Wall Street est à la croisée des chemins. La Bourse américaine va-t-elle poursuivre son ascension dans un marché fondamentalement haussier («bull market») ou va-t-elle carrément plafonner et entrer dans un marché baissier («bear market»)?

Pourquoi je pose cette question? Parce que les statistiques boursières relevées par le stratège Ed Sollbach, de «Desjardins Capital Markets», font vraiment peur.

Depuis deux mois et demi, Wall Street affiche une belle performance, laquelle se répercute sur la Bourse canadienne et autres grandes bourses mondiales. En effet, le principal indice de la Bourse de New York, le S&P 500, a fait un spectaculaire bond de 11% entre le 4 juin et le haut de lundi dernier. Pendant ce temps-là, la S&P / TSX de la Bourse de Toronto enfilait un gain de 7,6%.

Comme rallye d'été s'en est un de vraiment significatif.

Ce rallye renferme toutefois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Soyons positifs et commençons par la bonne nouvelle. Les précédentes fois où nous avons eu droit à un tel solide rallye, cela correspondait au début d'un nouveau bull market. M. Sollbach en a recensé cinq. Et voici la hausse boursière qui a été enregistrée lors des six mois suivant le rallye estival.

-4 août 2009: 10,0%

-29 août 1984: 8,0%

-2 septembre 1982: 28,0%

-8 septembre 1970: 20,0%

-7 septembre 1962: 12,0%

La mauvaise nouvelle maintenant. Au moins à trois reprises dans le passé, le solide rallye estival a annoncé la fin d'un marché haussier. Ce fut malheureusement le cas en 1990, 1987 et 1978. Voici les baisses enregistrées au cours des six mois suivants.

-12 juillet 1990: -14,0%

-31 juillet 1987: -19,0%

-8 septembre 1978: -7,0%

Revenons au présent rallye boursier de l'été. Il faisait suite à la vive correction boursière survenue entre le début d'avril et le 4 juin. Les grands indices nord-américains, soit le S&P 500 de New York et le S&P/TSX de Toronto, avaient chuté tous les deux de 10%.On se souviendra que cette correction était alimentée par la fameuse crise de surendettement qui sévit en Europe, plus particulièrement en Italie, en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande.

La crise européenne est loin d'être résolue. Mais il appert que les pays aux finances relativement solides, comme l'Allemagne, la France, les États-Unis et la Chine, pour ne nommer que ceux-là, ne laisseront pas tomber les éclopés de l'Europe.

Le monde entier a avantage à ce que la zone euro reste unie et se sorte du pétrin financier. Donc, on s'attend à ce que d'autres mesures extraordinaires soient mises de l'avant pour sauver l'Europe.

Ce qui est en soi un facteur positif pour les marchés boursiers.

Bien entendu, une grande inconnue pend au-dessus des États-Unis. Qui remportera la course présidentielle: Barack Obama ou Mitt Romney?

Quoi qu'il en soit, le stratège de Desjardins Capital Markets reste optimiste. M. Stollbach croit que le S&P 500 pourra terminer l'année à 1520 points et le S&P / TSX à 14 200 points. Par rapport au niveau actuel des deux indices, cela donne une hausse potentielle de presque 8,0% pour l'indice américain et un gain potentiel de 17,0% pour l'indice torontois.

Plus optimiste que ça, c'est difficile à trouver!

J'aimerais quand même mettre en perspective sur cette hausse potentielle.

Par rapport au creux d'octobre 2011, il y a donc à peine 10 mois, le S&P 500 de Wall Street a explosé de 31%. Pendant ce temps-là, la Bourse canadienne affichait une augmentation nettement plus modeste, soit quelque 11,5%.

Vu la modeste hausse canadienne, on comprend pourquoi le potentiel de gain boursier d'ici la fin de l'année s'annonce, théoriquement parlant, plus fort du côté canadien que du côté américain.

Maintenant, je tiens à vous rappeler que le présent bull market perdure depuis le début de mars 2009. Par rapport à son creux du 6 mars 2009, le S&P 500 a explosé de 111%. C'est toute une performance en l'espace de seulement trois ans et demi.

Nous de ce côté-ci de la frontière, nous avons eu droit à hausse nettement moins spectaculaire, le S&P/TSX se contentant de nous rapporter 62%. Il est clair que la Bourse canadienne est présentement moins surévaluée que l'américaine...

On a au moins cela de gagné!