Après avoir passé la dernière semaine sur un nuage, le Canadien et Jaroslav Halak ont été brutalement ramenés sur terre hier soir à Pittsburgh.

Pas étonnant que le Canadien ait eu l'air fatigué dans ce premier match contre les Penguins. Il venait de jouer sept matchs épuisants, les trois derniers sous la menace constante de l'élimination. Ça finit par peser, tant physiquement que mentalement.

 

Les joueurs ont à peine eu le temps de célébrer leur victoire aux dépens des Capitals, mercredi soir, qu'ils étaient en route pour Pittsburgh, sans même repasser par Montréal. Les Penguins, eux, se reposaient depuis six jours, après avoir éliminé les Sénateurs d'Ottawa en six parties.

Halak - qui avait arrêté, répétons-le, 131 tirs sur 134 dans les 5e, 6e et 7e matchs de la série contre Washington - semblait particulièrement affecté. Il n'a pas été chanceux sur le premier but, un tir de Sergei Gonchar qui a bondi sur la glace après avoir dévié sur le bâton de Tomas Plekanec. Et il a dû composer avec les écrans savamment effectués par les attaquants des Penguins, qui l'ont empêché de suivre la rondelle des yeux sur les deuxième et troisième buts. Mais on sentait une certaine lourdeur dans ses déplacements. L'assurance qui l'avait rendu pratiquement invincible dans la série précédente l'avait déserté. Jacques Martin a pris la bonne décision en le remplaçant par Carey Price après le cinquième but.

On doit présumer que Halak sera de retour devant le filet lors du match de demain. Il a prouvé dans la série contre les Capitals qu'il était assez fort mentalement pour rebondir après une contre-performance. La mauvaise nouvelle, toutefois, c'est que Halak aura moins de temps que d'habitude pour refaire le plein d'énergie, la partie, télédiffusée par le réseau NBC, ayant lieu en après-midi.

Peu importe ce que fait Halak, le Canadien risque d'en avoir plein les bras avec les Penguins si l'absence d'Andrei Markov se prolonge - et à voir le défenseur russe se tordre de douleur après avoir encaissé la mise en échec (légale) de Matt Cooke, le pire est à craindre.

On n'apprendra rien à personne en disant que Markov est de loin le meilleur et le plus complet des défenseurs du Canadien. Il est le meneur de jeu en supériorité numérique, il a la confiance de Jacques Martin quand le Canadien joue à court d'un homme et il est constamment opposé aux meilleurs attaquants adverses. Il a joué 26 minutes 26 secondes par match en première ronde, près de quatre minutes de plus que Josh Gorges, deuxième chez les défenseurs du Canadien au chapitre du temps de glace.

Markov a aussi cette qualité de rendre meilleurs les coéquipiers avec qui il partage la ligne bleue. Il faudra voir comment se débrouillera Ryan O'Byrne au fil de la série si son partenaire régulier est forcé à une inactivité prolongée.

Subban impressionnant

La bonne nouvelle, c'est que P.K. Subban se montre à la hauteur des attentes énormes qu'il suscite à Montréal. Non seulement a-t-il marqué son premier but dans la Ligue nationale, mais il a montré un aplomb que lui envient sûrement bien des défenseurs plus expérimentés.

En l'absence de Markov, Subban a joué presque 20 minutes et il a été l'un des meilleurs défenseurs sur la patinoire. Sur une séquence que la CBC a remontrée plusieurs fois, on l'a vu exploiter sa vitesse pour transporter la rondelle à la manière d'un Paul Coffey en zone neutre. Il a ensuite été le premier joueur à se replier quand le jeu a avorté à l'entrée de zone, et est revenu à temps pour stopper une poussée de Chris Kunitz. Impressionnant.

C'est aussi Subban qui a amorcé le jeu ayant mené au but de Michael Cammalleri: il est resté de marbre malgré la pression d'Alexei Ponikarovsky à la ligne bleue, a esquissé quelques pas de côté et a remis calmement la rondelle à Brian Gionta, du côté opposé de la glace. Deux passes plus tard, la rondelle était dans le filet de Marc-André Fleury.

Mais Subban, qui n'a pas joué en infériorité numérique, n'est pas la solution aux problèmes éprouvés hier par le Canadien quand il s'est retrouvé avec un homme en moins. Bruce Boudreau devait crever de jalousie en voyant les Penguins marquer quatre buts en autant d'occasions. Les Capitals (1 en 33 au premier tour) auraient bien aimé en compter autant dans toute leur série contre le Canadien.

Jacques Martin a moins de 48 heures pour trouver au jeu de puissance des Penguins une parade aussi efficace que celle qui a annihilé celui des Caps. S'il n'y parvient pas, cette série pourrait être bien courte.

Et pour finir: quelqu'un pourrait-il dire à Don Cherry que c'est Jaroslav Halak et non Havlat ou Havlak? Après Semyon Varlamakov l'autre jour, ça devient pathétique.