Sept buts en 32 lancers, c'est des buts en ta...! Devant maman, papa et des représentants de sa communauté, ce sont des buts qui font encore plus mal.

Il y a une quinzaine d'années, Mario Tremblay a commis une erreur de jugement capitale en laissant Patrick Roy se faire défoncer par les Red Wings de Detroit. Le cauchemar de Casseau a duré neuf buts.

 

J'espère seulement que Carey Price va se remettre facilement de la dégelée subie à Vancouver. Le jeune homme n'a jamais montré qu'il était très solide «en l'air», comme dirait Claude Ruel. Je pense qu'il est talentueux, qu'il a de bons réflexes et un bon sens de l'anticipation. Mais il n'a pas encore démontré dans la Ligue nationale qu'il avait la carapace pour supporter les bas et les plus bas d'une longue saison.

Personnellement (et je ne suis pas le coach, heureusement pour le Canadien), j'aurais retiré Price du jeu après la deuxième période. Le jeune homme aurait eu une quinzaine de minutes pour absorber la déception, et on aurait évité qu'il se fasse humilier derrière une équipe qui avait abandonné.

Cela dit, Price n'est pas responsable de cette défaite retentissante. Alors qu'il est l'architecte des deux premières victoires de son équipe. Qu'il connaisse une bonne première période contre les Oilers d'Edmonton et tout sera oublié...

Pendant au moins une semaine!

Le prof Jacques Martin

Jacques Martin est un ancien prof. Je pense même qu'il a enseigné au secondaire dans une ancienne vie. J'ai le même parcours de carrière. Et les deux, nous avons dû recevoir le même conseil du directeur de notre section: oublier les grands principes pédagogiques appris à l'université et établir une discipline de fer pendant le premier mois. Ce sera toujours le temps de laisser de la corde au mois de mars, quand tous les élèves sauront à quoi s'en tenir.

C'est ce que Jacques Martin vient de faire. Établir les règles en octobre. Ainsi, personne ne va danser sur les pupitres en mars.

Cela dit, il faut également poser l'autre question. Il va se passer quoi si le Canadien se fait varloper encore une couple de fois? On va les faire patiner jusqu'à minuit?

Combien de Theoren Fleury?

Ils étaient trois joueurs dans la même équipe de hockey mineur. La vie de Sheldon Kennedy a été gâchée par un salaud et un pervers coach qui a agressé sexuellement l'enfant qui jouait sous ses ordres. Voilà que Theoren Fleury, alcoolique et sujet à des problèmes de drogue et de comportement, vient de révéler qu'il était le deuxième du trio. Sa vie a été un enfer parce qu'il a passé sa vie à vouloir cacher un secret qu'il trouvait honteux. Pauvre petit, alors que le salaud et le malade était son agresseur!

Il y a de ces salauds et de ces malades partout où il y a des jeunes qu'ils peuvent séduire ou impressionner par leur position d'autorité.

Il y a deux ans, un artisan de Lance et compte m'a demandé quelques heures, le temps d'un lunch. Et la gorge serrée, il m'a raconté ce qu'il avait vécu dans son enfance. Il avait été agressé par son coach quand il était pee-wee et ce n'était qu'au prix d'efforts inouïs qu'il avait pu surmonter la blessure atroce qu'il avait subie. Il désirait que je raconte son histoire pour que des enfants soient plus avertis, pour que des parents soient plus vigilants. J'avais le personnage parfait: Mathias Ladouceur, le numéro 30 du National, fucké, alcoolique, tourmenté. Et je me suis lancé dans la recherche pour trouver une autre forme de cancer. Le cancer de l'âme.

Vous m'excuserez cette petite incursion dans l'autre partie de ma carrière. Mais Theoren Fleury aurait besoin qu'on le prenne dans nos bras et qu'on le serre bien fort. Pauvre garçon, tant de douleurs, tant de mal...

De la très grande radio...

Il y a des émissions que seule Radio-Canada peut faire. J'ai pu écouter trois des huit émissions d'une heure que la Première chaîne va présenter cet automne sur l'histoire du Canadien. C'est fabuleux. Un travail colossal du réalisateur Jacques Bouchard et de son équipe. J'étais complètement perdu dans ma petite enfance en entendant les voix de Michel Normandin et de Jean-Maurice Bailly vantant la gloire de Maurice Richard et d'Émile Bouchard. Les extraits sont extraordinaires. Des déclarations du Rocket à sa première saison, toutes empreintes d'une naïveté des années 40; des entrevues avec Butch Bouchard et Bernard Geoffrion; des passages de la Ligue du vieux poêle avec Camil Desroches et Jacques Beauchamp; des perles à donner des frissons.

Il m'a semblé que certains extraits avaient été corrigés à une vitesse un peu trop grande, ce qui fait que la voix de Maurice, ou d'Yvon Blais, ou de René Lecavalier, sonne un peu Mickey Mouse. Mais c'est un détail: «C'est possible, certains extraits étaient pratiquement inaudibles et il a fallu nettoyer les bandes. Mais les techniciens ont fait de leur mieux», a expliqué Jacques Bouchard.

Ce dernier a travaillé pendant une année complète à la préparation de la série de huit émissions.

L'émission sur les années 70 commence par la Série du siècle et le montage est fabuleux. Les souvenirs de Guy Lapointe, de Serge Savard et d'Yvan Cournoyer sont appuyés par les extraits sonores décrivant l'action «en direct» de Moscou.

Les liens sont l'oeuvre de Richard Garneau et de Claude Quenneville. Ils sont posés et enthousiastes juste ce qu'il faut.

Ça fait longtemps que je n'ai pas écouté un documentaire pour la radio de cette qualité.