Il était une fois... Ah oui! Pour nous sortir de la crise financière de 2008 et 2009, il a fallu que le gouvernement du Québec investisse massivement dans l'économie québécoise. Cela a toutefois créé un méchant déséquilibre budgétaire sur plusieurs années. Et s'endetter par-dessus les oreilles, ça coûte cher. Ainsi, pour éviter la déroute, des mesures d'assainissement des finances publiques s'imposent... pas plus tard qu'à compter de ce samedi 1er janvier 2011.

Bonne année! Gens du pays, c'est à votre tour, de vous laisser parler d'argent. C'est demain que ça commence... S'cusez-moi, M. Vigneault!

Pour retrouver l'équilibre budgétaire, le gouvernement Charest a décidé d'augmenter la taxe de vente du Québec (TVQ) d'un point de pourcentage dès demain. Ainsi, la TVQ passe de 7,5 à 8,5%.

Ce bond de 1% n'est pas anodin, loin de là. Cette hausse de la TVQ va rapporter annuellement environ 1,5 milliard de dollars de plus dans les goussets du gouvernement du Québec.

Et ce n'est qu'une première ponction. Douze mois plus tard, le gouvernement Charest nous refilera une autre hausse de la TVQ d'un point de pourcentage. En effet, la TVQ passera le 1er janvier 2012 à rien de moins que 9,5%. Pour une autre ponction additionnelle de 1,5 milliard l'an.

En haussant de 2 points de pourcentage la TVQ, le gouvernement de Jean Charest se trouvera, à partir de 2012, à récupérer à son profit la fameuse baisse de deux points de pourcentage de la TPS fédérale (taxe sur les produits et services). Cette réduction de la TPS nous a été refilée par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, depuis 2006.

Concrètement, tous les produits, biens et services assujettis à la TVQ seront à compter de demain taxés à hauteur de 8,5%, au lieu de 7,5%. Comme ceux-ci totalisent 150 milliards, cela signifie que cette hausse de la TVQ frappe d'aplomb tous les consommateurs, sans exception, de la naissance à l'enterrement.

Pour nous «aider» à avaler la pilule, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a donné, dans le cadre de son dernier budget, l'explication suivante: les analyses effectuées par le ministère des Finances confirment que les taxes sur la valeur ajoutée, telle la TVQ, ont moins d'impacts négatifs sur la création de la richesse que les autres formes de prélèvement (impôts, tarification des services, frais divers, etc.).

Le ministre Bachand a prétendu également que, malgré la hausse de la TVQ, la fiscalité québécoise allait demeurer plus compétitive qu'auparavant. Par «auparavant», l'argentier du gouvernement Charest fait référence à l'année 2003, moment où le Parti libéral a pris le pouvoir.

«La réduction du fardeau fiscal au Québec, de 2003 à aujourd'hui, a été supérieure à la hausse de la taxe de vente», nous rappelle le gouvernement Charest dans le budget 2010-2011. Concernant les familles à revenu faible ou à moyen revenu, le gouvernement Charest a prévu un mécanisme de compensation financière afin d'atténuer l'impact de cette hausse de taxe de vente.

Ainsi, le crédit d'impôt remboursable pour la taxe de vente du Québec sera augmenté de 150$ pour un couple (358$ actuellement); de 125$ pour une personne vivant seule (301$ présentement) et de 75$ dans les autres cas (179$ en 2010). Le crédit remboursable de la TVQ commence à baisser à compter d'un revenu familial net de 30 490$ et plus.

Évidemment, cette hausse du crédit d'impôt de la TVQ est bienvenue. Cependant, il ne faut pas croire que ledit crédit d'impôt compense en totalité le fardeau que représente la TVQ. À 508$ pour un couple, le crédit en question dédommage la taxe de vente provinciale que le gouvernement du Québec charge sur une valeur de quelque 6000$ en biens et services. On va convenir qu'un couple dont le revenu familial est de 30 000$ ou moins dépense généralement pas mal plus que 6000$ en biens et services taxables.

Comme on sait, le gouvernement du Québec ne lésine pas sur la créativité fiscale. C'est pourquoi, il taxe la TPS fédérale. Ainsi, il est faux de croire que la hausse de sa TVQ se limitera à un seul point de pourcentage à compter de demain. Concrètement, cette augmentation s'élève à 1,05 point de pourcentage en raison de l'entourloupette mathématique où la TVQ taxe la TPS.

Ce cinq centièmes de point (1,05% au lieu de 1,0%) n'a l'air de rien... mais mathématiquement parlant, il rapporte un supplément annuel de 71 millions de dollars de TVQ.

Courage: ça va empirer en 2012! À la hausse de la TVQ s'ajoutera une tarification élargie de services gouvernementaux.