Il y a plusieurs bonnes nouvelles dans le budget déposé hier par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty. Contrairement à ce que plusieurs craignaient, M. Flaherty maintient l'objectif de rétablir l'équilibre budgétaire en 2015-16 sans annoncer de compressions importantes. Alors que le budget de l'an dernier comportait des réductions de dépenses de plusieurs milliards, celui de cette année se contente d'économies de quelques dizaines de millions.

Le déficit zéro sera atteint grâce à l'augmentation des revenus générée par la croissance économique (2,5% en 2014, 2,6% en 2015). Les finances publiques canadiennes resteront donc dans une situation enviable à l'échelle internationale, le Canada étant le seul pays du G7 dont la dette publique équivaut à moins de 50% du PIB.

De plus, le gouvernement fédéral continuera à contribuer à la croissance économique de la meilleure façon qui soit, soit en investissant dans les infrastructures. Le budget Flaherty reconduit pour 10 ans le plan «Chantiers Canada», des investissements de plus de 47 milliards. Ces sommes seront consacrées à des projets (routes, ponts, transport en commun, etc.) d'envergure nationale, régionale et locale.

Malheureusement, on trouve aussi dans le «Plan d'action économique 2013» du gouvernement conservateur les pages 68 et 69. Deux pages sur 481 qui nous plongeront dans une longue et inutile chicane Ottawa-Québec. Il y est question de la «subvention canadienne pour l'emploi» que le fédéral veut mettre sur pied en tordant le bras des provinces.

L'objectif est louable: il s'agit de s'assurer que les programmes de formation de la main-d'oeuvre correspondent davantage aux besoins des entreprises. Aujourd'hui, des dizaines de milliers de postes ne sont pas comblés faute de travailleurs qualifiés, alors qu'un grand nombre de personnes demeurent sans emploi. Le problème entrave la prospérité du pays. Ottawa veut s'y attaquer en renégociant les ententes sur la main-d'oeuvre en vertu desquelles le fédéral transfère 2,7 milliards aux provinces.

Cependant, pour une part de cette somme - 300 millions - le gouvernement Harper adopte une approche typique du fédéralisme hautain que les conservateurs se plaisaient à dénoncer. En effet, la subvention à la formation proposée serait tripartite, le fédéral, la province et l'entreprise concernée en contribuant chacun le tiers. Ottawa impose donc aux gouvernements provinciaux de consacrer 300 millions à un programme dont il a, seul, conçu les paramètres.

Il y aura rapidement consensus au Québec contre une telle approche. Il est à souhaiter que, plutôt que se braquer comme c'est son habitude, le gouvernement Harper sera à l'écoute de ce consensus. De son côté, une fois son indignation exprimée, le gouvernement québécois devrait se montrer sensible aux préoccupations justifiées et légitimes exprimées par le gouvernement fédéral.