En janvier 2004, Michel a contracté une assurance vie universelle. Capital assuré: 300 000$.

La prime choisie: 1095$ par mois. Celle-ci se divise en deux parties, soit la prime prescrite de 421$ pour la couverture d'assurance et un dépôt de 674$ dans le compte d'épargne placements lié à ladite police.

Une parenthèse pour les gens qui ne connaissent pas l'assurance vie universelle: ce genre de police offre aux assurés la possibilité «d'investir» à l'abri de l'impôt une somme importante dans le dessein soit d'augmenter le capital-décès ou d'accumuler assez d'argent dans le compte de placements pour cesser un jour ses paiements mensuels tout en permettant à la prime de se payer par elle-même.

 

Tous les trois mois, Michel reçoit un relevé (de neuf pages) de la compagnie d'assurances. Lors de son dernier relevé, fin juillet, il décide de sortir sa calculette et de vérifier la performance de son compte placements.

Depuis le début de sa police d'assurance vie universelle, il a versé à la compagnie d'assurances 66 dépôts mensuels de 674$ dans son compte placements, pour une somme totale de 44 484$.

Que constate-t-il sur le relevé de juillet? Il constate que la valeur accumulée dans son compte de placements s'élève à seulement 42 856$.

Ainsi, après cinq ans et demi de dépôts assidus, Michel prend finalement conscience que non seulement son compte d'épargne d'assurance vie universelle ne lui a rien rapporté mais qu'en plus, à la fin de juillet, il est en déficit de quelque 1628$ par rapport à l'épargne investie.

Pourquoi ce déficit? Parce que ses épargnes de 674$ par mois sont investies dans quatre comptes indiciels de la compagnie d'assurances: actions canadiennes (35%), actions américaines (25%), obligations canadiennes (20%), répartition d'actif équilibré (20%). Et comme on sait, les marchés boursiers ont subi une déconfiture en 2008.

Si, en janvier 2004, Michel avait opté pour un certificat de placement de 5% au lieu des comptes indiciels que lui recommandait son courtier, il aurait aujourd'hui accumulé près de 50 000$ dans son compte placements.

Malgré la piètre performance de son compte placements, Michel n'en veut pas à son courtier d'assurances, étant bien au fait des aléas de la Bourse.

Mais après avoir inutilement englouti 44 484$ dans le compte d'épargne placements de sa police d'assurance vie universelle, Michel a décidé que c'en était assez et il a demandé à son courtier de cesser de prélever les 674$ d'épargne mensuelle.

Piqué au vif, son courtier lui a répondu par courriel:

«Je trouve dommage que vous diminuiez à ce moment-ci vos paiements car le marché est très bas et les nouvelles entrées d'argent sont propices à un bon rendement. En optant pour une vie universelle, vous avez la possibilité d'accumuler des sommes d'argent en franchise d'impôt. L'ARC (Revenu Canada) impose toutefois des règles qui prennent effet à compter de la 7e année des contrats (janvier 2011). Pour l'instant vous auriez la possibilité d'investir environ 90 000$ et tous les intérêts gagnés le seraient en franchise d'impôt. Si vous ne vous prévalez pas de cet avantage, ou d'une partie de cet avantage, il sera passablement réduit à partir de la 7e année du contrat. Malgré tout, si vous désirez aller de l'avant avec ces réductions...»

Et à la fin de son courriel, le courtier a tenu à rappeler à Michel que la valeur capitalisée de son contrat était passée de 42 856$ (fin juillet) à 43 503$, une semaine plus tard. «C'est de bon augure!» concluait-il.

C'est à ce moment que Michel a rappelé à son courtier qu'il avait investi de sa poche 44 484$ dans ledit compte de placements, soit 1000$ de plus que sa valeur au marché! Le courtier lui a rétorqué que ce n'était pas de sa faute: «C'est le marché!»

Avec cette police d'assurance vie universelle, il y a une clause de rachat qui permet à l'assuré de remettre la main sur les épargnes qu'il a versées au fil des années dans le compte placements de sa police.

Vu le piètre rendement de son compte placements, Michel a sérieusement pensé mettre à exécution la clause de rachat de sa police.

Il a toutefois changé d'idée lorsqu'il s'est aperçu que la compagnie d'assurances allait lui siphonner des frais de 18 488$ sur le capital de 42 856$ accumulé dans le compte placements. Il n'aurait récupéré que 24 368$.

On parle de frais de rachat qui s'élèvent à 43%. Méchante ponction! Lors de la première année, les frais de rachat atteignent 86% de la somme accumulée et plus de 50% lors des trois années suivantes.

Mince consolation pour Michel: les 18 488$ de frais de rachat représentent le plafond que la compagnie peut lui facturer. À compter de la septième année du contrat, les frais de rachat vont commencer à baisser, pour disparaître à la 10e année.

Si vous avez une police d'assurance vie universelle, faites comme moi, sortez votre calculette et rongez votre frein en attendant de faire un meilleur placement!