d'observer que la valeur des importations de biens de consommation a augmenté de 9 % en un an alors que les volumes ont diminué de 3,9 %. Depuis trois mois maintenant, on commence à observer la fatigue des ménages : les biens de consommation importés diminuent tant en valeur qu'en volume.

On observe le même phénomène dans la catégorie du matériel électronique et électrique, acheté tant par les consommateurs que par les entreprises.

La valeur des importations de machines, de pièces et de matériel industriels est aussi en hausse mensuelle et annuelle, tandis que les volumes accusent un recul annuel de 9,7 %.

Bref, il en coûte de plus en plus cher aux entreprises pour moderniser leurs capacités de production avec des innovations technologiques importées.

Les exportations de biens non énergétiques sont encore bien loin de prendre le relais des hydrocarbures. Comme on ne s'attend pas à ce que les prix de l'énergie se redressent de sitôt, la longue séquence de déficits mensuels amorcée en août 2014 risque de se poursuivre encore longtemps.

On aura lundi une indication de la volonté d'investir des entreprises canadiennes, malgré un pouvoir d'achat sérieusement écorné, avec l'Enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises, publiée par la Banque du Canada.

Les entreprises canadiennes peuvent être enclines à hésiter, faute de perspectives convaincantes de croissance, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde.

Les fournisseurs de biens industriels ou de composants des manufacturiers américains ont une raison de plus de s'inquiéter. La production en usines aux États-Unis pâtit de la force du billet vert et des difficultés de plusieurs pays émergents comme le Brésil ou l'Afrique du Sud.

Tout ça nourrit la réflexion de la Banque du Canada dont le gouverneur Stephen Poloz nous a annoncé, mine de rien à la mi-décembre, qu'un taux directeur légèrement négatif était désormais possible. Il se situe à 0,5 % depuis juillet.