Alors que la Régie des rentes du Québec (RRQ) dévoilait récemment qu'elle avait des problèmes de sous-capitalisation à long terme, elle trouvait pertinent de se payer une campagne de promotion de 590 000 $, laquelle campagne s'est déroulée du 17 janvier au 28 février dernier.

Pour avoir du punch dans sa campagne médiatique (web-télé-radio-publications), la RRQ a fait appel au chroniqueur économique René Vézina, du journal Les Affaires et des émissions radiophoniques des ténors du 98,5 FM, Paul Arcand et Paul Houde.

En retour des honoraires relativement alléchants que la RRQ lui a versés, explique la porte-parole de la société d'État, le chroniqueur Vézina avait pour tâches de «participer à la rédaction des textes sur la planification financière de la retraite de trois vidéos éducatives, agir en tant qu'animateur et vulgarisateur de trois vidéos éducatives portant sur la planification financière de la retraite, participer à la rédaction de la publicité télévisuelle et radiophonique, participer à la production (en tant qu'acteur/narrateur) de la publicité télévisuelle et radiophonique».

Pourquoi la RRQ, société d'État qui a le monopole de notre régime public de rentes, avait-elle besoin d'une telle campagne publicitaire ? La réponse résiderait dans le premier paragraphe de son communiqué du 7 février dernier : «Soucieuse du faible taux de connaissance qu'ont les personnes de 18 ans et plus sur les sources de revenus à la retraite, la RRQ a mis en branle une campagne sur la planification financière de la retraite.» Pour ce faire, elle titrait fièrement son communiqué comme suit : «La Régie des rentes du Québec s'associe à René Vézina pour informer la population sur la planification financière de la retraite».

À la queue

Si j'étais à la place des dirigeants de la RRQ, je me soucierais bien plus du faible taux de rendement du portefeuille de la RRQ, laquelle faiblesse chronique est en grande partie responsable de l'actuelle sous-capitalisation à long terme des réserves.

La direction de la RRQ était fière, à juste raison, de nous dire que le rendement de son portefeuille (géré par la Caisse de dépôt et placement) avait atteint 14,3 % en 2010.

Eh bien, cette performance éclair cache cependant une magistrale contre-performance lorsqu'on se réfère à de plus longues périodes. La RRQ rapporte en effet un rendement annualisé de -2,6 % pour la période de 3 ans ; de +2,7 % pour celle de 5 ans ; et de +4,0 % pour les 10 dernières années.

Avec une si faible performance, le portefeuille de la RRQ se situe carrément à la queue des portefeuilles diversifiés des caisses de retraite compilés par la firme AON Hewitt.

Plus poche que cela, c'est impossible.

Par ailleurs, attendons-nous bientôt à subir une augmentation de notre cotisation à la Régie des rentes du Québec. Fixé actuellement à 9,9 %, ce taux de cotisation devrait idéalement atteindre les 11 %.

Pourquoi ? Parce que, selon la dernière analyse actuarielle de la RRQ, le taux actuel de 9,9 % est trop faible pour assurer à long terme un financement stable de la RRQ. Afin d'éviter la sous-capitalisation, les experts de la RRQ arrivent à la conclusion que le «taux de cotisation d'équilibre» devait être relevé à 11,02 %. Ce taux d'équilibre représente le taux idéal de cotisation devant être applicable aux années futures dans le but de «maintenir constant à long terme le rapport» entre la réserve et les sorties annuelles de fonds, c'est-à-dire les prestations à verser.

Présentement, la cotisation maximale à la RRQ est fixée à 4435 $, payable à parts égales employé/employeur, ou en totalité par le travailleur autonome. La hausse de 1,1 point de pourcentage représenterait un coût supplémentaire de 502 $, portant la cotisation maximale à 4937 $.

Comment la RRQ justifie-t-elle cette hausse du taux de cotisation d'équilibre à 11,02 % ? «La hausse s'explique principalement par l'augmentation plus rapide que prévu de l'espérance de vie des bénéficiaires, par une évolution plus lente des salaires soumis à cotisation et par les rendements plus faibles que ceux anticipés.»

Comme rendement à long terme, la RRQ anticipe du 7 %. C'est de cela que la direction de la RRQ devrait surtout se soucier, en évitant notamment de se promouvoir l'image à coup de 590 000 $ !