Il y a cinq ans, F.-X. Seigneur, mandaté par Pierre Boivin et George Gillett, a réussi à enfermer Guy Lafleur dans un contrat de cinq ans. Il devenait ambassadeur du Canadien payé à la journée de travail.

Le Canadien exigeait que Lafleur s'engage pour cinq ans à cause des célébrations du centenaire. On voulait l'offrir aux commanditaires au rabais.

C'était un contrat d'attrape-naïf. On payait Lafleur pour 15 jours de travail tout en sachant que Lafleur, quoi qu'il dise ou quoi qu'il fasse, est l'image la plus aimée et la plus vénérée du Canadien. Autrement dit, Lafleur, en mettant les pieds dans un centre commercial, «travaille» pour le Canadien. Quand il accepte de participer à une émission de télévision, il «représente» le Canadien. C'est vrai pour le meilleur et pour le pire.

Sauf qu'avec Lafleur, le meilleur vient de l'amour inconditionnel que les gens lui vouent.

Ce contrat prend fin en été. Et Lafleur, qui adore les partisans et les gens en général, et qui aime le Canadien même s'il ne se gêne pas pour critiquer l'organisation, est prêt à poursuivre son travail de super ambassadeur pour l'organisation: «Mais je ne veux pas de contrat à la journée. Veut ou veut pas, je représente le Canadien 365 jours par année», soulignait Lafleur hier après-midi quand je me suis informé de son statut avec les Glorieux.

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Selon mes informations, un conférencier du monde du hockey ou des médias le moindrement connu va chercher entre 3000 $ et 6000 $ pour une allocution et quelques réponses à des questions pendant une soirée. Je présume que Lafleur, pour une journée complète, devait toucher aux environs de 10 000 $ avec son ancien contrat. À 1000 $ en plus ou en moins. En apparence, c'est une grosse somme quand on compare avec le salaire d'un travailleur. Mais dans l'univers des relations publiques, Lafleur s'est fait avoir par son ami F.-X. Seigneur.

C'est d'ailleurs beaucoup moins que Darryl Sittler et Wendel Clark avec les Maple Leafs de Toronto, qui touchent près de 400 000 $ par année pour représenter les Maple Leafs dans la communauté ontarienne.

Or, le statut et la popularité de Guy Lafleur sont infiniment plus importants que ceux de Sittler et de Clark. On ne parle même pas de la même catégorie. Il suffit de se promener avec Lafleur, que ce soit au Québec ou dans le reste du Canada, pour réaliser à quel point il est vénéré. Et surtout pour réaliser comment Lafleur peut être gentil et affable avec les amateurs. C'est extraordinaire de le voir aller.

De plus, l'état de santé de Jean Béliveau ne lui permet plus de travailler autant pour le Canadien. Il reste qui de légendaire pour faire vibrer les amateurs? Guy Lafleur.

Lafleur ne veut pas discuter publiquement de son contrat. Mais il est certain qu'il estime sa valeur au moins égale à celle de Sittler avec les Maple Leafs. Et surtout, il ne veut plus de contrat qui prévoit des versements à la pièce. Pensez-vous que Guy Lafleur ne représente le Canadien que les jours choisis par Ray Lalonde et F.-X. Seigneur?

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J'espère que Geoff Molson va s'occuper personnellement de cette nouvelle entente entre le Canadien et la dernière de ses légendes. Je ne voudrais pas qu'on négocie sa valeur comme une des guenilles qu'on aime tant vendre au Centre Bell.

Et en attendant de négocier avec le vrai patron du Canadien, Lafleur compte les jours avant le début de son appel, prévu quelque part au début de juin.

Malheureusement, Geoff Molson ne peut pas se mêler de cet autre dossier...

Guy Boucher... bravo!

Tous les échos qui nous viennent de Hamilton confirment que Guy Boucher est un coach exceptionnel. Bob Gainey aura donc réussi un bon coup en embauchant le jeune homme.

Boucher a mené les Bulldogs à une très bonne saison. On peut espérer qu'il sera remarqué par une équipe de la Ligue nationale si le poste d'entraîneur est bloqué à Montréal. Tant mieux si les choses évoluent bien et qu'un jour Boucher se retrouve derrière le banc du Canadien. Sinon, il a sans doute une clause dans son contrat qui lui permettrait d'aller chercher gloire et argent ailleurs...

Je suis très content pour lui.



Photo: Reuters

Guy Lafleur