Après la tragédie de Campbellton, où deux enfants ont apparemment été tués par un python, on peut se demander quels sont les animaux les plus dangereux pour l'homme. Or, ce n'est pas si simple de le déterminer. La géographie est une donnée fondamentale. Et les images terrifiantes qui viennent à l'esprit - requins, grands fauves, ours, reptiles - ne reflètent pas la réalité. 

Par exemple, si 30% des gens sont terrorisés par les requins, ceux-ci font en moyenne moins de 10 victimes par année dans le monde: même la méduse est plus meurtrière! C'est d'ailleurs pour réhabiliter la réputation du squale qu'on a institué en 1987 une Semaine du requin, celle de 2013 venant tout juste de se terminer...

En fait, c'est le moustique qui, de loin, fait mourir le plus grand nombre d'humains, deux millions par année. C'est un danger que la dissémination du virus du Nil occidental, qui a fait des victimes au Canada, nous a mieux fait comprendre. Viennent ensuite les serpents venimeux (et non constricteurs), qui font annuellement 100 000 morts, concentrés dans quelques régions de la planète.

Cela enseigne que, dans ses relations avec le monde animal comme avec la maladie, l'accident ou la violence, l'homme développe des frayeurs qui sont souvent sans rapport avec les risques réels.

Une personne qui a une peur panique de l'avion - risque: presque nul - continuera à fumer en négligeant le fait que cela la tuera probablement! Si 35% des gens sont effrayés par le cancer, moins de 10% craignent les maladies du coeur: or, les deux font mourir à égalité, une personne sur sept dans chaque cas. Le terrorisme... terrorise, mais pas le risque de s'étouffer avec des aliments, ce qui est pourtant 400 fois plus assassin!

Ce sont des cas où la raison déraisonne, littéralement.

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Nulle part au monde, y compris dans les régions où il pullule, et évidemment encore moins ici, le python présente-t-il un danger majeur malgré la frayeur qu'il peut inspirer. Cependant, les arguments avancés depuis Campbellton par les amants des reptiles pour plaider leur cause laissent songeurs.

L'un de ces arguments est que les chiens tuent davantage. C'est exact. Entre 1990 et 2007, ils ont causé la mort de 28 Canadiens. Au cours de la même période, un seul décès attribuable à un boa ou python «de compagnie» aurait été signalé (à Brampton, Ontario, en 1992). Mais dans les chaumières canadiennes, combien trouve-t-on de chiens et de serpents constricteurs, respectivement? Entre 5 et 6 millions dans le premier cas, peut-être quelques centaines dans l'autre... C'est en ce sens qu'héberger n'importe quel animal sauvage capable de tuer relève d'une évaluation fantaisiste du risque.

Les règlements les concernant varient selon les provinces et même les municipalités. Il serait prudent - et humain pour peu qu'on se soucie du sort de ces bêtes - de resserrer et d'uniformiser cette réglementation.