La direction du Fonds de solidarité de la FTQ vient d'annoncer un «bénéfice net record» de 600 millions de dollars pour l'exercice terminé le 31 mai dernier. Au début de janvier dernier, les mêmes dirigeants avaient annoncé «un bénéfice net record» de 515 millions pour les six premiers mois de l'exercice financier en cours.

Rien à reprocher à la véracité des faits rapportés par la direction du Fonds FTQ, à six mois d'intervalle. Pourtant, il y a un gros hic dans le «bénéfice net record» de 600 millions pompeusement annoncé lundi dernier, et repris en manchette par tous les médias.

Quel est-il, ce hic? La presque totalité (86%) de ce bénéfice record annuel de 600 millions provient du «bénéfice net record» de 515 millions annoncé six mois plus tôt.

Cette importante précision a totalement été omise dans le long communiqué officiel publié lundi dernier par la direction du Fonds de solidarité. Les deux hauts dirigeants du Fonds FTQ, soit le président du conseil, Michel Arsenault (et président de la FTQ), et le président-directeur général, Yvon Bolduc, n'y ont fait aucune allusion dans leurs commentaires rapportés dans le communiqué.

Pourtant, c'est en toute connaissance de cause que cette précision majeure a été écartée du communiqué officiel de lundi.

À preuve, l'information précise sur la provenance du bénéfice net record de 600 millions a été rapportée dans le Rapport de gestion de la haute direction sur l'exercice annuel terminé au 31 mai 2010.

Dans son «Analyse de la performance» des résultats d'exploitation, voici ce que la haute direction du Fonds FTQ écrit à propos du bénéfice net record de 600 millions de son dernier exercice financier.

«Il convient de préciser que ce gain (600 millions) a été essentiellement obtenu au cours du premier semestre (avec un rendement positif non annualisé de 8,0%), ce qui coïncide avec la période où les marchés boursiers ont connu un rebond important. Au deuxième semestre, le rendement a été de 1,2%.»

Force est de constater que cette précision sur la véritable provenance du bénéfice net record vient rabattre le «glamour» de la performance annuelle du Fonds FTQ.

À vrai dire, cette précision confirme que les gestionnaires des portefeuilles du Fonds FTQ, à l'instar des gestionnaires de portefeuilles équilibrés (+0,9%), ont obtenu au cours des six derniers mois une faible performance avec leur 1,2% de rendement.

Toutefois, ce rendement semestriel du Fonds de solidarité arrive derrière les indices boursiers suivants: BMO des entreprises québécoises à petite capitalisation (+8,1%); S&P/TSX Composé (+2,8%); NASDAQ (+5,2%); Russell 2000 des PME américaines (+14,1%); l'indice québécois IQ-30 des 30 grandes sociétés canadiennes ayant leur siège social au Québec (+4,6%); l'indice québécois IQ-120 des entreprises québécoises (+6,0%).

Prix de consolation: le rendement semestriel du Fonds FTQ bat le S&P 500 américain (-0,6%) et l'indice international EAEO (-1,0%).

Concernant le rendement annuel du Fonds FTQ, soit 9,2% pour la période allant du 1er juin 2009 au 31 mai 2010, cela est inférieur à tous les indices boursiers: BMO des entreprises québécoises (+34,2%); Russell 2000 (+31,9%); S&P/TSX Composé (+13,4%) S&P 500 (+18,5%); EAEO (+9,8%).

Mais le dernier rendement annuel du Fonds FTQ n'a rien à envier à l'ensemble des gestionnaires de portefeuilles équilibrés: l'indice du Globefund des «Fonds équilibrés neutres» rapporte un rendement de 10,0% pour les 12 mois terminés le 31 mai dernier.

Pour la période de cinq ans, le Fonds FTQ a procuré un rendement annuel composé de 1,2% comparativement à 3,1% pour l'indice comparatif du Globefund.

La direction du Fonds FTQ n'aime pas cette comparaison. Selon elle, il serait plus équitable envers eux de calculer le rendement du fonds FTQ en tenant compte des crédits d'impôt accordés par Québec et Ottawa.

Ainsi, en incluant les crédits d'impôt de 30%, le Fonds de solidarité estime que ses actionnaires ont obtenu un rendement annuel composé de15,1% au cours des cinq dernières années et au lieu d'un rachitique rendement de 1,2%.

C'est fort la magie syndicale. Incroyable!