Quel cadeau de Grec que cette décision du gouvernement Papandréou de tenir un référendum en janvier prochain sur le plan de sauvetage proposé la semaine dernière dans le dessein de sortir notamment la Grèce du béant trou financier dans lequel le pays s'est enlisé.

Ça ne prend pas un génie de la Bourse pour comprendre à quel point l'annonce d'un tel référendum allait entraîner les marchés boursiers dans une autre déconfiture. En deux séances, les bourses de Francfort, Paris et Athènes ont chuté de 9 à 10%. Celle de Londres de 6,7%. De ce côté-ci de l'Atlantique, les grands indices nord-américains accusaient de 5 à 6% de recul entre le creux d'hier et le haut de vendredi dernier.

Et ça risque d'empirer... si le gouvernement grec ne revient pas sur sa décision. L'un des pires ennemis de la Bourse, c'est l'incertitude. Avec le projet de référendum grec, les marchés financiers se retrouvent à la merci de deux longs mois d'attente. Quand on sait que 24 heures en Bourse, c'est long, imaginez maintenant un délai de plus de deux mois.

C'est vraiment déboussolant pour toutes les grandes places boursières du monde entier. D'autant plus que connaissant la réticence des Grecs devant toute mesure de resserrement des finances du pays, les probabilités que le Non l'emporte sont élevées. D'ailleurs, un sondage révélait samedi dernier que 60% des Grecs sondés percevaient négativement le plan de sauvetage.

L'incertitude monstre que ce référendum grec va générer au cours des deux prochains mois va non seulement alimenter une nouvelle grande vague de spéculation en Bourse, mais également sur les marchés obligataires (avec les fluctuations des taux d'intérêt) et les marchés monétaires (variation des taux de change: euro, dollar, etc.)

Et la grande question: que fera l'Union européenne si le Non l'emporte? Va-t-elle mettre la Grèce dehors? Où va-t-elle lui donner d'autres cadeaux financiers pour la secourir contre la faillite du pays?

Méchant dilemme quand on sait que la faillite de la Grèce risque de provoquer un effet domino sur plusieurs grandes banques européennes (françaises, allemandes...), en plus d'entraîner l'Europe en récession. Et peut-être même les États-Unis, la Chine.

Une lueur d'espoir? Si jamais le gouvernement Papandréou, dont la majorité au Parlement ne tient qu'à un fil, se faisait renverser par l'opposition, le référendum aboutirait sur les tablettes. En effet, l'opposition grecque ne veut semble-t-il rien savoir d'un tel référendum...

Quoi qu'il en soit, tant et aussi longtemps que le référendum grec pendra au-dessus de la Bourse comme une épée de Damoclès, les titres bancaires européens n'ont pas fini de se faire tabasser. Hier, des titres ont perdu en cours de séance jusqu'à 16% de leur valeur. Et cette chute s'est répercutée sur tous les titres bancaires du Canada et des États-Unis.

Pourquoi nos banques nord-américaines souffrent-elles de la crise grecque? Parce que si les Grecs rejettent le plan de sauvetage de la semaine dernière, la Grèce pourrait devoir déclarer faillite. Et dans un tel cas, on assisterait à une déstabilisation de l'industrie bancaire. Du moins pendant un certain temps.

Rappelez-vous la faillite de Lehman Brothers en 2008. C'est elle qui avait déclenché la crise bancaire américaine, laquelle s'était répercutée sur les banques du monde entier.

Le plan d'aide adopté la semaine dernière prévoyait que les banques allaient effacer 50% de leurs créances grecques, soit 100 milliards sur une dette totale de 350 milliards.

Si le plan tombe à l'eau, les grandes institutions prêteuses vont se retrouver avec des dettes grecques doublement plus lourdes à supporter.

Décidément, l'année 2011 est pénible à supporter, à la Bourse s'entend.

Lors des dernières semaines, les grandes places boursières avaient retrouvé la «bonne» direction, en effaçant plus de la moitié des pertes subies entre la fin juillet et le début d'octobre, pertes variant de 22% à 35% selon les bourses.

Et voilà qu'on retombe de nouveau en correction. Il ne suffit donc pas de proposer un bon plan de sauvetage des dettes souveraines européennes, encore faut-il le faire accepter.

Misère!