Ça ne va pas bien du tout pour nos caisses de retraite. Si la tendance se maintient, on risque de se retrouver pauvre comme Job lorsqu'on va tirer notre révérence du bureau ou de l'usine.

C'est la faute de la Bourse! Plus les portefeuilles des caisses de retraite sont concentrés en actions, moins ils sont performants. Voilà le malheureux constat que je tire à la lumière des rendements des caisses de retraite types rapportés par la firme Aubin Actuaire Conseil pour diverses périodes terminées le 30 juin dernier.

Imaginez-vous que depuis la fin du mois de décembre 2006, soit depuis trois ans et demi, la majorité des caisses de retraite affiche un rendement négatif si plus de la moitié du portefeuille est investie en actions.

Quand on analyse la performance des gestionnaires des caisses de retraite sur une plus longue période, comme celle de cinq ans à partir de juin 2005, on constate une modeste... amélioration.

Le tableau 1 présente, selon la firme Aubin Actuaire Conseil, les rendements qu'ont respectivement obtenus, depuis décembre 2006 et juin 2005, nos caisses de retraite selon les différentes allocations d'actifs, voire le pourcentage d'obligations par rapport au pourcentage d'actions.

Le calcul des rendements tient pour acquis que la portion «actions» des portefeuilles des caisses de retraite est divisée de façon égale entre les «actions canadiennes» du S&P/TSX et les «actions mondiales» du MSCI Monde. Et concernant la portion «titres à revenu fixe» des portefeuilles, la firme s'en tient au panier des obligations composant l'indice de référence «DEX Univers».

Comme vous pouvez le constater dans le tableau «Calcul des rendements», il est déprimant de voir à quel point la performance de nos caisses de retraite est vraiment moche. Comme mesure comparative, sachez que les bons du Trésor de 91 jours ont rapporté, eux, un rendement annualisé de 2,4% depuis décembre 2006 et de 2,8% depuis juin 2005. Même chose d'ailleurs pour les CPG (certificats de placement garantis) de 5 ans. Et dire que ça ne demande aucune connaissance pour investir dans les bons du Trésor et les CPG.

La piètre performance de nos gestionnaires de caisses de retraite est particulièrement désolante quand on pense aux milliards de dollars que l'on verse en frais de gestion de portefeuille à toute cette industrie de conseillers financiers (fonds communs de placement, firmes de courtage, planification financière, etc.).

Verser des milliards à cette gigantesque industrie de la gestion de portefeuille de caisse de retraite, et ce, pour se retrouver après cinq ans avec un rendement à peine supérieur aux bons du Trésor et aux CPG... c'est dur sur le moral de l'épargnant.

Les gestionnaires de portefeuille diront à leur décharge qu'ils ne peuvent pas faire des miracles avec des marchés boursiers aussi volatils et peu performants depuis les 10 dernières années.

À ce propos, d'ailleurs, voir la performance annualisée (en dollars canadiens) des indices clés (tableau 2).

Vu la piètre performance boursière, il serait peut-être temps de s'interroger sur la pertinence pour les caisses de retraite de se payer à gros prix une armée de gestionnaires de portefeuille, dont la majorité est incapable de battre les indices boursiers de référence.

Faute de rendement, on économiserait au moins sur les plantureux frais de gestion!