La Commission scolaire de Montréal (CSDM) doit prendre ses responsabilités et cesser la joute politique qu'elle mène sur le dos des élèves et des parents.

C'est d'autant plus inacceptable que le rapport de la firme Raymond Chabot Grant Thornton, commandé par Québec pour analyser la situation financière de la commission scolaire, met de nouveau en lumière sa gestion déficiente, en plus de s'inquiéter du peu d'outils de planification, de suivi et de contrôle administratif et financier existants.

En 2012, un rapport commandé par la CSDM à PricewaterhouseCoopers concluait déjà à une pratique de gestion déficiente. Des changements ont été entrepris, mais ils n'ont pas encore donné les effets escomptés.

L'intervention des commissaires dans les affaires courantes - qui est contraire aux bonnes pratiques -, le travail en silo de la direction générale et la faible adhésion du milieu expliquent une partie des problèmes de la commission scolaire, note le nouveau rapport dévoilé la semaine dernière.

En assemblée, les commissaires ont résolu de donner suite aux recommandations. Mais comment justifier qu'ils aient aussi envoyé une lettre alarmante aux parents, énumérant une liste de services qui pourraient être touchés, évoquant des « choix déchirants » qui sont les conséquences d'un sous-financement et de compressions, sans jamais mentionner que la gestion puisse être en cause?

Au cours des dernières semaines, d'autres coupes dans les services aux élèves ont aussi été évoquées, notamment une réduction du nombre de conseillers pédagogiques et du programme alimentaire destiné aux élèves des écoles défavorisées, ce qui a créé des inquiétudes et donné l'impression d'un chantage.

La CSDM est l'un des dix plus grands employeurs de Montréal. Elle gère un budget de près de 1 milliard, soit le double de celui de la deuxième commission scolaire de la province, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Elle compte deux fois plus d'établissements et d'employés, mais seulement 77% d'élèves de plus.

La CSDM dépense plus par élève que les autres commissions scolaires, mais compte une grande proportion d'élèves allophones, handicapés, en difficultés d'apprentissage ou provenant d'un milieu défavorisé.

Elle se trouve en situation de déficit budgétaire depuis 2008-2009, et les compressions exigées par Québec ont amplifié ses difficultés. Des économies sont pourtant possibles; le rapport cible plusieurs pistes de solutions.

Certaines - mais pas toutes - touchent l'organisation scolaire, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les services aux élèves. Si le nier, comme le fait le gouvernement, équivaut à se mettre la tête dans le sable, frapper tous azimuts comme le fait la CSDM est tout aussi inacceptable.

Franchise et transparence s'imposent. La CSDM doit prendre une direction claire, identifier les mesures incontournables qu'elle doit mettre en place - particulièrement si elles risquent d'affecter les services aux élèves - et communiquer clairement sa décision pour obtenir l'adhésion de tous.