Alors que la nuit tombait sur les restes calcinés du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, la lumière commençait à se faire sur les circonstances de cette tragédie. Tout indique que l'appareil a été atteint par un missile tiré d'un lanceur sophistiqué BUK, de fabrication russe. L'avion a été détruit en plein vol, à 10 000 mètres du sol. Les 295 passagers et membres d'équipage n'ont eu aucune chance.

On ne sait pas qui a tiré, bien que divers indices laissent penser que c'est l'oeuvre des séparatistes prorusses. Ces derniers affirment qu'ils ne possèdent pas de système assez puissant pour atteindre un appareil volant à une telle altitude. Pourtant, il y a quelques jours à peine, ils se vantaient d'avoir subtilisé un BUK à l'armée ukrainienne. Quelques minutes avant que la disparition du vol MH17 soit annoncée, un leader séparatiste s'est félicité sur un média social russe de la destruction d'un Antonov 26, un appareil militaire: «Nous avions dit aux Ukrainiens de ne pas violer notre espace aérien», a-t-il expliqué.

Selon des spécialistes, l'utilisation d'un lanceur BUK, dont les missiles sont guidés vers la cible par un radar, exige une formation poussée. Des rebelles manipulant leur nouveau jouet ont-ils pu prendre le Boeing 777 pour un Antonov 26, pourtant beaucoup plus petit?

Comme dans toute guerre, les déclarations des uns et des autres doivent être prises avec un bloc de sel. On ne peut pas exclure que l'avion de la Malaysia Airlines ait été frappé par un missile lancé par les Ukrainiens ou par les Russes. Mais de toute façon, le président russe, Vladimir Poutine, est l'ultime responsable. Le coupable.

C'est Poutine qui a forcé l'Ukraine à abandonner son projet d'entente avec l'Union européenne, ce qui a provoqué la colère d'une grande partie de la population ukrainienne. C'est lui qui a envahi la Crimée et aidé, en hommes et en armes, les séparatistes prorusses. N'eût été l'assistance de la Russie, les rebelles auraient été rapidement vaincus.

Ultime responsable, Poutine, mais pas le seul. L'OTAN aurait sans doute dû réagir plus vigoureusement aux manoeuvres russes, non seulement en Ukraine, mais plus tôt en Géorgie et en Moldavie.

L'aviation civile devra s'interroger sur les critères lui servant à décréter des zones d'exclusion aérienne. L'industrie avait été avisée le mois dernier d'éviter le ciel au-dessus de la Crimée et de la mer Noire; le reste de l'Ukraine était jugé sûr. De son côté, le gouvernement ukrainien avait décrété une zone d'exclusion au-dessus de l'est du pays, de 0 à 32 000 pieds; le vol MH17 se trouvait à... 33 000 pieds.

Se moquant des frontières, Vladimir Poutine reconstitue pas à pas la grande Russie, voire une URSS «light» sous la forme de son «Union eurasienne». Cette obsession impérialiste vient de coûter la vie à 295 innocents.