Qu'a fait la famille Lemaire lorsque le titre de Cascades s'est écroulé en mars dernier à la suite de la déconfiture mondiale des marchés boursiers? Les trois frères Lemaire ont chacun sorti de l'argent de leurs poches et ont soutenu en Bourse le titre de leur multinationale de l'emballage et du papier tissu.

Quel bel exemple à suivre pour les principaux actionnaires des entreprises! En agissant de la sorte, les frères Lemaire voulaient sans doute montrer aux petits actionnaires de Cascades qu'ils continuaient de garder pleinement confiance dans l'avenir de l'entreprise.

Entre nous, les frères Lemaire n'avaient vraiment pas besoin d'alourdir leurs positions dans Cascades puisqu'ils en détiennent déjà le contrôle avec leurs gros blocs respectifs d'actions, soit près de 4,7 millions d'actions pour Alain (président et chef de la direction), 11,6 millions d'actions pour Laurent (président du conseil) et 13,7 millions d'actions pour Bernard (vice-président-directeur du conseil).

En mars donc, alors que le titre se négociait à son creux historique, Alain Lemaire a acquis un bloc additionnel de 150 000 actions, à un coût moyen de 1,85$. Son frère Laurent a acheté pour sa part un bloc de 32 100 actions au prix de 2$ pièce. Et Bernard Lemaire, lui, a acheté 50 000 actions, au prix moyen de 1,85$.

Au cours des mois de mai et juin, Alain Lemaire a poursuivi ses emplettes en acquérant 22 000 actions supplémentaires, à des prix cette fois nettement plus élevés.

L'administratrice Sylvie Lemaire, elle aussi membre de l'illustre famille, a profité de la faiblesse du cours de Cascades pour acquérir un bloc de 340 000 actions au fil des 14 transactions qu'elle a réalisées en mars, avril et mai, à des prix variant de 1,79$ à 4,83$.

Aujourd'hui, l'action de Cascades se négocie autour de 7,50$, en hausse de 340% par rapport à son creux historique de 1,70$, atteint le 18 mars dernier. La capitalisation boursière de Cascades est ainsi passée de 166 millions à 730 millions de dollars.

Quelle appréciation en l'espace de seulement six mois! Cela démontre une chose: le titre de Cascades avait finalement été victime d'une trop forte dépréciation boursière par rapport à la solidité et à la véritable situation financière de l'entreprise.

Cette forte appréciation boursière démontre également que les initiés (hauts dirigeants et principaux actionnaires) savent généralement ce qu'ils font lorsqu'ils investissent de leur poche dans l'achat d'actions supplémentaires. Cela ne veut pas dire qu'ils acquièrent automatiquement des actions à prix d'aubaine... Cela veut tout simplement dire que leurs actions renferment à leurs yeux un certain potentiel de plus-value.

Pensons-y deux petites minutes: pourquoi un initié qui possède déjà un important bloc d'actions achèterait-il des actions additionnelles si le titre n'a pas de chances de grimper à moyen terme? Prenons les frères Lemaire. Au cours de l'année 2008, ils s'étaient également montrés actifs sur le marché en acquérant des lots additionnels, et ce à des prix tournant autour des 6$. C'était juste avant la déconfiture boursière de l'automne 2008...

Après un si fort redressement de 340% par rapport à son creux historique d'il y a à peine six mois, le titre de Cascades a-t-il encore un potentiel de hausse?

Des huit analystes des maisons de courtage qui suivent de près Cascades, seulement trois (Valeurs mobilières Desjardins, TD Newcrest, Scotia Capital), continuent de recommander l'achat de Cascades. Avec un prix cible allant de 8,50$ à 9$. Ce qui donne à Cascades un potentiel de plus-value de 13 à 20%.

Les cinq autres analystes (BMO Capital, RBC Capital, Financière Banque Nationale, Dundee Securities, CIBC World Market) y vont unanimement pour la recommandation neutre «À conserver».

Par rapport à sa situation financière, l'action de Cascades se négocie actuellement à escompte à comparer à l'action de ses compétiteurs.

Cascades a touché son sommet historique le 13 août 1986: 19,06$.

C'était la folle époque du Régime d'épargne actions. Un véritable Klondike... surtout pour les courtiers des maisons de courtage.