À la suite de la crise financière qui nous a menés tout droit en récession, le gouvernement conservateur a bonifié les prestations d'assurance emploi, tout en rendant le régime plus accessible aux chômeurs. Bravo! même si cela a eu pour effet de créer un déficit dans la caisse de l'assurance emploi.

Le déficit cumulatif des dernières années devrait s'élever autour de 8 milliards. Pour renflouer les coffres de l'assurance emploi, le gouvernement fédéral a décidé d'augmenter les taux de cotisation au populaire régime.

Et sa stratégie s'avérera très rentable. Au cours des quatre exercices financiers se terminant en 2015-2016, la caisse de l'assurance emploi aura réussi à engranger 17,5 milliards de surplus. Autrement dit, non seulement le fédéral épongera-t-il le déficit de 8 milliards, mais en plus il jouira d'un plantureux coussin financier de 9,5 milliards.

Des lecteurs se questionnent sur la pertinence d'augmenter ainsi les taux de cotisation de l'assurance emploi.

Yvon B. est de ceux-là. «Si le Canada est revenu au niveau d'emploi d'avant la récession, pouvez-vous m'expliquer pourquoi le gouvernement fédéral est obligé d'augmenter le taux de cotisation de l'assurance chômage?»

En fait, ça l'arrange drôlement bien de faire de l'argent comme de l'eau avec l'assurance emploi dès l'an prochain. Sur le plan du budget, ces surplus de l'assurance emploi lui permettent de réduire son déficit... et même de déclarer un surplus à partir de 2015-2016.

Personnellement, je trouve déplorable de réaliser d'énormes surplus avec l'assurance emploi. De deux choses l'une: ou bien on remet aux chômeurs les surplus en bonifiant le programme... ou bien on diminue les taux de cotisation. Une simple question d'équité: le fédéral n'a pas à faire d'argent sur le dos des chômeurs.

Par ailleurs, dans ma chronique «La flambée fiscale bleue» de jeudi dernier, je rapportais que le nouveau budget conservateur allait récolter d'ici les cinq prochaines années des augmentations annuelles d'impôt, de taxes et de droits trois fois plus élevées que les hausses de dépenses gouvernementales. C'est le prix à payer pour éponger la fabuleuse facture du Plan économique... et ainsi retrouver la rentabilité à compter de 2015-2016.

Voici quelques commentaires qui résument assez fidèlement l'ensemble du courrier reçu à la suite de cette chronique de jeudi dernier.

Dominik P. dit que nous n'avons pas le choix. «Nous avons laissé nos gouvernements détériorer notre crédit, phénomène qui se poursuit pleinement d'ailleurs. Il faudra balancer revenus-dépenses. Vous avez oublié d'écrire que les prévisions de revenus se réalisent souvent, mais le contrôle des dépenses... rarement! Voilà l'illusion ou le gros mensonge de nos bons gouvernements opportunistes. Malheureusement, conclut-il, les citoyens préfèrent actuellement encore les pelleteux par en avant, pour continuer tranquillement à sucer leurs bonbons.»

Philippe R. me trouve «quelque peu de mauvaise foi» dans cette chronique.

«Étant donné que les taux de prélèvement fédéraux n'ont pas augmenté, si le gouvernement fédéral encaisse 10 milliards de plus, c'est que nous avons nous-mêmes gagné plus. Il ne puise pas dans nos poches pour accroître ses recettes. Ces recettes supplémentaires ne nous appauvrissent pas individuellement. Et c'est tout ce qui m'importe, en tant que contribuable déjà trop pressé.

«Je ne vois rien de mal à ce que le gouvernement (autrement dit, nous, collectivement) s'enrichisse quand nous-mêmes nous enrichissons.»

Il ajoute: «Il est normal que le fédéral augmente ses recettes fiscales, puisqu'il a un déficit à ramener à zéro. Tant mieux s'il peut le faire de façon indolore pour le contribuable.»

Comme je l'ai mentionné dans la chronique, ces recettes fiscales supplémentaires du fédéral proviennent de deux principales sources, soit l'arrivée à échéance d'alléchants programmes qui permettaient à nombre de contribuables d'économiser de l'impôt et la solide reprise économique.

Ce qui me bogue avec les augmentations annuelles d'impôt et de taxes, c'est le fait que le total sur cinq ans dépasse presque quatre fois le coût (60 milliards) du Plan d'action économique.

J'ai l'impression de me faire avoir...