Champion NABA, champion NABO, champion IBF international, WBC International, il y aura même un champion d'Europe samedi au Centre Bell. Et c'est là un des problèmes de la boxe qui, si elle fleurit curieusement à Montréal et au Québec, est en perte de vitesse aux États-Unis. Trop de champions et d'ex-champions pas tous glorieux, trop de lettres, comme ils disent dans le milieu...

Un chroniqueur irlandais a déjà écrit que toutes ces ceintures étaient plus faciles à prendre que celle qui soutenait son pantalon.

Le gala que présentera le groupe GYM (Groupe Yvon Michel) samedi est un spectacle de boxe locale, de bonne boxe locale avec des espoirs qui ont de l'ambition et des dents. Et si les adversaires sont aussi coriaces qu'on le dit, le spectateur pourrait profiter d'une bonne affaire.

Parce que les 3000 personnes attendues seront de véritables amateurs de boxe. Les billets se vendent entre 150$ et 60$, ce qui, de nos jours, est une aubaine, et ces gens-là savent reconnaître la belle occasion.

Privé de champions - Jean Pascal étant le dernier en lice - GYM se concentre sur le local avec une finale Lemieux-Alcine qui n'intéresse à peu près personne en dehors du Québec.

Son rival InterBox a choisi de se concentrer sur Lucian Bute et quelques rares élus triés avec prudence. Moins de chevaux, plus de budget et de temps pour chacun, plus de revenus... InterBox, avec son champion respecté sur toute la planète boxe, donne dans l'international, pour le moment.

À deux, les deux promoteurs de boxe de Montréal ont éliminé tous les concurrents qui s'essaient toujours avant de disparaître aussi vite qu'ils sont venus.

Attention aux imprévus

La demi-finale de samedi, par exemple, pourrait être intéressante. Le super-moyen Adonis Stevenson (168 livres), un boxeur spectaculaire, affrontera Aaron Pryor Jr., fils d'une légende qui avait failli décapiter notre Gaëtan Hart national, un athlète de 6'4 avec une fiche respectable de 16-4-0 et 11 K.-O.

Avant lui, Eleider Alvarez (175 livres), un Colombien installé à Montréal, serait un boxeur à surveiller. On verra.

Dix combats prévus alors que les nôtres auront comme adversaires un Français, deux Hongrois, un Portugais, un Dominicain... et aucun Mexicain, ce qui est bon signe parce que les Mexicains, de véritables mercenaires du ring, viennent souvent pour encaisser un chèque et ne pas trop insister sur la douleur...

Je peux me tromper complètement, mais j'ai confiance.

Parlons-en à Bernard Barré, vice-président chez GYM...

- Belle carte, M. Barré?

- Oui, très belle carte, s'il n'y a pas d'imprévus.

Par imprévu, il voulait dire si tous les boxeurs réussissent à passer les douanes sans être retournés dans leur pays, ce qui n'est pas rare quand il y a trop de lettres associées à leur nom.

Le vrai match

Il s'est dit des mots durs, surtout de la part de Joachim Alcine qui a accusé son ex-gérant, Yvon Michel, de tous les péchés du monde. Des choses graves, des sous-entendus vicieux...

En conférence de presse hier, à quelques pieds d'Alcine, Yvon Michel s'est contenté d'une courte déclaration pour tout nier et il nous a fait savoir qu'il n'en reparlerait plus avant la fin du combat.

Il est parfois prudent de ne pas se disputer en public. On dit des choses qui ne devraient pas être sues et tout le monde risque de sortir perdant de la discussion.

Mais quelque chose me dit que cette histoire n'est pas terminée.

Mon père est le plus fort

Il vaut mieux ne pas trop parler, mais il ne faut pas oublier le rituel qui veut qu'on soit fort en gueule avant de monter dans l'arène, question de prouver à l'autre qu'on n'a pas peur de lui, que notre père est plus fort que le sien, etc.

David Lemieux a dit à Alcine qu'il lui réservait une grande surprise. Le gérant d'Alcine nous a conseillé de ne pas cligner des yeux, sinon nous pourrions tout manquer.

Mon collègue Gabriel Béland, qui n'en rate pas une, a précisé: Get a pop, get a pop corn and don't blink... Voilà ce que le gérant américain d'Alcine aurait dit s'il avait exprimé toute sa profonde pensée.

Ils étaient tous prêts hier à la station de radio NRJ où avait lieu la rencontre de presse, Joachim Ti-Joa Alcine, Adonis Superman Stevenson, (voilà ce qu'on appelle se mettre doublement de la pression), Eleider Storm Alvarez, Oscar Kaboom Rivas, il y avait même Herman La panthère noire Ngoudjo, venu saluer ses ex-collègues de travail.

- Et vous, David Lemieux, quel est votre surnom?

- Je n'en ai pas et je n'en veux pas. David Lemieux suffit, ils vont apprendre à me connaître...

- Une prédiction?

- Alcine ne terminera pas le combat. C'est plus qu'une prédiction, c'est une garantie.

Voilà comment on cause quand on est boxeur.