Les Canadiens sont excellents en ce qui concerne les résultats de leur système d'éducation; en revanche, ils se font royalement planter par leurs concurrents dans le dossier hautement stratégique de l'innovation.

C'est, entre autres, ce que constate le 13e bilan comparatif annuel du Conference Board sur les performances du Canada, publié hier.

Les auteurs du document comparent les résultats obtenus dans 17 pays industrialisés (1), en fonction de 78 indicateurs, répartis sous six grands thèmes: économie, innovation, environnement, éducation et compétences, santé, société.

Par exemple, en économie, on classe les 17 pays en fonction du revenu par habitant, la croissance du produit intérieur but (PIB), les gains de productivité, l'inflation, le taux, de chômage, etc. Même démarche pour les autres grands thèmes.

Chaque pays reçoit ensuite une note pour chacun des indicateurs: «A» pour les meilleurs élèves de la classe, «D» pour les cancres. Voyons ce que cela donne.

Économie: Le Canada ne brille pas parmi les meilleurs, mais avec une 11e place, parvient tout juste à se mériter un B. Malgré une baisse du revenu par habitant, une hausse du chômage, un recul de l'investissement étranger et une faible productivité de la main-d'oeuvre, le Canada se tire assez bien d'affaire grâce à deux points forts: le faible taux d'inflation et le fait qu'il a pu traverser la crise économique avec moins de dommages que les autres pays industrialisés.

Innovation: C'est le point faible du Canada, qui se retrouve en queue du peloton avec un D. Deux indicateurs parlent d'eux-mêmes. En Allemagne, la fabrication d'appareils de haute technologie représente 14% du PIB. Au Canada, 5%. En Suisse, le nombre de brevets par tranche d'un million d'habitants est 120. Au Canada, 21. Le seul indicateur où le Canada n'a pas l'air trop fou est la publication d'articles scientifiques, avec une 8e place et une note B. Dans les 11 autres indicateurs retenus, le Canada récole deux C et neuf D. Certes, il se fait de l'innovation au Canada, mais, de toute évidence, c'est loin d'être suffisant. «Les entreprises canadiennes sont rarement à la fine pointe de la technologie et accusent trop souvent un retard d'une génération ou plus sur les leaders mondiaux», notent les auteurs. Ça promet!

Environnement: Une 15e place, et un C obtenu de justesse. Avec l'émission de plus de 22 millions de tonnes de gaz à effet de serre, le Canada est le pire élève de la classe après l'Australie. Pire: il a fait peu d'efforts pour corriger la situation. Ainsi, entre 1990 et 2005, la Norvège, dont l'économie dépend largement du pétrole, a réussi à diminuer ses émissions de 30%. Pendant la même période, le Canada les augmentait de 30%.

Éducation et compétences: Le vaisseau amiral du bilan canadien. Ici, le Canada est solidement installé en deuxième place, derrière la Finlande et devant le Japon. Dans les 15 critères retenus par les auteurs (alphabétisation des adultes, taux de diplômés, compétences des élèves en lecture et en maths, etc.), le Canada obtient quatre A et neuf B, un score très honorable. «Le Canada affiche un rendement hors pair qui dépasse même, et de loin, celui de son principal partenaire commercial, les États-Unis», observe le document.

Santé: Alors que le système public de santé semble craquer de toutes parts, l'état de santé général de la population canadienne mérite une 10e place au classement et une note B. C'est beaucoup mieux que les États-Unis, qui ferment la marche avec un D. Le Canada obtient un meilleur score que les États-Unis dans 10 des 11 indicateurs de la santé. Mais la comparaison avec les États-Unis ne dit pas tout. Par rapport au Japon, à l'Italie, à la France, à l'Allemagne et une demi-douzaine d'autres, le Canada continue à traîner la patte.

Société: Une neuvième place et un B. Ici aussi, le Canada n'est ni dans les meneurs ni dans le peloton de queue. Les points faibles du Canada sont la pauvreté des enfants, l'écart des revenus entre les hommes et les femmes, la participation électorale, le nombre de voies de fait. Ses points forts sont le revenu des personnes handicapées et des personnes âgées, le taux d'homicides, l'acceptation de la diversité. À tout prendre, les auteurs ne sont pas satisfaits: «Ce classement relativement moyen signifie que le rendement du Canada n'est pas à la hauteur de sa réputation ou son potentiel», concluent-ils.

(1) Les pays retenus pour l'étude sont: Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse.