Emmenez-en des super riches comme Warren Buffett. Le multimilliardaire ne se contente pas de consacrer une vaste portion de sa fortune à des oeuvres de bienfaisance, à l'instar de son ami Bill Gates. Il fait actuellement pression sur le gouvernement américain pour qu'il hausse les impôts de ses collègues riches comme Crésus.

Eh oui! Dans une lettre ouverte publiée dans le New York Times, Warren Buffett se plaint de ne pas payer assez d'impôt sur ses faramineux revenus. Il trouve injuste de payer un faible taux d'impôt fédéral comparativement à la masse des travailleurs américains. Conséquemment, il désavoue la décision des républicains de bloquer une hausse des impôts des Américains fortunés, tel que l'avaient proposé les démocrates de Barack Obama dans le cadre des tumultueuses négociations portant sur le relèvement du plafond d'emprunt de la dette.

Voici des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, selon le PDG de la multinationale Berkshire Hathaway.

Pour l'année 2010, Warren Buffett affirme avoir payé 6,9 millions d'impôts. Cela représentait 17,4% de son revenu imposable de quelque 40 millions de dollars. Il déplore que son taux d'imposition soit inférieur à celui de ses employés de bureau, dont le fardeau fiscal moyen est de 36%.

Dans sa lettre ouverte publiée dans le New York Times, le milliardaire trouve inacceptable de voir ainsi les ultras riches américains, comme lui, payer un taux d'imposition relativement faible à comparer au bon peuple.

Il suggère donc que les riches Américains fassent davantage leur part en payant plus d'impôt. Sa recette pour aider le gouvernement américain à sortir de la crise budgétaire? Il recommande de ne pas toucher les niveaux d'impôt de 99,7% des contribuables, mais d'augmenter les impôts de tous les gens qui gagnent 1 million et plus par année. Et au-dessus d'un revenu de 10 millions l'an, les riches devraient payer un autre supplément fiscal.

Warren Buffett n'est pas le seul ultra riche Américain à faire pression sur le gouvernement américain pour payer plus d'impôts. Au nombre de ces riches et célèbres entrepreneurs américains qui sont très réceptifs à l'idée de taxer davantage les gens à très haut revenu, on retrouve Mark Zuckerberg, le fondateur et PDG de Facebook, Bill Gates, le fondateur de Microsoft, l'homme d'affaires et maire de New York Michael Bloomberg, de même que le milliardaire Ted Turner, fondateur de CNN.

Évidemment, quand vous êtes milliardaire, ce ne sont pas quelques millions de plus d'impôt à payer chaque année qui vont changer votre train de vie. Cela dit, il faut voir dans cette volonté de payer plus d'impôt une symbolique susceptible de forcer les républicains à réviser leur réticence à augmenter l'impôt des Américains à revenus élevés.

Rappelons que l'ancienne administration Bush avait accordé des baisses importantes d'impôt aux 2% des ménages les plus riches des États-Unis. Ces baisses sont en vigueur jusqu'à la fin de l'année prochaine. Au printemps dernier, l'administration Obama s'était lancée dans une croisade visant à convaincre ses adversaires républicains d'augmenter l'impôt des riches.

Le président Obama voyait dans cette hausse d'impôt un moyen d'aller chercher un peu plus de revenus afin de réduire un tant soit peu l'énorme déficit budgétaire du gouvernement américain.

Malgré l'appui des Buffett, Gates, Zuckerberg et compagnie à cette hausse d'impôt des riches, le président Obama n'a pas reçu le feu vert des républicains. Il lui a fallu faire une série de concessions budgétaires différentes pour obtenir le consentement des républicains sur le relèvement du fameux plafond de la méga dette américaine de 14 400 milliards US. Et mettre ainsi fin au débat qui risquait de mettre les États-Unis en défaut de paiement.

Les États-Unis ont vraiment besoin d'augmenter leurs revenus d'impôt. Bien entendu, même si le cri du coeur «Tax me» des milliardaires américains recevait l'aval des républicains, la somme récoltée ne réglerait en rien le lourd déficit budgétaire de l'ordre 1600 milliards US.

Il faut plutôt voir dans ce «Tax me» une volonté des riches parmi les riches à aider le pays à se sortir du béant trou financier dans lequel il baigne depuis la crise financière de 2008.

À ma connaissance, aucun riche entrepreneur canadien n'a encore lancé un tel appel à ses pairs. Pourtant, les hauts dirigeants des grandes sociétés inscrites en Bourse continuent de bénéficier d'un traitement fiscal de faveur sur les milliards de dollars de profits qu'ils encaissent annuellement avec la levée de leurs options, et ce, sans courir le moindre risque. Seulement une partie de ces profits sont imposables, à comparer à 100% de notre salaire, aussi petit soit-il.

Cette générosité fiscale de la part du fédéral et des provinces envers ces riches fait partie des aberrations de notre système fiscal.