Deux poids, deux mesures sur une question de chiens.

En mai dernier, le gouvernement Charest s'est défendu bec et ongles pour justifier l'octroi d'une subvention de 250 000$ aux promoteurs de Muzo, un hôtel de luxe pour chiens et chats, à Montréal.

La subvention avait été versée par l'entremise du Fonds d'intervention économique régional (FIER) de Granby. Les FIER sont financés à hauteur des deux tiers par le gouvernement du Québec et un tiers par le privé. Le ministre Raymond Bachand avait accusé la député péquiste Agnès Maltais, qui avait dénoncé cette subvention devant l'Assemblée nationale, de tenir des propos «méprisants et hautains envers l'industrie des services».

«Je pense que les animaux, elle s'en fout, M. le président. Il n'y a pas une sotte entreprise, il y a des entreprises qui servent tous les besoins des citoyens. (...) J'espère que les millions de Québécois qui sont propriétaires de chiens et de chats écoutent la députée.»

Hier, le même gouvernement Charest s'est entêté à justifier, «pour des raisons financières», le report aux calendes grecques du programme d'aide financière (400 000$ l'an) destiné cette fois à aider quelque 300 personnes handicapées à payer les frais annuels d'entretien de leurs chiens d'assistance.

C'est à n'y rien comprendre, puisque l'ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, avait personnellement donné en mai 2008 son feu vert à la mise en place de ce programme qui consiste à verser une aide annuelle de 1200$ aux personnes handicapées (paraplégiques, quadriplégiques, etc.) qui ont recours à un chien d'assistance.

La décision du ministre reposait sur des rapports d'experts qui, à l'unanimité, recommandent l'octroi d'une telle aide financière. Qui plus est, il a été démontré que les chiens d'assistance représentaient même un bon «placement», puisque les utilisateurs avaient moins recours aux services publics de santé et services sociaux.

Devant l'Assemblée nationale, la député péquiste et porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, Danielle Doyer, a dénoncé hier cette coupe de 400 000$ infligée aux personnes handicapées qui utilisent un chien d'assistance pour vaquer à leurs occupations quotidiennes.

«C'est une décision ridicule. C'est une économie de bouts de chandelles, un flagrant manque de vision du gouvernement libéral.»

Elle reproche à la ministre déléguée au Services sociaux, Lise Thériault, d'avoir renoncé à la promesse faite par l'ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard.

«Comment la ministre Thériault peut-elle endosser cette coupe de 400 000$ alors qu'elle a voté la semaine passée pour que le lieutenant-gouverneur du Québec conserve son budget de 800 000$ et ses médailles? C'est inconcevable. Plutôt que de financer des hôtels de luxe pour chiens comme le gouvernement Charest l'a fait l'an dernier, il devrait plutôt aider les personnes ayant besoin d'un chien d'assistance pour se déplacer. Cela serait un investissement nettement plus intelligent.»

Réplique de la ministre Thériault.

«Vous allez me permettre, à mon tour, de saluer aussi les gens qui sont dans les tribunes. Je sais qu'il y a des représentants de Mira et d'Ex aequo qui y sont. Et je pense que ce qui est important de dire ici, Mme la Présidente, c'est que les personnes qui vivent avec un handicap ont toujours été une priorité pour notre gouvernement.»

«...J'ai eu l'occasion de répondre, la semaine passée, qu'il y aurait encore d'autres études, nous avons tout simplement reporté. Et je crois qu'il est important que, lorsque nous faisons des choix ici, de s'assurer de la viabilité de tout ce qu'on met en place, et de la pérennité. Mais je veux rassurer encore une fois les personnes handicapées de l'engagement de notre gouvernement pour leur mieux-être.»

La ministre Thériault parle de faire d'autres études... pour s'assurer de la «viabilité» et de la «pérennité» d'un programme de 400 000$. Lequel programme a déjà fait l'objet de plusieurs études!

C'est tout simplement inacceptable de rire ainsi des personnes handicapées.

Cela fait plus de 10 ans que la Fondation Mira et que les organismes voués à la défense des personnes handicapées (comme Ex Aequo) multiplient les démarches dans ce dossier de chiens.