Le «krach» de jeudi, avec sa brutale chute de 1000 points du Dow Jones en l'espace de quelques minutes, démontre à quel point la Bourse est hautement risquée.

On aura beau trouver (et inventer?) mille et une raisons pour tenter de justifier cette folle descente aux enfers de la Bourse, cela ne me rassure pas pour autant le portefeuille. Que Wall Street se soit redressé de façon explosive dans les 10 minutes qui ont suivi le «décrochage» de tous les grands indices nord-américains n'est guère plus rassurant à mes yeux.

Pour bien saisir l'ampleur du krach de jeudi après-midi, sachez que la capitalisation boursière de Wall Street a momentanément fondu de 1400 milliards US. Cette gigantesque somme dépasse le produit intérieur brut (PIB) du Canada! On me dira que Wall Street a réussi dans l'heure suivante à effacer plus de la moitié de ces pertes boursières, cela ne prouve qu'une chose: on est aux prises avec un marché ultra fragilisé.

Que ce soit attribuable à la crise financière grecque, espagnole ou portugaise, ou au scandale Goldman Sachs, ou à une erreur humaine d'un trader d'une grande firme de courtage, ou à un acte de terrorisme boursier... il n'en demeure pas moins qu'un krach, aussi rationnel ou illogique soit-il, c'est un krach. Et on vient de s'apercevoir que cela peut se produire n'importe quand!

La mise au point sur la fragilité boursière étant faite, on fait quoi maintenant pour se protéger les arrières, du moins partiellement?

1. Liquider notre portefeuille de toutes les actions et unités de fonds d'actions?

C'est une solution extrémiste qui vous permettrait dorénavant de dormir en paix. L'inconvénient? Les placements conservateurs (CPG, obligations gouvernementales et coupons détachés des mêmes obligations) rapportent actuellement un maigre rendement. Avec le retour à la hausse des taux d'intérêt, remarquez que le rendement ne pourra que s'améliorer. Mais à petite dose...

2. Liquider son portefeuille d'actions pour réinvestir la totalité de ses épargnes dans le marché obligataire (obligations corporatives, gouvernementales, fonds d'obligations) et autres titres à revenus élevés (comme les fiducies de revenu)?

Pas sûr que c'est une solution qui vous mettra à l'abri. L'éventuelle hausse des taux d'intérêt exerce une pression à la baisse sur la valeur marchande des obligations et des titres à rendement d'intérêt.

3. Rééquilibrer son portefeuille?

Je persiste à croire qu'un bon portefeuille équilibré (comme les fonds communs équilibrés renfermant des portions d'actions, d'obligations, d'autres titres à revenu fixe et une portion valeur à court terme) représente une bonne solution pour tirer son épingle de la jungle financière. Mais, dans un marché baissier, comme on a vécu en 2008, tout portefeuille aussi équilibré ou diversifié soit-il, perdra quand même des plumes...

4. Investir dans le marché des options?

Là on entre dans le monde des produits dérivés. Dans le marché des options, on peut soit spéculer ou soit se protéger.

Tenons-nous en aujourd'hui à la protection élémentaire de notre portefeuille. La façon la plus efficace de protéger un portefeuille d'actions, c'est d'acheter des options de vente.

L'option de vente est une sorte de police d'assurance contre la baisse d'un titre (action ou indice) négocié en Bourse. En acquérant une option de vente sur l'action X, cela nous donne le droit de vendre l'action X que l'on détient à un prix déterminé d'avance, ou d'encaisser la plus-value de la prime. Ou de laisser mourir ladite option si elle n'a plus de valeur à l'échéance.

Exemple, on détient un lot de 100 actions de BCE, qui se négocient aujourd'hui à 30,40$. On a peur que le titre subisse une baisse. Pour se protéger, on décide d'acheter une option de vente «Novembre 2010, avec prix de levée à 30,00$», au prix de 1,50$.

Comme chaque option couvre un lot de 100 actions, on devra donc débourser 150$ pour acquérir ladite option de vente, plus la commission de courtage. Cette option de vente viendra donc à échéance le troisième vendredi du mois de novembre. (Il y a des échéances tous les trois mois).

Si, à l'échéance, en novembre prochain, le cours de BCE se négocie, disons à 27,00$, on aura ainsi le choix de céder nos 100 actions de BCE à 30,00$ pièce (le prix d'exercice), ou tout simplement encaisser la prime de 3,00$ par action couverte (prix d'exercice de 30,00$ - prix de l'action 27,00$), soit 300$ pour les 100 actions protégées par l'option de vente.

Comme vous voyez, on se trouve ainsi à protéger jusqu'à l'échéance de l'option de vente notre position dans les 100 actions de BCE, et ce, au prix de 30,00$ l'action. Parenthèse: si on détient 500 actions de BCE, par exemple, il suffira à ce moment-là d'acquérir 5 options de vente, pour couvrir notre lot de BCE.

Si l'action de BCE se négocie à l'échéance au-dessus du prix d'exercice (30$), l'option de vente deviendra simplement caduque.

On peut répéter la même opération d'achat d'options de vente avec tous les titres des grandes entreprises négociées à la cote de la Bourse de Toronto. Même chose également pour les titres liés aux divers indices boursiers, dont l'indice S&P/TSX 60 et le iShares XIU qui le représente.

Vous aurez constaté que le coût des primes des options de vente vient gruger partiellement la valeur (l'action) que l'on veut protéger. C'est le prix à payer pour protéger ses arrières en Bourse.

Pour vous familiariser avec le marché des options, je vous invite d'ailleurs à naviguer sur le site de la Bourse de Montréal, laquelle Bourse est justement spécialisée dans le marché des dérivés (www.m-x.ca).

Et pour votre information, sachez que le marché américain offre lui aussi sa panoplie d'options de tout acabit sur ses indices et actions.