Nous avons entendu beaucoup de choses sur René Bourque depuis qu'il est passé au Canadien. Grand, costaud, robuste, bon lancer, capable de marquer des buts, une terreur dans les coins et devant le but adverse... La plupart des observateurs parlaient d'un bon coup de la part de Pierre Gauthier.

Mais ce qu'on n'a pas entendu beaucoup, surtout dans les médias francophones au Centre Bell, peut-être à cause de la distance, ou bien de la langue, c'est le commentaire de l'ancien gardien et excellent analyste Kelly Hrudey: «On dirait que ce gars-là s'en fout... Il devrait s'excuser auprès de ses coéquipiers...»

Voilà. Les Flames n'auraient pas échangé aussi rapidement un attaquant grand, costaud, fort, capable de marquer des buts... sans qu'il y ait une petite tare dans le produit. Un léger défaut de fabrication, comme ils disent au rayon des chaussettes en solde.

Bref, Pierre Gauthier nous a déniché une sorte d'Andreï Kostitsyn. Certains soirs, ça lui tente, d'autres soirs, ça ne lui tente pas. Une prédiction: Bourque connaîtra d'abord une bonne séquence chez le CH, question de motivation. Puis il redeviendra ce qu'il a toujours été: des soirs oui, des soirs non...

Très (trop) impatient quand il répond aux questions des journalistes, monsieur Gauthier nous a raconté qu'il lui fallait grossir son équipe, et d'urgence. C'est pourtant lui, avec Bob Gainey, qui avait choisi le virage vitesse, habileté, patinage...

On change soudainement l'identité de l'équipe? Ne nous prenez pas pour des cruches, monsieur Gauthier. Tout ça ressemble plutôt à du n'importe quoi.

Il ne faut pas en vouloir au DG du Canadien pour ses propos d'une honnêteté douteuse. Le gars ne sait vraiment plus où il s'en va.

D'ailleurs, un petit comité d'experts qui désirent conserver l'anonymat, en fait, ils sont réellement d'ennuyants inconnus, prédisent que le CH en a encore pour au moins deux ans de médiocrité.

Il faudra se montrer patient, s'abonner à la bibliothèque, suivre des cours de yoga...

Le retour de Gomez

En voyant Scott Gomez de retour au jeu samedi, je me suis mis à souhaiter au CH une autre transaction en temps réel. Après deux périodes, oups, le gars a disparu pour de bon. Ça ne s'est pas produit et Gomez faisait vraiment pitié à voir.

Si vous voulez mon avis, le bonhomme est tout simplement victime de l'irréparable outrage du temps. Il a perdu la fraction de seconde, dans les déplacements et dans l'exécution, qui ramène un grand joueur au niveau des joueurs moyens. Ou pire.

Et ce qu'il y a d'ennuyeux là-dedans, c'est que cette fraction de seconde de plus ne s'en ira jamais. Gomez aura beau nous promettre de s'entraîner plus fort et de se racheter, comme il l'avait promis l'été dernier, le corps humain ne retourne pas dans le passé. À moins de prendre beaucoup de drogues, mais c'est illégal et dangereux.

Il est tout de même curieux que de grands hommes de hockey comme Bob Gainey et monsieur Gauthier n'aient pas compris ce phénomène quand ils ont acquis Gomez des Rangers de New York.

Ils étaient justement à Montréal hier soir, les Rangers, comme pour nous rappeler combien ils ont ri quand ils se sont débarrassés de Gomez. Sauf qu'ils ont aussi mis la main sur un choix de première ronde du Canadien, Ryan McDonagh, un défenseur rapide, robuste et efficace dans les deux sens du jeu, un tout jeune défenseur qui s'est classé parmi leurs quatre premiers depuis son arrivée à New York en janvier 2011.

Quand Scott Gomez aura quitté le CH, McDonagh, lui, deviendra peut-être une star de la LNH.

Ainsi va la vie.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Scott Gomez a perdu la fraction de seconde qui sépare un grand joueur d'un joueur moyen. Le temps a fait son oeuvre.

Game Over

La belle aventure de Tim Tebow est terminée, mais le jeune homme pourra se vanter de nous avoir traînés avec lui et de nous avoir fait ravaler nos paroles. La fin du joli scénario a été un peu cruelle, toutefois. Comme si on s'était énervés pour rien. 45-10, ce n'était pas beau à voir si on était partisan des Broncos.

Est-ce que ces derniers ont trouvé leur quart-arrière de l'avenir? Permettez-moi d'en douter. Tim Tebow a encore beaucoup de choses à apprendre.

J'aurais aimé lui parler après le match de son fan numéro un, Dieu lui-même. J'ai côtoyé plusieurs christians dans le sport, au baseball et au football surtout. Tebow m'aurait répondu que Dieu avait jugé bon que les Broncos soient éliminés, peut-être pour leur apporter un avenir meilleur, peut-être pour les punir pour des péchés qu'eux seuls connaissent.

C'est ce qu'il y a de beau avec la religion. Dieu a toujours raison. Vous gagnez? C'est Dieu qui l'a voulu...Vous vous cassez la jambe? Dieu pense que c'est bon pour vous...

Mais je persiste et j'aurais aimé poser à Tim Tebow une dernière question: si Dieu s'intéresse vraiment au football, pourquoi laisse-t-il gagner un tricheur comme Bill Belichick?

Photo: Reuters

Tim Tebow a encore beaucoup de choses à discuter avec Dieu avant de devenir le quart-arrière de l'avenir pour les Broncos.