Malgré des ventes d'à peine 310 000$ et une colossale perte de 48 millions de dollars, Bellus Santé a versé en 2008 à son président, le Dr Francesco Bellini, une rémunération totale de 4 millions de dollars, soit un salaire de 2,5 millions et une attribution à base d'options d'une valeur de 1,5 million.

Selon la circulaire de la direction, cette rémunération couvre les honoraires de gestion, les frais directs et indirects, y compris les frais de déplacement et les autres menues dépenses engagés relativement aux services de gestion fournis par le Dr Bellini.

L'entreprise a finalement bouclé l'année 2008 avec un déficit accumulé au fil des ans de 366 millions. Une rémunération de 4 millions pour diriger une société dont la capitalisation boursière n'est que de 19 millions de dollars, il y a de quoi faire grimacer le plus optimiste des actionnaires.

Bellus Santé (anciennement Neurochem) a connu une année extrêmement difficile en 2008, étant incapable de susciter l'intérêt des boursicoteurs à la suite de l'échec des tests qu'avait subis son médicament vedette, Alzhemed, auprès de la FDA (Food and Drug Administration).

L'entreprise a eu beau convertir son Alzhemed en un produit naturel visant à «protéger la mémoire» sous le nom de Vivimind, cette stratégie n'a guère ranimé un soupçon d'enthousiasme envers le titre.

L'action de Bellus Santé (BLU) se négocie actuellement de peine et de misère autour de 18 cents. Il y a trois ans exactement, la même action de Bellus Santé (anciennement Neurochem) touchait 29,00$. À cette glorieuse époque, on anticipait la bénédiction de la FDA pour commercialiser l'Alzhemed comme médicament pour combattre la maladie d'Alzheimer.

Mais dans les mois qui ont suivi, le titre a commencé à connaître des ratés et en novembre 2007, le coup de grâce a été donné à la suite de l'annonce de la décision de mettre fin au programme de mise au point de l'Alzhemed.

La deuxième vie de l'Alzhemed, transformé en un produit naturel (Vivimind), n'a guère relancé le titre à la hausse. Même chose pour la création «des autres principaux produits candidats pharmaceutiques» de la société, tels l'eprodisate pour traiter l'amylose amyloïde, le NC-503 (diabète de type 11) et le prodrogue du tramiprosate (maladie d'Alzheimer).

Pour sauver sa peau et ainsi poursuivre la commercialisation de son nouveau produit naturel et la mise au point de ses médicaments, Bellus Santé a terminé en septembre dernier une nouvelle émission d'actions qui lui a permis de récolter 12 millions de dollars.

Comme cette émission d'actions a été faite à 18,5 cents pièce, cela a grandement dilué le capital-actions de Bellus Santé. La société se retrouve aujourd'hui avec 110 millions d'actions en circulation, comparativement à 49 millions auparavant.

Une précision s'impose: sur les 12 millions de dollars récoltés, les deux principaux actionnaires de Bellus Santé ont investi 8 millions, soit les deux tiers. Les deux actionnaires de contrôle sont: Vitus Investiments 111 Private Limited, une société appartenant au Dr Francesco Bellini (et des membres de sa famille), et Entreprises Victoria Square, une filiale de Corporation d'investissements en technologies Power.

C'est donc dire que les deux principaux actionnaires ont considérablement augmenté leur mainmise sur Bellus Santé.

Cette semaine, Bellus Santé a annoncé un certain changement de garde: le fils du Dr Bellini, Roberto, remplace son père à titre de PDG de la société. Le paternel Francesco conserve tout de même le poste de président du conseil d'administration et, ajoute-t-on dans le communiqué, il «offrira également des services conseils assidus» à la société.

Vu les dizaines de millions d'actions que la famille Bellini (papa Francesco, maman Marisa, les fils Roberto et Carlo) détient dans Bellus Santé, le Dr Bellini a intérêt à rester actif. Après tout, c'est lui le génie qui tente de refaire avec Bellus Santé l'immense succès qu'il a connu avec BioChem Pharma.