Lorsque mon collègue photographe Robert Skinner a traversé la piste pour prendre position avec ses caméras, on a entendu la voix de l'annonceur maison résonner dans tout l'édifice: «Hey grandpa, get off the track!»

«Comme j'étais seul, j'ai conclu que c'est à moi qu'il parlait», a dit Robert, qui a 51 ans et un bon sens de l'humour.

Nous étions au TAZ, grand skatepark montréalais, pour le championnat amateur canadien... de skateboard. Et si vous voulez être cool, vous ne dites jamais planche à roulettes, ce qui n'est pas cool du tout, mais skateboard ou tout simplement skate. Compris?

Et si vous voulez vraiment être dans le coup, vous portez des vêtements noirs - un t-shirt Jack Daniels est le sommet du cool -, une tuque, une casquette ou un capuchon noir. Les têtes de mort sont aussi très populaires. Vous les portez avec un air un peu menaçant, un peu dark.

D'où vient cette culture de méchants?

Philippe Jolin, ancien de 31 ans qui est maintenant un des dirigeants du TAZ, explique: «Autour de l'année 2000, les pionniers et stars du skate était des gars de rock, drogue et alcool. Dix ans plus tard, on a tous vieilli, on a des petites familles. Il se porte encore beaucoup de vêtements noirs, mais avec des sourires, ce qu'on ne voyait jamais en 2000. Il fallait être un dur. Aujourd'hui, on peut laisser traîner nos choses sans se les faire voler... Je suis content de voir des petites familles, des pères qui demandent les résultats de leur fils et une bonne ambiance chaleureuse.»

Si on est cool, on ne refuse pas une petite bière et une cigarette dans le parking. Et, en effet, l'ambiance était joyeuse. Il y avait un gorille sur skateboard. (Si les claquements du skate vous tombent sur les nerfs, vous n'êtes pas à votre place au TAZ.)

Il y avait 140 participants à ce championnat, des États-Unis et de partout au Canada, et environ 1000 spectateurs. Des amateurs, mais qui pouvaient empocher une partie de la bourse totale de 10 000$, d'où le titre de la compétition: AM getting paid. Et on s'étonne qu'ils ne se cassent pas la gueule plus souvent tellement ils prennent des risques.

Voici Bobby de Vayzet, 14 ans, de Toronto, tout petit et maigre, une vedette montante, paraît-il. Je lui demande une entrevue, il répond O.K., il donne un coup de pied sur son skate et l'attrape d'une main sans regarder.

«Je vais à l'école en skate, je fais tout en skate. Ce week-end, j'habite dans un Holiday Inn avec un groupe d'amis skaters de Toronto. Mes parents ne sont pas venus cette fois. Mes parents m'encouragent.»

Qu'est-ce que tu aimerais faire quand tu seras grand?

«Du skateboard.»

C'est tout?

«Peut-être de la photographie.»

Et voici Alex Bastide, vieux Montréalais de 34 ans, organisateur de l'événement.

«J'ai une boutique de skates et vêtements à Montréal et une autre à Vancouver, où j'habite depuis six ans. J'ai aussi une salle de spectacle à Montréal. J'ai organisé environ 700 spectacles de musique et de sport extrême dans ma vie.

«Je ne reviendrai jamais vivre ici. À cause de l'hiver. Je peux pratiquer tous mes sports 12 mois par année en Colombie-Britannique. Pour mon style de vie, c'est idéal.»

Il faut savoir que ce monde particulier génère des sommes fabuleuses, ce que les commanditaires ont vite compris. Pensez à tous les skates, BMX, souliers et vêtements à vendre. Sans compter la bière et les chips...

Dans les stands de démonstration, plusieurs skaters deviennent des artistes. Ils construisent et décorent des planches, font des tableaux bizarres avec des têtes de mort...

Charles, 25 ans, s'est lancé en affaires avec des skateboards électriques. Il les importe de Chine... C'est pour les vieux? «Oui, c'est ça. Pas d'effort, pas de sueurs...»

Skinner! Le monsieur ici veut te parler.

La faute des autres

Ainsi donc, Carey Price accorde six buts samedi soir contre les Sénateurs d'Ottawa et après le match, il nous dit qu'il ne s'agissait que d'une partie hors concours et qu'il y avait plusieurs jeunes sans expérience devant lui.

À propos de sa propre performance, nada.

Jamais de sa faute, toujours celle de quelqu'un d'autre... Les jeunes, cette fois.

Une telle attitude est contre-productive en sport comme dans la vie de tous les jours. Nous connaissons tous des personnes de ce moule. C'est pas moi, c'est lui ou elle...

Ce n'est jamais eux.

Tout ça pour dire aux gentils lecteurs qui me reprochent d'avoir une dent contre Price que je ne l'ai jamais rencontré, que je suis indifférent à sa destinée et que je fais tout simplement mon travail. Je ne suis pas là pour l'encourager, lui accorder d'autres chances (en passant, il n'est pas tout à fait un nouveau) ni prier pour les succès du Canadien.

Je critique le hockeyeur et un hockeyeur est aussi un homme qui doit travailler en groupe. Pensez-vous que Price a l'étoffe d'un leader, d'un gagnant? Pensez-vous que ses coéquipiers sont contents quand il les montre du doigt après une défaite?

Vous, par contre, pouvez continuer à être patients à son endroit, à l'encourager. C'est votre travail de partisans.