L'exploit n'est pas banal: en détrônant les Martlets de McGill, classées au premier rang au Canada et championnes de l'est du Canada depuis sept ans, les Carabins de l'Université de Montréal ont surpris beaucoup de monde.

Il s'agissait d'une belle démonstration de combativité, puisque les Bleus avaient perdu le premier match de la finale deux de trois par le compte de 6-1. La victoire décisive de 2-1, dimanche, sur la patinoire McConnell de McGill, est d'autant plus belle que les gradins étaient en majorité remplis de Carabins footballeurs, volleyeuses, nageurs et nageuses, ainsi que d'un groupe de tam-tams qui aurait pu faire lever un conclave de cardinaux.

Voilà, après quatre ans d'existence, l'esprit sportif et solidaire a atteint les autres étudiants.

Les filles s'en souviendront longtemps.

Les Martlets aussi, qui partagent une montagne avec les Bleus et qui voudront certainement prendre leur revanche l'an prochain.

Jointe hier au téléphone, Danièle Sauvageau, une des principales bâtisseuses du programme, marchait dans un nuage de papillons. Pour de vrai. Elle avait amené son neveu et sa nièce dans la volière à papillons du Jardin botanique, un must de la semaine de relâche.

«C'est vraiment bien, il y a des papillons sur mes épaules...»

- Que s'est-il passé dimanche, madame l'ex-entraîneur et médaillée olympique?

«Avec l'ambiance, les tam-tams, le score serré du début à la fin, c'était un des plus beaux matchs du hockey universitaire. Nos [quatre] joueuses de France pleuraient. Elles n'avaient jamais vécu quelque chose d'aussi émouvant.

«On savait qu'on pouvait tenir tête aux Martlets, mais on n'avait jamais aligné trois bonnes périodes de suite contre elles. Tout le monde a travaillé fort en même temps, tout le monde était très discipliné.

«Ce championnat veut dire que notre philosophie fonctionne. On a livré ce qu'on promettait. D'abord, un soutien à l'athlète. Elles sont bien entourées à tous les niveaux. Il y a un spécialiste pour répondre à toutes leurs inquiétudes.

«Nous avons gagné avec l'aide des adversaires dans notre division. McGill et Ottawa nous ont chauffées toute l'année.

«On a progressé grâce à elles.

«C'était beau à voir. Pendant quatre ans, nous avons vu grandir les filles. Elles étaient jeunes et timides au début. Maintenant, elles se tiennent droites, la tête haute et elles ont confiance en elles.

«Nous avons bâti un peu plus notre réputation, même à l'international, à cause de nos Européennes.»

La réputation, en sport universitaire, est ce qui attire la clientèle étudiante et les meilleurs athlètes collégiaux. Et si les Carabins remportaient le championnat canadien...

«Maintenant, il faut gérer nos émotions, ajoute Danièle Sauvageau. Nous nous entraînons chez nous demain [aujourd'hui], et puis nous prenons la route pour Toronto en autobus. Notre premier match aura lieu jeudi, contre l'Université de Toronto, l'équipe hôte.»

Notons l'excellent rendement de la gardienne Élodie Rousseau-Sirois, alors que les Martlets ont mené 39-26 au chapitre des lancers, dimanche.

Les autres participantes au tournoi canadien seront l'Université de Calgary, championnes de 2012, les Universités de la Colombie-Britannique, Queen's et St. Francis Xavier.

Danielle Sauvageau y sera, bien sûr, pour voir ses filles grandir un peu plus.

Du nouveau à la CBC

La CBC nous apprend, avec un peu de publicité, que vous pouvez écouter les matchs de hockey du samedi soir, ceux des Maple Leafs de Toronto surtout, en punjabi. On nous présente trois messieurs en complet-cravate, avec de longues barbes et des turbans.

Je me demande toujours comment ils disent: «Les gars ont montré qu'ils avaient du caractère.»

Ou bien: «Il faut pratiquer un échec avant agressif pendant trois périodes.»

Je parierais qu'ils sont aussi habiles avec les clichés que les gars de la CBC et les autres.