Vous vous demandez encore pourquoi Wall Street vient de traverser sa pire crise depuis la grande dépression des années 30?

Si le S&P 500 de la Bourse de New York s'est effondré de 56% lors du présent bear market, c'est parce que l'indice phare de Wall Street n'a jamais vu un si grand nombre de ses entreprises composantes subir d'aussi lourdes pertes.

Selon le magazine The Fortune, pas moins de 128 des 500 plus grandes multinationales américaines ont bouclé l'année 2008 dans le rouge, affichant ainsi de colossales pertes de quelque 520 milliards US, soit 4,2 fois plus qu'en 2007.

Du jamais vu depuis la création de Wall Street! Lors de la seule année 2008, les pertes de ces 128 entreprises ont atteint à elles seules le total des pertes accumulées lors des cinq précédentes années par les entreprises déficitaires du S&P 500. Bon an, mal an, environ une cinquantaine de multinationales inscrites à la cote de l'indice américain bouclent l'année dans le rouge.

C'est l'éclatement de la bulle américaine des subprimes hypothécaires, à partir du deuxième semestre de 2007, qui a entraîné la planète entière dans la plus grave crise financière et boursière des sept dernières décennies. L'écroulement de Wall Street a provoqué l'effondrement de toutes les grandes places boursières du monde, alors que les baisses moyennes, entre le haut et le creux du dernier cycle baissier, oscillaient autour des 55%.

Maintenant, pour vous montrer à quel point Wall Street est extrêmement tributaire de la rentabilité des multinationales de son principal indice, le S&P 500, regardons le désastreux impact que les 128 entreprises déficitaires ont eu en 2008 sur l'ensemble de la Bourse américaine.

Au cours de la seule année 2008, la Bourse américaine a vu sa capitalisation boursière (la valeur totale des actions négociées) fondre 8000 milliards US, soit de 41%.

Pour bien comprendre l'impact de ce dégonflement de 8000 milliards de la Bourse américaine sur les portefeuilles des investisseurs et des caisses de retraite, sachez que cela représente plus de la moitié du PIB des États-Unis. Autre comparaison significative: les pertes boursières de Wall Street en 2008 équivalaient à cinq fois le PIB du Canada!

Comme vous pouvez le constater, il ne semble pas, de prime abord, y avoir de commune mesure entre les réelles pertes enregistrées par les multinationales américaines et l'ampleur des pertes boursières, lesquelles sont 16 fois plus élevées (8000 milliards/500 milliards).

Convenons qu'il s'agit ici d'un épouvantable effet multiplicateur.

Comment peut-on justifier pareil effet multiplicateur des pertes? La réponse réside en partie dans l'impact psychologique dévastateur que les déficits des 128 multinationales américaines ont eu sur le moral non seulement des actionnaires de ces entreprises, mais également sur celui de tous les investisseurs.

À cela, il faut bien entendu ajouter la baisse généralisée en 2008 de la profitabilité de l'ensemble des milliers d'entreprises inscrites à la cote des Bourses américaines. Il ne faut jamais oublier que la valeur boursière des titres négociés à la cote des grandes Bourses est tributaire des bénéfices déclarés, du genre de 15 à 20 fois les bénéfices, selon le secteur dans lequel oeuvrent les entreprises.

Pas d'odeur

Il est bien connu que l'argent n'a pas d'odeur.

C'est tellement vrai que les plus grands capitalistes du monde ont fait le pied de grue devant les gouvernements pour que ces derniers les sauvent de la catastrophe. Ils les ont même acceptés comme actionnaires de contrôle dans plusieurs cas.

Mais quelle ouverture d'esprit, en échange des centaines de milliards de dollars tirés directement des coffres de l'État. C'est ainsi que le gouvernement Obama est notamment devenu le principal actionnaire des cinq pires entreprises du S&P 500, soit de AIG, Fannie Mae, Freddie Mac, General Motors et Citigroup.

 

Les pires résultats de 2008

Les pires résultats de 2008 Question de se remémorer le nom des grandes entreprises américaines qui ont largement contribué à la déconfiture boursière de 2008, voici le «top 10» des sociétés qui ont terminé l'année avec les pires résultats financiers.

1- American International Group (AIG)

Pertes de 99,3 milliards

2- Fannie Mae

Pertes de 58,7 milliards

3- Freddie Mac

Pertes de 50,1 milliards

4- General Motors

Pertes de 30,9 milliards

5- Citigroup

Pertes de 27,7 milliards

6- Merrill Lynch

Pertes de 27,6 milliards

7- ConocoPhillips

Pertes de 17,0 milliards

8- Ford Motor

Pertes de 14,7 milliards

9- Time Warner

Pertes de 13,4 milliards

10- CBS

Pertes de 11,7 milliards