C'était pourtant une journée parfaite pour jouer au hockey: un mercure flirtant avec le point de congélation; les premiers brins de neige de la saison; les Stars de Dallas qui faisaient escale au Consol Energy Center dans le cadre d'un duel opposant les deux meilleurs clubs de la LNH jusqu'ici cette saison.

Tout y était. Sauf Sidney Crosby.

Après avoir lui-même évoqué en début de semaine la possibilité d'un retour au jeu, Crosby s'est réfugié derrière la prudence et la patience qui priment dans le cadre de sa réadaptation.

Crosby n'a pas joué depuis le 5 janvier en raison des contrecoups d'une commotion cérébrale subie lors de la Classique hivernale le 1er janvier. Une commotion qu'il a aggravée dès le match suivant contre Tampa Bay.

Sid the Kid a donc raté le match d'hier. Il ratera aussi celui de ce soir en Caroline. Un nouveau compte à rebours s'amorcera avant la visite de l'Avalanche mardi, entraînant la venue de journalistes des quatre coins de la LNH.

De la quinzaine de reporters débarqués à Pittsburgh au cours des derniers jours, deux seulement assistaient au match Stars-Penguins: un collègue du Sporting News qui n'a pu modifier son billet d'avion... et moi!

Avec tout plein de sièges vides qui nous séparaient des collègues de Dallas loin à gauche et de ceux de Pittsburgh, plus loin encore à droite, Jesse Spector et moi avions des allures de Vladimir et Estragon sur la galerie de presse hier. Sauf qu'au lieu d'attendre Godot, on attendait Sidney. Chacun son combat!

Le meilleur sur la glace

Si certains collègues soupçonnent une légère rechute pour expliquer la volte-face de Crosby cette semaine, Marc-André Fleury n'en croit rien.

Toujours souriant, sauf après une élimination en sept matchs aux mains du Canadien, Fleury a souri plus qu'à l'habitude lorsque je lui ai demandé s'il avait vu une amélioration dans la qualité du jeu de Crosby depuis son retour à l'entraînement.

«Sidney est aussi bon qu'il l'a toujours été. Ses mains, sa vision, ses feintes, ses tirs, tout est là. Je crois juste que c'est une question de confiance. Il va attendre de se sentir prêt. C'est lui qui le saura. Mais pour ce qui est du hockey, il est prêt depuis longtemps», a tranché Fleury, qui a bien hâte que son capitaine s'acharne sur les autres gardiens de la LNH dans le cadre de vrais matchs plutôt que sur lui lors des entraînements.

Neal sort de l'ombre

Sidney Crosby est patient. Ses coéquipiers, son entraîneur-chef Dan Bylsma et même ses partisans, qui l'attendent depuis près d'un an, le sont aussi. Croisé hier matin avec un café à la main et un sourire au visage, Mario Lemieux, quant à lui, avait l'air d'un proprio pas mal plus prospère qu'inquiet.

Il faut dire qu'en battant les Stars hier, ses Penguins affichent 10 victoires (10-3-3) cette saison. Ils se réveillent au premier rang de la LNH, malgré l'absence de Crosby, les sept parties ratées par Evgeni Malkin et les blessures et suspension qui ont touché ou touchent encore les Brooks Orpik, Tyler Kennedy et Kristopher Letang, pour ne nommer que ceux-là.

«Le fait d'avoir été privé de Sid et Gino (Evgeni Malkin) si longtemps l'an dernier nous a permis de nous ajuster. De jouer en équipe. De respecter le système. Et parce qu'on a connu du succès (22-12-7) sans eux, nous avons amorcé l'année avec confiance», expliquait hier Pascal Dupuis, qui évolue à la droite de Jordan Staal en l'absence de Crosby.

«Marc-André effectue les gros arrêts et lui, il marque des buts», a poursuivi Dupuis pour expliquer l'excellent début de saison des Penguins. Lui, c'est James Neal. Avec ses 10e et 11e buts de la saison, il a guidé les Penguins à une victoire de 3-1 aux dépens des Stars.

Acquis pour pallier les pertes de Crosby et Malkin l'hiver dernier, Neal n'a pas fait le travail. Il s'est contenté de 1 but et de 6 points en 20 matchs.

Cette année, il est devenu le prix de consolation offert par les Penguins aux partisans en l'absence de Crosby.

«Je n'irais pas jusque-là, mais je suis très heureux de ma saison. Personne ne peut remplacer Sidney Crosby. Je l'ai appris à la dure l'an dernier alors que je me donnais comme mandat de remplacer Crosby et Malkin. Cette année, je me contente d'être moi-même», a assuré Neal à Pittsburgh, hier.

En plus de flirter avec le premier rang des marqueurs, Neal domine le circuit avec 68 tirs.

«Il a marqué dès son premier match (à Vancouver) en tirant de l'arrière du filet. Ce but lui a donné une confiance qu'il n'affichait pas l'an dernier. Il tire beaucoup, mais obtient aussi des tirs de qualité. Je ne sais pas combien de poteaux il a frappés, mais il pourrait avoir six ou sept buts de plus», a assuré Dan Bylsma, qui salive déjà en pensant à l'offensive dont il profitera lorsque Sidney reviendra au jeu. Parce que contrairement à Godot, Crosby devrait bien revenir un jour...