J'ai récemment reproché au Fonds FTQ de promouvoir le magique rendement que ses actionnaires obtiennent en intégrant dans leurs calculs les crédits d'impôt versés par les gouvernements de Québec et d'Ottawa.

«Au fil des ans, indique-t-on dans le communiqué sur les derniers résultats financiers, les avantages du Fonds sont significatifs puisqu'en incluant l'effet des crédits d'impôt totalisant 30%, un actionnaire qui, par exemple, a investi la même somme chaque année sous forme de retenue sur le salaire a obtenu un rendement composé annuel de 13,1% sur sept ans et de 9,5% sur dix ans.»

Pendant ce temps-là, le portefeuille du Fonds rapportait sur 10 ans un rendement réel annualisé de 0,4%.

Pourquoi intégrer les crédits d'impôt dans le calcul du rendement? «On a eu beaucoup de discussions là-dessus. Ça fait juste quelques années qu'on le fait. À la demande des actionnaires. Mais on ne veut pas noyer notre rendement de portefeuille...», explique Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques, lors d'une entrevue au siège social du Fonds FTQ.

«Je ne veux pas me bomber le torse dans le sens que j'ai livré du 9,5% alors que notre gestion de portefeuille a rapporté 0,4%», ajoute Michel Pontbriand, premier vice-président finances. Mais, insiste-t-il, comme les crédits d'impôt font partie du produit, l'actionnaire doit en tenir compte. Quand il effectue une contribution de 1000$ dans le Fonds FTQ, l'actionnaire «a juste investi 700$» sur cette tranche de 1000$.

Pour se montrer encore plus convaincant, M. Pontbriand m'a présenté une feuille sur laquelle il avait dressé la «Valeur du crédit d'impôt en rendement annualisé», et ce, pour des périodes d'un an à 10 ans avant la retraite. Ainsi, dans le cas d'une contribution forfaitaire unique, le crédit d'impôt de 30% rapporte à lui seul un rendement annualisé de 7,62% sur cinq ans ou 3,77% sur 10 ans.

Dans le cas des contributions annuelles sous la forme de retenue à la source, la valeur du crédit de 30% rapporte un rendement annualisé de 14,59% en cinq ans ou 6,93% sur 10 ans.

«Ce n'est vraiment pas à dédaigner, ajoute M. Pontbriand. Moi, je dis que c'est un très très bon rendement.»

M. Tremblay a renchéri en insistant sur l'exemple qu'il n'en coûtait finalement après impôt que 6,08$ par semaine (316$ en 1 an) à un travailleur pour économiser 1000$ par année avec un REER du Fonds de solidarité. Il faisait ici référence à un travailleur au revenu imposable variant de 41 545$ à 78 120$.

Titres étrangers

Par ailleurs, dans ses états financiers au 31 mai 2011, le Fonds FTQ mentionne qu'il détient dans son portefeuille des titres en devises étrangères pour une valeur d'environ 1,3 milliard de dollars, dont 710 millions en dollars américains, 201 millions en euros, 166 millions en livres sterling. Cette portion de titres étrangers représente 16% des 8,2 milliards d'actif net du Fonds FTQ.

Pourquoi tant d'argent investi à l'étranger? Le Fonds de solidarité renferme deux grands portefeuilles, soit le portefeuille Investissements dans les PME québécoises et le portefeuille Placements. Le portefeuille Investissements (5,2 milliards) a pour objectif de répondre à la mission première du Fonds qui doit investir au moins 60% de son actif net de l'année précédente dans du capital de risque au Québec. Le portefeuille Placements (3,0 milliards), lui, a essentiellement pour objectif d'aider le Fonds à offrir à ses 583 235 actionnaires un rendement compétitif.

Vu la forte concentration du Fonds dans les PME québécoises, le portefeuille Placements joue donc un rôle majeur de diversification en termes de géographie, de monnaie et de catégorie de placements, soit en obligations, actions sectorielles, fonds de couverture et encaisse.

«Ça répond aux préoccupations de nos actionnaires, ajoute M. Pontbriand. Ils veulent obtenir un rendement compétitif sur le marché de l'épargne, tout en considérant les crédits d'impôt. Et ils veulent éviter une baisse du prix de l'action autant que faire se peut. Ils ne veulent pas que ce soit trop volatil.»

«On n'aime pas se faire comparer aux fonds mutuels. Notre diversification fait en sorte qu'on a moins de volatilité que les fonds mutuels. Quand les marchés montent, on le dit, on ne montera jamais aussi haut que les fonds mutuels. Mais quand ça baisse, on ne baissera jamais aussi bas qu'eux.»

Le Fonds de la FTQ a rapporté un rendement de 8,8% pour l'année 2011, à comparer à un rendement de 11,6% pour l'indice Globe équilibré canadien neutre des fonds équilibrés. Pour la période de 10 ans, l'indice présente un rendement annualisé de 3,8% et le Fonds FTQ un maigre 0,4%. Mais avec les crédits d'impôt, indique-t-on dans le tableau comparatif qu'on me présente, ce rendement annualisé sur 10 ans grimpe à 9,5%.

À quel rendement les actionnaires du Fonds FTQ doivent-ils s'attendre au cours des prochaines années? M. Pontbriand évalue que le rendement annualisé sans les crédits d'impôt devrait s'élever autour de 3,0% lors des 10 prochaines années. Cela est en ligne directe avec la performance historique du Fonds, soit un rendement annuel moyen de 3,5%.