Doit-on de nouveau prendre la poudre d'escampette et délaisser la Bourse?

Voilà LA question que le détenteur d'un portefeuille d'actions ou de fonds communs d'actions se pose depuis plusieurs semaines.

Par suite d'un mois particulièrement pourri en Bourse, je comprends parfaitement cet état d'âme. Et ce n'est pas une séance de temps à autre à la hausse comme hier qui va effacer les grandes inquiétudes de l'heure boursière.

Il suffit de revoir objectivement le comportement de la Bourse depuis le début de l'année pour se rendre compte qu'on traverse une autre année boursière difficile.

Coup d'oeil sur la Bourse canadienne.

Avant la hausse d'hier, le principal indice de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX Composite, affichait un recul de 5,2% depuis le début de l'année. Pendant ce temps-là, l'indice des petites capitalisations de la Bourse de croissance torontoise, le TSX Venture, accusait une baisse de 13,9%.

La Bourse américaine, elle, affichait une meilleure performance. Alors que le Dow Jones accusait un retard de 1% depuis le début de l'année, le S&P 500 présentait un gain de 1,6% et le NASDAQ, un bond de 5,9%.

Les investisseurs ne s'emballent aucunement avec cette relative bonne performance de Wall Street. Pourquoi? Parce que la Bourse américaine a reculé de façon appréciable au cours des dernières semaines.

Cela a tellement ébranlé la confiance des investisseurs qu'ils se demandent si on n'est pas en train de revivre une autre vive correction à la baisse, pour ne pas parler d'un «Bear Market».

À la décharge des investisseurs, il faut dire que la claque a été assez violente. À preuve, l'indice boursier le plus représentatif de Wall Street, le S&P 500 de la Bourse New York, affichait à la fermeture de lundi un recul de 10,2% par rapport à son récent haut de l'année atteint le 2 avril.

Pour sa part, le populaire Dow Jones allait perdre en l'espace d'un mois quelque 9,3% par rapport à son haut du début de mai.

Bien qu'il continue de présenter la meilleure fiche boursière de la Bourse nord-américaine, le NASDAQ n'en a pas moins mangé lui aussi une violente claque au cours des deux derniers mois. Il a chuté de 12% depuis la fin de mars dernier.

Après lecture de ces statistiques boursières, on comprend mieux pourquoi de plus en plus d'investisseurs ont présentement le «mental boursier» sur la déprime.

Un solide gestionnaire de portefeuille institutionnel (qui tient à son anonymat) me racontait la semaine dernière qu'il attendait que la masse des investisseurs jettent l'éponge pour recommencer à refaire le plein d'actions. Selon lui, la déprime n'était pas encore assez prononcée... Déjouons-le!

De ce temps-ci, les analystes techniques surveillent de très près deux marques particulièrement significatives pour essayer de prévoir la tendance à court terme de Wall Street. Et entre nous, qui dit tendance de Wall Street, dit tendance mondiale de la Bourse.

Pour le Dow Jones des 30 grandes sociétés américaines, le seuil à surveiller tourne autour des 12 100 points. En cours de séance lundi, le Dow a enregistré un creux de 12 003 points, mais réussissait à boucler la séance à 12 101 points. Hier, le Dow re...testait de nouveau le «plancher» en reculant momentanément à 12 072 points... Comme la veille, il a réussi à repasser au-dessus de la barre des 12 100 points.

Et concernant l'indice S&P 500, le seuil technique à surveiller de près jouerait entre 1256 et 1259 points. Au cours de la séance de lundi, le S&P 500 a réussi à se maintenir au-dessus dudit seuil technique. Il a touché en cours de séance un creux de 1266 points, et a fermé à 1278 points. Hier, le S&P 500 s'est maintenu au-dessus du seuil critique sans problème.

Vous aurez deviné qu'en traversant ces seuils techniques à la baisse, le momentun de la déprime s'accentuerait, faisant chuter davantage Wall Street. Théoriquement parlant, s'entend!

Depuis le début de l'actuel cycle haussier amorcé en mars 2009, Wall Street a traversé neuf corrections à la baisse qui ont varié dans une fourchette allant de quelque -4,0% à -18,0%.

La présente correction est donc à mi-chemin de la fourchette. Elle peut évidemment se poursuivre étant donné la grave crise européenne des dettes souveraines, le ralentissement économique en Chine, le niveau élevé de chômage aux États-Unis, la lente reprise économique américaine, le niveau d'endettement américain, l'incertitude soulevée par les élections présidentielles américaines, la marge de manoeuvre de plus en plus limitée de la Réserve fédérale pour stimuler l'économie américaine.

Cependant, il n'en demeure pas moins que le risque à la baisse s'est passablement atténué avec la présente correction baissière.

Il est évident que les investisseurs aguerris réinvestissent une partie de leurs liquidités quand on approche des seuils critiques.

Bien sûr que c'est risqué! C'est le propre de la Bourse.

Le Dow Jones se négocie présentement à 11,78 fois les bénéfices prévus, le S&P 500 à 12,55 fois et le S&P/TSX à 12,35 fois.

On ne peut donc pas parler d'un marché surévalué. Pour autant que les bénéfices anticipés soient au rendez-vous...

Si cela peut encourager les investisseurs qui ont le «mental» dans les talons, sachez que le S&P/TSX devra grimper de 31% pour atteindre son haut historique. Le Dow Jones, lui, devra monter de 16,8% et le S&P 500 de 21,8%.

On s'encourage comme on peut!