On l'a dit et redit, le taux de participation aux dernières élections municipales a été désastreux. Dans l'ensemble des municipalités du Québec, seulement 45% des citoyens sont allés voter en 2005. À Montréal, ce fut encore plus désastreux, avec un taux de participation de 35%.

C'est la tâche du Directeur général des élections du Québec (DGEQ) d'intéresser la population aux enjeux électoraux et de les motiver à aller voter. Cette année, c'est par l'entremise de l'humour qu'il a choisi de communiquer. On peut s'en désoler (quoi? Encore l'humour?) ou s'y résigner. Au fond, tous les moyens sont bons si l'objectif, ô combien noble, est d'encourager les gens à exercer leur droit de vote.

 

Depuis hier, on peut donc voir sur les ondes des chaînes de télévision francophones des capsules de 15 secondes qui visent à secouer l'inertie des électeurs.

«Pourquoi irai-je voter?» demandent une femme qui boit un verre d'eau brune, un homme qui enjambe une barrière de sacs de poubelle pour sortir de chez lui, et un autre qui reçoit une bordée de neige par la figure en ouvrant sa porte. Le message est simple et efficace. S'il est vrai que les électeurs ne veulent pas entendre parler de structures et de gouvernance et qu'ils sont davantage intéressés par les services de proximité que peut leur offrir leur ville, ils ne seront pas indifférents à ces messages publicitaires qui font sourire.

Une autre campagne, sur l'internet celle-là, sera lancée demain. Le DGE s'est rendu à l'évidence, 85% des Québécois ont accès à un ordinateur et parmi eux, de plus en plus s'informent sur l'internet, en particulier les jeunes qui sont de grands utilisateurs des médias sociaux comme Facebook. On a donc opté pour une campagne virale qui utilise Youtube pour diffuser de fausses émissions d'affaires publiques, sorte d'hommage à Jean-Luc Mongrain, qui ne l'a toutefois pas trouvé drôle et exige, appuyé par le réseau TVA, le retrait de la campagne.

C'est qu'on y voit un animateur un peu démagogue et très expressif nous parler d'une ville complètement abandonnée parce que personne n'est allé voter aux dernières élections. La ressemblance avec M. Mongrain est évidente, mais ce dernier n'a aucune raison de se sentir froissé ou utilisé. La population est capable de faire la part des choses et ne pensera pas une seconde que M. Mongrain endosse un quelconque message. Le DGE ne devrait pas céder aux demandes de l'animateur-vedette.

Cette campagne publicitaire n'est pas comme les autres. Elle est cruciale, particulièrement dans les villes comme Montréal, où l'absence d'affiches électorales nous fait oublier qu'il y aura des élections dans moins d'un mois. Un taux de participation plus bas qu'en 2005 serait catastrophique. Le danger, c'est que ces messages publicitaires se limitent à faire sourire et que l'utilisation de l'humour ait un effet pervers, soit celui de ridiculiser l'exercice électoral plutôt que de le promouvoir. Il faut espérer que le Directeur des élections ne rate pas sa cible.