Pour renflouer les coffres du gouvernement Charest, je propose le Lotto Fisc 462. En quoi cela consiste-t-il? En un nouvel impôt... sur les gains de loterie et de jeu!

Pourquoi le chiffre 462? Parce que je fais allusion aux 462 millions de dollars que le gouvernement du Québec pourrait aller chercher en 2010 en imposant les gains de loterie, de jeu et de casino. Eh oui! Bon an, mal an, le gouvernement du Québec se prive d'une telle somme astronomique de revenu d'impôt tout simplement parce qu'il se refuse d'assujettir à l'impôt les gains tirés des loteries de tout acabit.

Cette évaluation du manque à gagner de 462 millions d'impôts provient du ministère des Finances. Alors, faisons-lui confiance, surtout en cette période de crise budgétaire où le ministre Raymond Bachand et ses argentiers doivent trouver des solutions financières pour réduire le lourd déficit provincial.

C'est depuis 1972 que les gains de loterie et de jeu sont exclus du revenu aux fins fiscales.

Quelle raison évoque le ministère des Finances pour permettre cette légale évasion fiscale? «Essentiellement, cette exclusion découle du fait que les gains provenant d'une loterie ou du jeu sont le fruit du hasard et ne constituent pas une source récurrente de revenus.»

Cela nous en fait une belle jambe en cette période de crise budgétaire... Que peut-on répondre devant un tel argument des bonzes du ministère des Finances? Tout simplement la remarque suivante: pourquoi les Américains, eux, imposent-ils les gains de loterie? Sont-ils cons au point de ne pas savoir que les gains de loterie sont le fruit du hasard et qu'ils ne constituent pas une source récurrente de revenus?

Tant qu'à parler de «fruit du hasard» et de source non récurrente de revenus, pourquoi à ce moment-là ne pas exclure de l'impôt les revenus tirés de la Bourse?

On va convenir entre nous que ça prend de la chance pour faire de l'argent en Bourse. Et comme source non récurrente de revenu, mettons que la Bourse ne laisse pas sa place!

Bien sûr, ce serait ridicule de ne pas imposer les gains de la Bourse. Mais, «dans mon livre à moi», c'est tout aussi ridicule de se priver d'une alléchante source de revenus en évitant de taxer les gains de loterie, mettons de 500$ et plus.

Au ministère des Finances, les défenseurs de la non-imposition des gains de loterie misent sur d'autres arguments pour faire valoir leur point de vue. Ils prétendent que l'imposition des gains de loterie aurait notamment un impact à la baisse sur les achats de loterie et de jeu. Conséquemment, ils craignent une chute des revenus de Loto-Québec, une des vaches à lait du gouvernement du Québec. En 2009, Loto-Québec lui a versé un dividende approchant 1,3 milliard de dollars.

Entre nous, est-ce que les amateurs de billets de loterie, de jeu et de casino vont sérieusement réduire leurs dépenses de jeu sous prétexte que leurs futurs gains seront dorénavant assujettis à l'impôt?

La personne chanceuse qui gagne le million va-t-elle décrier le gouvernement et crier à l'injustice fiscale sous prétexte qu'elle devra payer de l'impôt sur son million non récurrent? Voyons donc!

D'accord, sur le coup, ça lui fera peut-être un petit pincement au coeur de devoir partager une portion de sa nouvelle fortune avec le fisc québécois... Mais gardons espoir qu'elle va s'en remettre très rapidement!

Chose certaine, c'est sûrement moins cruel de payer de l'impôt sur un gain de loterie de 1 million que d'être obligé de payer de l'impôt sur un revenu imposable d'à peine 15 000$.

Pour un gouvernement qui a le culot de taxer la TPS avec sa TVQ, et qui a l'intention d'augmenter de deux points de pourcentage sa TVQ, il me semble que le Lotto Fisc 462 serait le bienvenu.

Québec pourrait même se permettre de «récupérer» l'impôt que le gouvernement fédéral ne charge également pas sur les gains de loterie. Le prétexte du fédéral: il est difficile de repérer les gains de loterie.

Lotto Fisc 462, ça change pas le monde sauf que...