Je n'ai rien contre son salaire moyen qui s'élève à 4,5 millions par saison. Car si Bryan Bickell vaut 4 millions par année, Vincent Lecavalier vaut certainement encore aujourd'hui 500 000 $ de plus.

Les cinq années offertes par les Flyers pour attirer le gros joueur de centre québécois à Philadelphie me font toutefois beaucoup plus tiquer.

Pas en raison de l'âge de Lecavalier, qui est encore jeune à 33 ans. Encore moins en raison d'un manque d'intérêt, de passion ou de talent, car son intérêt dépasse largement les paramètres financiers, il est toujours animé d'un vif désir de jouer au hockey et possède toujours un talent inné.

Les cinq années de contrat me semblent très généreuses, compte tenu des blessures qui s'acharnent sur Lecavalier depuis quelques années.

Ça ne veut pas dire que le passé est nécessairement garant de l'avenir. Et que la saison prochaine, lorsqu'il maintiendra une moyenne égale ou supérieure à un point par match dans l'uniforme des Flyers, une blessure viendra miner sa saison et raviver les doutes sur son niveau d'excellence comme cela s'est encore produit l'hiver dernier à Tampa.

Si j'avais été l'un des directeurs généraux impliqués dans la loterie Lecavalier, cette préoccupation aurait freiné mes ardeurs. Je l'ai écrit la semaine dernière. Je vais l'écrire à nouveau: j'aurais été très généreux financièrement à l'endroit de Lecavalier dans le cadre d'un contrat de deux ans. Je me serais peut-être rendu à trois.

Mais à cinq? Non!

Et selon ce que je comprends, c'est parce qu'ils ne voulaient pas dépasser cette limite que les Red Wings de Detroit, les Stars de Dallas et peut-être le Canadien de Montréal n'ont pas obtenu les services de Lecavalier.

Riches et dans le besoin

Pourquoi les Flyers l'ont-ils fait?

Parce qu'ils ont un urgent besoin de renfort pour épauler Claude Giroux à l'attaque. Remarquez qu'ils ont aussi des besoins à la ligne bleue. Et qu'ils en ont encore devant le filet, car je suis loin d'être convaincu que Steve Mason sera en mesure de régler les sempiternels ennuis des Flyers. Après avoir regardé, les bras croisés, Lou Lamoriello et les Devils du New Jersey voler Cory Schneider aux Canucks de Vancouver dimanche, dans le cadre du repêchage, les Flyers réagiront peut-être au cours des prochaines heures en courtisant Tim Thomas qui se dit prêt à revenir dans la LNH. On verra.

Mais en plus de combler une lacune importante avec Lecavalier, Philadelphie a les moyens de prendre des risques financiers.

L'une des formations les plus riches de la LNH, les Flyers comptent sur un propriétaire - Ed Snider - qui est prêt à assumer des pertes massives pour mousser les chances de victoires de son équipe, sans toutefois les garantir. Les rachats des contrats de Daniel Brière et d'Ilya Bryzgalov en font la preuve par 26 333 333 beaux dollars US...

Est-ce du gaspillage? La contribution de Lecavalier aux succès des Flyers au cours des cinq prochaines saisons répondra à cette question.

Ce qui est clair toutefois, c'est que les Flyers sont déjà meilleurs ce matin qu'ils ne l'étaient hier.

Assez bon pour les Wings

Bien que plusieurs amateurs de hockey aient craché au visage de Lecavalier en raison d'une production offensive en baisse depuis qu'il a connu sa meilleure saison en carrière - 52 buts et 108 points en 82 matchs disputés en 2003-2004 -, les derniers jours ont démontré qu'ils avaient tort d'être aussi lapidaires dans leurs critiques.

Pas en raison des 22,5 millions sur 5 ans que les Flyers ont accepté de lui verser. Ça, non!

Mais en raison du fait que près de la moitié des équipes de la LNH, et pas les moindres, l'ont courtisé.

Les Red Wings n'auraient pas courtisé un joueur fini. Ils l'ont fait parce qu'ils considéraient que Lecavalier aurait amélioré leur équipe. Comme il aurait amélioré le Canadien dont il serait devenu le meilleur joueur de centre.

C'est justement le fait qu'autant de clubs aient pris part à l'encan qui a obligé les Flyers à faire grimper les enchères. À prendre un risque en étirant le contrat sur cinq ans.

Dans la ligne de mire du CH

Lecavalier parti à Philadelphie, Dave Bolland maintenant à Toronto et Bryan Bickell bien ancré à Chicago, vers qui Marc Bergevin et le Canadien se tourneront-ils pour renflouer l'équipe vendredi à l'ouverture du marché des joueurs autonomes?

Daniel Brière? Je ne crois pas.

Nathan Horton pourrait certainement renflouer un flanc droit qui en a bien besoin. Mais il coûtera très cher en millions et en années.

Jarome Iginla? Certains prétendront qu'à l'image de Lecavalier, ses meilleures années sont derrière lui. Ce qui n'est pas faux. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'a pas encore quelques bonnes saisons devant lui. À juste prix, Iginla mériterait certainement des considérations. Mais comme dans le cas de Lecavalier, le juste prix pour Iginla impose une limite de deux, peut-être trois ans à la durée du contrat. À moins que les Flyers ne viennent une fois de plus brouiller les cartes.

Mais comme ils doivent déjà délester des millions de dollars pour insérer le salaire de Lecavalier sous le plafond de 64,3 millions, ce serait surprenant qu'ils viennent encore déstabiliser l'équilibre financier de la LNH. Un équilibre qui vacille déjà dangereusement six mois à peine après la fin d'un lock-out qui devait justement servir à le rétablir. C'est bien pour dire...